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------- Là où la paternité humaine disparaît, Dieu n'est plus ni exprimable ni pensable. -------- La crise de la paternité que nous vivons aujourd'hui constitue le noyau de la crise de l'humain qui nous menace. ---------. Pour être pleinement homme on a besoin du père au vrai sens du terme, tel qu'il est apparu par la foi: une responsabilité vis‑à‑vis de l'autre, sans que celle‑ci le domine, mais en le rendant à lui‑même dans sa liberté; ------- Approuver la parole de Jésus « un seul est votre Père, celui du Ciel » (Mt 23, 9) est la condition intérieure pour que des hommes puissent être pères de la bonne manière : non dans une domination sur les autres hommes, mais dans la
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responsabilité vis‑vis de la Vérité qui s'est elle‑même librement donnée à Dieu et qui peut ainsi rendre à l'autre sa liberté, sans égoïsme, pour le Dieu dans lequel il trouve son propre être.
------ Que l'homme soit « l'image de Dieu », on peut le comprendre ici dans son contenu réel, très pratique. Ce n'est pas comme abstraction qu'il est l'image de Dieu ‑ cela ne nous amènerait qu'à un Dieu abstrait. Il l'est dans sa réalité concrète et celle‑ci est relation: il l'est comme père, comme mère, comme enfant (« fils »). ------ La dissolution de la paternité et de la maternité, qu'on préférerait reléguer dans les oubliettes du passé ou que tout au moins on raccourcit à un instant biologique qui ne concerne pas l'hom-
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me en tant qu'homme, est liée à la dissolution de l'enfance, qui est censée faire place dès le debut à une égalité totale. Elle est un programme d'hybridation, qui veut du même coup extirper l'homme de son espace biologique et le met totalement en esclavage ; elle atteint les racines de l'être humain et les racines de la capacité de penser Dieu: là où il n'est plus représenté, il ne peut non plus être pensé. Là où la pensée emploie toutes ses forces à rendre sa représentation impossible, aucune «preuve de l'existence de Dieu » ne peut plus rien dire.
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-------- Les Grecs, comme on sait, ont appelé leur Zeus « père ». Mais pour eux il ne s'agissait pas là d'une parole de confiance : elle exprimait bien au contraire le caractère équivoque de Dieu, la tragique ambiguïté du monde et son caractère redoutable. Quand ils disaient «Père », cela signifiait: il est ce que sont tous les pères humains, parfois très gentil quand il est de bonne humeur, mais au fond un égoïste, un tyran, déconcertant, impénétrable et dangereux. -----
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--------- d'où savons‑nous que la paternité est une bonté sur laquelle on peut compter ? -----Cela se réalise dans le Fils, le Christ. Toute sa vie est, par la prière, plongée dans l'abîme de vérité et de bonté qui est Dieu. C'est seulement par ce Fils que nous apprenons vraiment ce qu'est un Père. --
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------- Un Jésus qui ne serait pas perpétuellement plongé dans le Père, ou qui ne serait pas dans une permanente communication intime avec lui, serait un être totalement différent du Jésus de la Bible et du véritable Jésus de l'histoire. Sa vie part du noyau de la prière, c'est à partir d'elle qu'il a compris Dieu, le monde et les hommes. Contempler le monde avec le regard de Dieu et en vivre c'est cela, marcher à la suite de Jésus. C'est à partir de Jésus que l'on peut voir ce que c'est que de vivre totalement de cette assertion: Dieu existe. ----
------ il appartient au Père de dire « Fils » comme il appartient à Jésus de dire « Père ». Sans cette invocation, lui non plus ne serait pas lui‑même.