Bysance 32

Darras tome 18 p. 539


§ IV.  VIIIe concile oecuménique.  IVe de Constantinople.

 

34.  On a vu par le récit du Liber Ponlificalis que les ambassadeurs de l’empereur Basile, expédiés aussitôt après l'expulsion de Photius, n'arrivèrent à Rome qu'après la mort de saint Nicolas-le-Grand et l’avènement de son successeur (866). La nouvelle qu'ils venaient apprendre avait une immense portée. Elle fut accueillie avec des transports de joie par le nouveau pape, qui se hâta de faire partir pour Constantinople trois légats : Douât, évêque d'Ostie; Etienne, évêque, de Népi, et l'un des sept diacres de l'Eglise romaine, nommé Marinus. Ils étaient chargés de lettres pour l'empereur et pour le saint patriarche Ignace. «C'est avec une joie bien sincère et bien vive que l'Occident tout entier a appris l'expulsion de Photius, cet acte de votre justice impartiale, disait le pape à Basile. Quant aux mesures concernant les autres schismatiqucs, nous en remettons la connaissance à nos légats qui s'entendront avec notre vénérable frère le patriarche Ignace. Nous sommes très-disposés à user d'in­dulgence envers eux, excepté envers Photius, dont l'ordination doit être absolument rejetée. Nous approuvons la tenue d'un concile

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œcuménique que nos légats présideront, pour juger définitivement les coupables, condamner solennellement les actes du faux concile de 866, attentatoires à la dignité du siège apostolique, et souscrire les décrets du concile de Rome contre Photius. »

 

35. Le VIIIe concile œcuménique s'ouvrit à Constantinople le 5 octobre 869. Le temple consacré par le grand Constantin à la Sagesse éternelle, et rétabli par Justinien avec une splendeur qui l'a fait comparer à celui de Salomon, fut l'asile auguste où la primauté romaine au centre même de la Grèce, trouva sa défense et son plus glorieux triomphe. Au jour marqué, les pères du concile, au nom­bre de cent neuf, prirent leurs places sur des sièges disposés en hémicycle. La portion de la vraie croix, conservée à Constantino­ple, fut exposée sur le livre des Évangiles au milieu de l'assemblée. Les trois légats du souverain pontife occupaient les places d'hon­neur. Ils avaient à leurs côtés, Ignace, le courageux patriarche de Constantinople, dont la joie de ce grand jour payait les persécutions et les supplices; les légats du patriarche d'Antioche et de Jérusa­lem venaient ensuite. Un siège fut laissé vacant pour le légat d'A­lexandrie qui n'était pas encore arrivé. On introduisit alors les évêques qui avaient souffert l'exil et les tortures, sous le règne de Michel III, pour la cause de l'unité catholique. Quand ces vénéra­bles vieillards, couverts d'honorables cicatrices, parurent dans la basilique de Sainte-Sophie, l'auguste assemblée se leva tout entière pour rendre hommage aux matières de la foi. Les légats romains s'écrièrent : « Qu'ils viennent, ces incomparables évêques, dont nous envions le sort ! Qu'ils viennent siéger à leurs rangs ! Ils en sont dignes entre tous ! » Une immense acclamation accueillit ce glorieux témoignage rendu aux saints confesseurs. Ils étaient au nombre de douze, cinq archevêques : Xicéphore d'Amasée, Jean de Silée, Nicétas d'Athènes, Métrophane de Smyrne, Michel de Rho­des; sept évêques : Georges d'Iliopolis, Pierre de Troade, Nicétas de Céphaludium en Sicile, Anastase de Magnésie, Nicéphore de Crotone, Antoine d'Halys et Michel de Corcyre. L'accession de ces nobles confesseurs portait à dix-huit seulement le nombre des pères qui inaugurèrent cette première session du concile. Les six autres

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étaient, comme nous l'avons dit, les trois légats apostoliques, le patriarche byzantin Ignace, les deux représentants des patriarcats orientaux, Thomas archevêque de Tyr, délégué par le siège d'Antioche alors vacant, et le prêtre-syncelle Elie fondé de pouvoirs de Théodose, patriarche de Jérusalem. « Les très-pieux, grands et augustes empereurs amis du Christ, Basile et Constantin1, disent les actes, s'étaient fait représenter pour assister en leur nom et en­tendre les débats (prœsentibus et audientibus) par douze patriciens, les prévôts Bahanès et Théodore, les proconsuls Hémérius, Théo­phile et Léon, le logothète Jean, le capitaine des excubiti Léon, l'éparque Paul, les patrices Théophylacte, Pétronax, Manuel, et le protospathaire Orestes. Quand tous eurent pris place, le patrice Bahanès informa l'assemblée qu'il était porteur d'une lettre impé­riale adressée au concile et demanda aux pères s'il leur convenait d'en ordonner la lecture. Sur la réponse affirmative, un  secrétaire lut le message officiel ; c'était une exhortation à travailler avec zèle et charité à l'extinction du schisme, au rétablissement de la communion avec le siège apostolique et à la définition des points de dogme et de discipline qui pourraient être l'objet de quelque controverse. —Le discours impérial fut accueilli avec une appro­bation unanime. — Le très-glorieux prévôt Bahanès, se levant alors, dit aux trois légats apostoliques : Les évêques orientaux et le sénat de Constantinople nous ont chargés de requérir près de vous les instructions et les pouvoirs dont vous devez être porteurs et qui vous accréditent au nom du très-saint pape de Rome. A ces mots, les trois légats du saint-siége protestèrent simultanément : Il n'y a pas d'exemple, dirent-ils, qu'aucun des précédents conciles œcuméniques ait élevé une prétention de ce genre. Les légats du saint-siége ne relèvent d'aucune autre autorité que de celle du pape et nul n'a sur eux droit d'examen ou de contrôle. — Nous n'avons nullement l'intention, répondit Bahanès, de porter le moindre pré­judice à l'honneur du siège apostolique. Mais vous n'ignorez pas

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1 Constantin, fils aîné de Basile, avait été depuis deux ans associé par son père à l'empire. Ce jeune prince qui donnait alors les plus belles espérances ne devait pas régner. Il mourut à la fleur de l'âge en 885.

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que vos prédécesseurs, les légats Radoald et Zacharias, ont naguère agi dans un sens absolument contraire à leurs instructions. Tel est le motif qui nous a déterminés à faire cette requête. — S'il en est ainsi, dirent les légats, nous sommes heureux de pouvoir dissiper toutes vos inquiétudes et vous donner l'assurance que nos actes se renfermeront strictement dans les limites de notre mandat, voici les lettres que le souverain pontife nous a remises pour l'empereur et pour le patriarche. Nous allons, si vous le désirez, en donner lecture. Le diacre légat Marinus lut dans leur texte latin ces deux documents, qui furent immédiatement, et phrase en phrase, réci­tés en grec par le vénérable clerc et interprète impérial Damien. Après quoi le patriarche Ignace et les évêques orientaux dirent : Béni soit le seigneur qui vient par l'organe de votre sainteté guérir nos plaies et réparer nos désastres. — On prit ensuite communica­tion des pouvoirs conférés par le patriarcat d'Antioche sede va­cante à l'archevêque de Tyr, le vénérable Thomas, et par le pa­triarche de Jérusalem au prêtre Elie. La lettre de délégation dont ce dernier était porteur, contenait des détails intéressants sur la situation des chrétientés de Palestine soumises au joug des musul­mans. L'émir gouverneur de Syrie pour le calife Motaz 1, se mon­trait plein de bienveillance pour les évêques. «Ce qui nous a em­pêché de correspondre plutôt avec vous pour vous féliciter de votre heureux rétablissement, disait le patriarche de Jérusalem à saint Ignace, c'est la crainte d'éveiller la défiance de ceux qui nous gouvernent. Il nous témoignent beaucoup de bienveillance, nous laissent toute liberté de bâtir des églises et d'observer nos usages sans nous faire de violences ni d'injustices. C'est avec le consente­ment de l'émir que le vénérable métropolitain Thomas et notre syncelle le prêtre Élie se rendent près de vous. Il nous a été permis de leur confier des lettres. Seulement leur mission a pour prétexte apparent d'aller réclamer à Constantinople la délivrance de quel­ques captifs sarrasins. Nous vous prions donc d'intercéder près de

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1 Voici quelle avait été la succession des califes d'Orient depuis Al-Mamoun mort en Si2 : Motassem (S12-S17), Valek-Billah (S47-36J), Mothava-Iv-I (S'il,, Mostansev (SOS), Mostaïu-Billah (S62-S08), Motaz (S6ft-Sc>y).

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l'empereur notre maître, afin qu'il consente à la rançon du plus grand nombre possible de prisonniers de guerre. Autrement notre crédit serait perdu près de l'émir et peut-être aurions-nous à subir une réaction terrible. Nous vous envoyons la tunique, le surhuméral et la cidaris portés jadis par le très-bienheureux apôtre saint Jacques, frère du Seigneur, et premier évêque de cette ville sacrée de Jérusalem 1. » 36. Après la lecture de cette touchante épître, le diacre et nota-  

rius patriarcal Etienne, sur la requête des légats apostoliques, lut le texte grec du formulaire de loi que, d'après les ordres d'Adrien II, devaient souscrire tous ceux des évêques orientaux qui avaient trempé dans le schisme de Photius. Le texte latin original fut éga­lement lu par l'interprète impérial Damien. Le document était conçu en ces termes : « Le principe du salut consiste à garder invio­lable la règle de la foi, et à observer fidèlement la tradition des pères. L'une dirige nos croyances, l'autre nos actions. En premier lieu, il faut rappeler la parole de Notre-Seigneur : « Tu es Pierre, et sur cette Pierre je bâtirai mon Église 2. » L'histoire a constaté la réalisation de cette promesse divine. Le siège apostolique, en effet, a toujours conservé sans tache et immaculée la religion sainte et la doc­trine pure du catholicisme. Sincèrement attachés à sa foi et à sa doctrine, telles que les pères et spécialement les saints pontifes de Rome, les ont toujours enseignées, nous conformant en tout aux constitutions du siège apostolique, nous anathématisons en général toutes les hérésies, et on particulier celles des iconomaques. Nous anathématisons nominativement Photius, qui, foulant aux pieds les règles canoniques et vénérables décrets des saints pontifes de Rome, s'est emparé, lui, soldat engagé dans la milice du siècle, de l'admi­nistration patriarcale, du vivant du pontife légitime notre patriarche Ignace ; s'est fait sacrer par des évêques notoirement schismatiques, anathematisés et déposés. Nous l'anathématisons lui et son pseudo­synode jusqu'à ce que, soumis enfin à l'autorité du siège aposto-

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1 Act. Siiuod. VIIIGeueraihi, Pntr, lui., tom. GXXIX, col. 27-3'. • Mnllit., xvi, 18.

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lique, il rétracte ses erreurs et en fasse pénitence. Nous recevons le concile célébré à Rome par le pape Nicolas de bienheureuse mé­moire, et celui que vous, seigneur pape Adrien, souverain et angélique pontife, avez tenu vous-même en confirmation du premier. Nous recevons ceux que ses conciles ont reçus, nous condamnons ceux qu'ils ont condamnés, tels que Photius et Grégoire de Syra­cuse avec tous leurs adhérents, fauteurs et complices. Nous anathématisons à jamais les trois conciliabules tenus sous l'empereur Michel III contre le patriarche Ignace et contre le saint-siége; nous anathématisons tous ceux qui voudraient maintenir la validité de leurs actes ou seulement en conserver le texte. Nous demeurons attachés du fond du cœur à toutes les décisions portées par le saint siège en faveur de notre patriarche Ignace, voulant conserver tou­jours la communion du siége apostolique, centre et fondement de la foi chrétienne. Nous promettons de ne point réciter dans la célébration des saints mystères les noms de ceux qui en sont sépa­rés. » La formule de souscription à apposer au formulaire était ainsi conçue: «Moi, évêque de... j'ai transcrit de ma main cette profession de foi, et vous l'ai présentée à vous, très-bienheureux Adrien, souverain pontife et pape universel, représenté par vos légats Donatus, Etienne et Marinus. » Afin de prévenir toutes les supercheries familières au génie grec, chaque souscription épiscopale devait être certifiée par deux témoins en ces termes : « Moi, notaire impérial, témoin appelé par l'évèque de... j'ai signé la pré­sente souscription apposée par lui à la profession de foi qu'il pré­sente au très-bienheureux Adrien, souverain pontife et pape uni­versel. » Ces précautions ne parurent point déplaire aux évêques orientaux. Ils connaissaient tout ce dont étaient capables la perfidie et la mauvaise foi byzantines. On adopta sans réclamation aucune la formule de foi. Elle était en substance identique à celle qu'en 519 le pape Hormisdas avait envoyée à la signature du patriarche Jean, et qu'en 535 l'empereur Justinien avait transmise au pape Agapit. Les noms des hérésies et des personnes seulement différaient. On lut ensuite une déclaration rédigée quelques semaines auparavant par les deux délégués des patriarcats d'Orient, Thomas et Élie. Ces

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deux personnages, ne sachant s'ils pourraient prolonger leur séjour à Constantinople jusqu'à l'arrivée des légats apostoliques et à l'ou­verture du concile, avaient voulu laisser un témoignage écrit de leurs sentiments et de ceux de leurs églises. Cette pièce se termi­nait par ces mots: «Nous déclarons qu'on doit obéir ainsi que nous le faisons nous-mêmes aux décrets du saint pape Nicolas. Le pa­triarche Ignace restera en possession paisible de son siège ; les évêques, prêtres et clercs déposés pour n'avoir pas voulu communiquer avec Photius seront rétablis dans leurs dignités et dans leurs fonc­tions. Ceux qui ont eu la faiblesse de se laisser entraîner dans le parti du schisme pourront, suivant que l'a jugé le souverain pontife Nicolas, être réhabilités et admis à la communion, s'ils abjurent leurs erreurs et donnent les satisfactions qui seront exigées. Nous anathématisons Photius et Grégoire de Syracuse avec tous leurs adhérents. Nous anathématisons quiconque ne se soumettrait pas à la sentence portée par le pape Nicolas. «Des déclarations réitérées d'adhésion à tous les actes de saint Nicolas le Grand nous font comprendre que l'Orient avait partagé avec l'Occident l'émotion causée dans tout le monde chrétien par les rumeurs calomnieuses qui avaient un instant prêté au pape Adrien l'intention d'annuler et de casser les décrets de son illustre prédécesseur. La déclaration des deux délégués orientaux fut donc accueillie par des applaudis­sements unanimes. Quand le silence fut rétabli, le patrice Bahanès reprit la parole, et s'adressant aux légats: Je vous supplie, leur dit-il, de lever un dernier scrupule qui nous reste encore. Nous sommes prêt à acquiescer au jugement du siège apostolique ; mais ce jugement lui-même nous paraît, au point de vue canonique, manquer d'une formalité essentielle. Photius a été condamné, le fait est certain et le jugement est juste. Mais comment a-t-on pu le condamner canoniquement sans l'avoir entendu1

 

36.L'objection était spécieuse ; les légats répondirent : « Personnellemcnt Photius n'a point comparu à Rome; il était d'ailleurs bien loin de vouloir s'v rendre; et s'il eût fallu attendre sa pré- ------------------- 

1.Ad. Synod. VIII, General., Pair, lut.,  tom. CXXIX, col. 30-11.

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sence, le pape Nicolas fût mort sans avoir pu prononcer la sentence. Mais si Photius ne comparut point en personne, il était représenté par ses lettres et par ses apocrisiaires. — De quels apocrisiaires voulez-vous parler? demandèrent les patrices. » — Cette nouvelle interrogation fournit aux légats l'occasion d'exposer en détail les faits rétrospectifs de la cause. Ils le firent en ces termes: « Il vous souvient qu'Arsavir fut d'abord député à Rome par l'empereur Michel avec quatre évêques dont les noms nous échappent. Ils étaient porteurs d'une lettre où ce prince exprimait ses inquiétudes à propos d'une prétendue réaction iconoclaste dont le patriarche Ignace aurait été le chef. Il ajoutait qu'en punition de cette apos­tasie, Ignace avait été déposé de son siège, banni de Constanti-                                    nople et remplacé par un pontife orthodoxe, Photius, dont il faisait le plus grand éloge. En conséquence, il priait le pape Nicolas d'en­voyer ici des légats apostoliques chargés de confirmer la déposition d'Ignace et l'élection de Photius. Le souverain pontife chargea en effet les évêques Radoald et Zacharias de venir en cette impériale cité procéder avec le titre de légats apostoliques à l'enquête qu'on lui demandait. Mais il circonscrivit leurs pouvoirs dans les limites les plus étroites : leur mission devait se borner uniquement à se renseigner très-exactement sur les faits qui venaient de s'accom­plir, à en recuillir toutes les circonstances et à en rendre compte au pape, afin que celui-ci pût en parfaite connaissance de cause pro­noncer entre le pape légitime et l'usurpateur intrus. Il leur était expressément défendu de porter eux-mêmes aucun jugement, de prendre ni de ratifier aucune décision. Vous savez tous, et l'univers en a retenti, l'horrible infidélité des légats. Ils déshonorèrent à la fois leur caractère et leur mission ; ils pré­sidèrent non  pas un  synode,   mais un conciliabule sacrilège: ils se prêtèrent lâchement aux caprices d'un prince aveugle, injuste, emporté, ils ratifièrent tout ce qu'il plut à la tyrannie du César Michel et à l'ambition de Photius de leur dicter. Ils revinrent à Rome, escortés du secrétaire impérial Léon chargé de remettre au grand pape Nicolas des lettres que l'empereur d'une part et Photius de l'autre adressaient au siège apostolique. A ces lettres étaient

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CllAt.  M.— VIU" tOSflUi lïOl'NÉSlfJL'E.   lV  r>E  Co.lbTAN'moru:.   '.Vit

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joints les actes du conciliabule sacrilège. Les infidèles légats espé­raient surprendre la religion de l'illustre pontife. Ils lui firent un compte rendu plein de réticences et de mensonges. Mais on ne trompe pas longtemps la vigilance du siège apostolique. Le pape Nicolas trouva la vérité dans les actes mensongers du pseudo-synode lui-même. Un concile fut assemblé immédiatement à Rome, les légats furent déposés, le pseudo-synode de Constantinople fut anathématisé, et par là même Photius, quoique personnellement absent, fut condamné dans la forme prescrite par les canons sur production d'actes, d'écrits et de témoignages d'une incontestable authenticité. Cette réponse des légats satisfit pleinement les com­missaires impériaux. Néanmoins, et comme pour épuiser jusqu'à la dernière toutes les subtilités du formalisme byzantin, Bananes s'adressant aux deux délégués d'Antioche et de Jérusalem, leur dit: La conduite du pape Nicolas à Rome fut ce qu’elle devait être. Mais vous qui êtes restés de longs mois à Constantinople en atten­dant l'arrivée des légats apostoliques, vous avez eu tout le temps et toutes les occasions possibles de rencontrer Photius et de vous mettre en rapport avec lui. Pourquoi donc l'avez vous con­damné sans l'entendre? » — L'archevêque de Tyr  et le prêtre Elie répondirent que les canons défendent de communiquer avec un excommunié. Or, Photius, intrus, usurpateur, trois fois anathématisé par le siège apostolique, était pour eux un homme que, selon le précepte de l'Apôtre, ils ne devaient pas même saluer. Ils ajoutè­rent qu'au pape seul appartient le pouvoir de juger entre Ignace et Photius; que le pape avait prononcé et qu'à eux il ne restait plus qu'à obéir, ce qu'ils avaient fait et ce qu'avec la grâce de Dieu ils feraient jusqu'à la mort. Après cette réponse, la première session fut close par les acclamations suivantes : Longues années aux em­pereurs augustes, chers au Christ, orthodoxes, ennemis du men­songe, pacifiques amis de la vérité et de la justice ! Longues années à l'auguste et très-pieuse impératrice Eudoxia ! Au très-bienheureux Nicolas, pape de Rome, éternelle mémoire ! Au pontife orthodoxe de Rome, Adrien, longues années ! Au patriarche orthodoxe de Constantinople Ignace, longues années! A tous les patriarches

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p548      l'OM'iFiCAT u'adiue.n ii (bU /-87:2).

 

orthodoxes de l'Orient, au sénat orthodoxe, longues années ! Au saint et œcuménique concile mémoire éternelle 1 ! »

 

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