Dieu de Jésus-Christ 12

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1. LES ANIMAUX ET LE FILS DE L'HOMME EN DANIEL 7

 

   On a aujourd'hui de bonnes raisons de faire remonter le livre de Daniel sous sa forme actuelle aux années 167 à 163 av. J.‑C., c'est‑à‑dire à l'époque où la foi d'Israël était la plus durement persécutée par le roi hellénistique Antiochus IV Epiphane. ---------- le pro-­

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phète a une nouvelle vision de l'histoire dans son ensemble.

 

Après l'Exil, Israel n'a pas connu la grandeur tant attendue. II est resté un peuple dépendant et indigent, il n'a pas reconquis son autonomie et, au lieu du nouveau temple magnifique qu'Ezéchiel avait prédit, il n'a réussi à ériger avec peine qu'un maigre succédané, qui était loin d'atteindre la magnificence du premier temple.

 

Le pèlerinage des peuples vers Israel n'y a rien changé. Au contraire, Israel lui‑même dans sa détresse commence à se disséminer parmi les nations. Le triomphe d'Alexandre le Grand et de ses successeurs a définitivement réduit à néant tout espoir d'amélioration.

 

Le scepticisme se fait jour en Israel. Qohelet n'est plus, après le combat dramatique avec Dieu que Job avait encore osé mener, que lasse résignation: tout est vain, il n'y a plus qu'à prendre de la vie ce qu'il en reste.

 

Finalement le rationalisme grec éclairé pénètre en triomphateur, remplissant un certain espace vide qui s'ouvre volontairement à cette civilisation universelle: elle apporte la légitimation de la puissance et du succès.

 

Seul celui qui s'ouvre à la liberté et aux vastes horizons spirituels de l'Hellade a encore des chances; la voie du progrès que suit l'histoire est manifeste. La circoncision, considérée comme un rite païen répugnant, disparaît.

 

On construit des gymnases qui deviennent les nouveaux centres de la civilisation humaniste. Les dieux du rationalisme grec éclairé prennent de plus en plus la place de Yahvé.

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   Dans cette situation, Antiochus IV Epiphane devient, aux yeux des rares croyants en Israel, de la ridicule minorité qui n'a pas compris le progrès, le symbole par excellence des puissances de l'histoire hostiles à Dieu.

 

Daniel le traite de petite corne (7, 8) qui tient des discours arrogants : en soi un petit roi de province ridicule, mais ce qui est révoltant, c'est que justement une telle «petite corne » puisse tourner le Dieu d'Israël en ridicule et en fouler aux pieds la foi.

 

Néanmoins, ------- : cette corne appartient au quatrième empire; l'histoire du monde est dominée à tour de rôle par quatre animaux qui surgissent de la mer. Finalement la terre est remise entre les mains de celui qui vient d'en haut et qui est comme un «Fils d'Homme».

 

Tout est dans cette opposition: les puissances qui jusqu'alors ont régné sur la terre sont des animaux venant d'en bas, de la mer, symbole de ce qui est inquiétant, dangereux et mauvais. En face d'eux se tient l'Homme ‑ et Israel avec lui; l'Homme vient d'en haut, de l'espace divin. ---------

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   L'image du Fils de l'Homme chez Daniel, ---------- est devenue l'une des conditions fondamentales de la profession de foi en la descente de Dieu incarné dans le Fils de l'Homme, Jesus‑Christ.

 

-------cette phrase signifie: face à ce qui vient d'en bas, à la puissance bestiale dont la brutalité vantarde dévaste le monde, il est l'« Homme» qui vient d'en haut.

 

--------cette image manifeste aussi sa victoire: finalement c'est bien l'homme qui est le roi des animaux et il les domptera avec l'autre puissance, cachée, celle de l'esprit et du coeur, qui lui est donnée. ------

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   Jésus Fils de Dieu est venu en tant qu'homme parmi les bêtes. ---------Et il se fait dévorer. Mais par là même il triomphe d'elles. C'est justement la défaite apparente qui est victoire: il n'y a pas que l'élément bestial. Il y a l'amour qui va jusqu'au bout (Jn 13, 1). En lui, l'homme est rénové.

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon