LES PRINCIPES DE LA THEOLOGIE CATHOLIQUE 20

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Le problème de Jésus comme présupposé à une réponse théologique au dilemme des temps modernes

 

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Approbation de la tradition et critique de la tradition chez Jésus

 

   Le message de Jésus a reçu des réponses de nuances très diverses, sur le plan aussi de son attitude vis‑à‑vis de la tradition: au type de christianisme très attaché à la tradition représenté par Jacques. s'oppose la critique radicale de la tradition exercée par Paul ; --------------

 

  A cette esquisse un peu grossière des données sur la primitive Église correspond la diversité qui se manifeste dans les traditions concernant Jésus lui‑même. La gradation va de textes au traditionalisme explicite, comme le texte conservé par Matthieu : « Celui qui violera l'un de ces moindres préceptes... sera tenu pour le moindre dans le

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Royaume des Cieux » (Mt 5,19), jusqu'à la critique la plus marquée, comme dans la sentence que l'on trouve dans Marc et Matthieu: « Vous avez annulé la Parole de Dieu au nom de votre tradition» (Mc 7, 13; Mt 15, 6) 106.  A travers la différence des traditions on peut reconnaître l'unité de l'attitude de Jésus qui tout à la fois combat avec vigueur un traditionalisme figé dans un dogmatisme casuistique, et se situe de façon tout à fait décidée sur le terrain de la foi vétérotestamentaire, c'est‑à‑dire sur le terrain de la Loi et des Prophètes. Indépendamment du contenu, cela me semble une vue très significative sur le plan structurel: Jésus n'a pas présenté son message comme quelque chose de purement nouveau, comme la fin de tout ce qui avait précédé ; il était juif et il est resté juif, et cela veut dire qu'il a relié son message: la tradition de l'Israël croyant. Il n'a pas rejeté derrière lui l'Ancien Testament comme chose ancienne et désormais dépassée, mais il l'a vécu et a ainsi révélé sa signification : son message a été un retour créateur de la tradition jusqu'à son fondement originel. Les traditions sont critiquées pour qu'apparaisse en pleine lumière la véritable Tradition.

 

------- Jésus a vécu dans la communauté vivante d'Israël et n'a pas partagé les orientations des groupes archaïsants ‑ chez qui l'archaïsme pouvait être le véhicule aussi bien du libéralisme que du sectarisme. Dans la première tendance on a les sadducéens; on se rattache à la plus ancienne partie de la tradition pour se ménager un champ libre pour les arrangements du présent. De l'autre côté il y a Qumrân : on fossilise à tout moment la Tradition et on se renferme dans le cercle du passé. Pour les deux tendances nous avons encore aujourd'hui assez d'exemples: la plupart des progressismes vivent d'un archaïsme caché en n'accordant de crédit qu'à la primitive Église, au Nouveau Testament ou même au seul chapitre douzième de la Première lettre aux Corinthiens; les sectes vivent de l'archaïsme en quittant l'Église à tel moment du déroulement de l'histoire de la foi. On ne constate rien de tel chez Jésus. Il vit de la communauté vivante d'Israël, il se livre simultanément à ses devoirs cultuels au Temple et à sa dévotion, --------

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------- Jésus -------- a eu la prétention d'expliquer la volonté divine qui s'y trouve cachée d'une façon plus pure que ne le fait le texte scripturaire écrit. -------- en faisant cela avec la conscience d'en avoir le pouvoir, il se place lui‑même dans la tradition prophétique et veut être créateur de tradition, donner une interprétation qui devienne centre de tradition.

 

Le centre unificateur: la connaissance qu'a Jésus de sa Mission

 

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--------Jésus meurt parce que la vérité est attaquée; son obéissance est l'adhésion stable à la vérité contre la conspiration

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du mensonge. Mais en obéissant à la vérité il obéit au Père et il obéit à l'Ecriture, cette Écriture que le caractère direct de son rapport avec Dieu lui permet de lire et d'interpréter en son fond le plus intime dans une lumière nouvelle, et d'accomplir dans une réalisation toute nouvelle parce qu'il en vit profondément les paroles. Son rapport avec le fondement qui fonde l'être est un rapport d'union réelle avec la vérité fondamentale ‑ il est “filiation”: dans ce rapport avec Dieu, la Lettre se fait chair.

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon