Darras4-23

LE VAINCEUR DE L’EDEN EST DÉCHU.

§ 111. Jeûne et Tentation.

 

  9. «Jésus, plein de l'Esprit-Saint, s'éloigna du fleuve, et aussitôt l'Esprit l'entraîna au désert, afin qu'il y fût tenté par le diable. Il resta quarante jours et quarante nuits dans la solitude, sans

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1. Joseph., Antiq. jud., lib. XVIII, cap. vu. — 2. Zohar. Sur la Genèse, (io\. 70. — 3 Koran. — 4. Rossignol, Lettres sur Jésus-Crist, tom. 11, pay. 96, 97.

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prendre aucune nourriture, et après ce long jeune, il eut faim. Le tentateur, s'approchant, lui dit: Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. — Jésus lui répondit: Il est écrit: L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu 1. — Alors le diable le transporta dans la Cité sainte, et, l'élevant sur le sommet du Temple, lui dit: Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit: Jéhovah a ordonné à ses Anges de te soutenir de leurs mains, de peur que ton pied ne heurte à la pierre 2. — Jésus lui répondit: Il est également écrit: Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu 3. Alors le diable le transporta sur la cime d'une montagne fort élevée, et lui montra, d'un seul coup d'œil 4, tous les royaumes du monde, avec leur magnificence: Je te donnerai tout cela, lui dit-il, je t'investirai de la puissance universelle, avec toute sa gloire; car elles ont été remises entre mes mains et je les dispense à qui je veux. Mais tombe à genoux, et adore-moi. — Alors, Jésus lui dit: Retire-toi, Satan; car il est écrit: Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu ne serviras que lui seul 5. — En cet instant le diable le quitta, et les Anges, s'approchant de Jésus, le servaient6.»

  10. Un dialogue avec Satan ouvre l'histoire de l'humanité déchue; un dialogue avec Satan ouvre l'histoire de l'humanité rachetée. En sortant des eaux baptismales, auxquelles Jésus venait de communiquer la grâce régénératrice, l'Homme-Dieu trouve, au désert, la vivante image de la malédiction qui frappa le premier homme, après qu'il eut abandonné les sources d'eau vive de la vérité et de l'innocence. Aux premiers jours de la création, Adam promenait sa royauté souveraine sous les délicieux ombrages de l'Éden, au milieu d'une nature obéissante, et empressée à satisfaire ses moindres désirs. Au désert de la Quarantaine, que tous les pèlerins vont visiter, non loin de Jéricho, dans l'escarpement de ces rochers arides, Jésus ne rencontre que bêtes sauvages, fuyant l'approche de l'homme. L'orgueil et la concupiscence avaient séduit

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1. Deuter., viii, 3. — 2. Psalm. xcx, H. — 3. Deuter., vi, 16. — * 4. momento temporis (Luc, iv, 5). — 5. Deuter., VI, 13; X, 20. — 6 Matth., IV, 1-12; Marc, I, 12, 13; Luc, IV, 1-13.

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le premier homme: l'acte essentiel de l'humilité, la prière; la protestation la plus solennelle contre toutes les concupiscences, le jeûne, seront les deux grandes lois de la réhabilitation. Quarante jours de retraite, sur le mont Sinaï, avaient préparé Moïse à sa mission de législateur. Quarante années de privations et de souffrances, au désert, avaient préludé, pour la nation sainte, à la conquête de la Terre Promise. Quarante jours de solitude, sur le mont Horeb, avaient complété la sanctification du prophète Élie. Ninive, à la voix de Jonas, avait eu ses quarante jours de pénitence et de jeûne, sous la cendre et le cilice. Le rationalisme moderne rejette tous ces enseignements de mortification corporelle. Comment ne voit-il pas que les hommes n'inventent pas de telles choses? Quand un lettré cherche à se retracer l'idéal d'un fondateur de religion, il ne manque pas de nous le peindre sous les traits «d'un jeune maître se plaisant aux noces, aux festins des riches, aux ovations populaires, dans une fête perpétuelle 1.» Mahomet ne procéda pas autrement. Mais instituer le jeûne, et commencer par le pratiquer; instituer le baptême et commencer par le recevoir; ce sont là les actes d'un esprit sacerdotal, dont le rationalisme déplore la mesquinerie. Et pourtant, tels sont les deux premiers actes de la vie publique de Jésus-Christ, comme ils doivent être, jusqu'à la consommation des siècles, ceux de toute vie humaine régénérée. Le sensualisme a perdu l'humanité au berceau; le renoncement peut seul la réhabiliter. Aux appétits des jouissances matérielles, à la convoitise de la chair, sources de toutes les tyrannies sociales, de toutes les révoltes, de toutes les agitations du monde, le Sauveur apporte un remède divin, mais qui n'aura d'effet qu'à la condition d'être individuel, et appliqué à chaque homme en particulier, pour sa propre restauration. La mortification deviendra l'unique moyen de salut, pour chacun des fils d'Adam rachetés par Jésus-Christ. Encore une fois, un tel programme dépasse les conceptions de tous les législateurs, de tous les philosophes, de tous les génies humains. Son apparente simplicité suppose réellement une force divine. Réformer le monde, en respectant le libre arbitre de l'homme et les

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1. Vie de Jesus^ pag. 188, 19C.

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lois fondamentales des sociétés humaines, c'est une œuvre à jamais impossible à toutes les théories des sages. Un Dieu seul pouvait faire chérir la privation, embrasser la souffrance, et dire à la chair qui a faim et soif: Tu seras heureuse de jeûner, de te meurtrir, de te macérer! Aveugle qui ne voit pas que la loi du renoncement, à l'époque où elle se produisit, en la personne sacrée du Sauveur, sur la montagne de la sainte Quarantaine, était un miracle divin! Les roses dont Horace couronnait son front, dans des festins voluptueux, étaient ramassées par Ovide et Tibulle. Rome était le pandémonium de toutes les brutalités et de toutes les corruptions de la chair. Gigantesque Gula (pour emprunter à sa langue un mot que le Christianisme a tué), elle s'ouvrait béante, engloutissant mille vies, au bénéfice d'une seule, à chaque coup de dent! Ce qui n'empêchait pas les philosophes, comme Sénèque, d'écrire avec une plume d'or, de magnifiques sentences sur la devise stoïcienne: Sustine et obstine 1. Rhéteurs! quelle est donc la portée d'une période quelconque, pour la réformation du genre humain? Les discours y sont impuissants, les préceptes stériles, les phrases superflues. Il y faut la puissance créatrice, joignant l'exemple au précepte. Voilà pourquoi Jésus-Christ, le Verbe incarné jeûna quarante jours et quarante nuits au désert; et voilà pourquoi le monde chrétien, depuis deux mille ans, a faim et soif de mortifications, de jeûnes et d'austérités, à tel point que, malgré vos sophismes, malgré vos excitations à la volupté, au bien-être matériel, aux jouissances du sensualisme, jamais plus les débauches de la Rome païenne ne se reverront sur notre terre.

  11. Les convoitises de la nature dégradée ont été vaincues par le jeûne de Jésus-Christ au désert. Quiconque voudra, au nom du Sauveur, en faire l'essai sur soi-même, l'éprouvera; et c'est précisément cette expérience, courageusement entreprise et persévéramment soutenue, qui a si richemeut doté notre monde d'une légion d'hommes nouveaux, restés inconnus dans toute l'antiquité profane, et qu'on appelle les Saints. Mais ce germe profond de la concupiscence, déposé dans notre cœur avec la vie, cette arme dont nous

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1. Souffre et abstiens-toi.

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nous blessons nous-mêmes, sa poignée est aux mains d'un ennemi. Depuis le jour où Satan trompa la crédulité de la femme, et, par elle, l'aveugle confiance de notre premier père, il n'a cessé et ne cessera jamais d'étendre son empire sur les malheureux enfants d'Eve. Il est curieux d'étudier les efforts du rationalisme actuel, pour réhabiliter Satan. On croirait entendre plaider une cause de famille. «De tous les êtres autrefois maudits, que la tolérance de notre siècle a relevés de leur anathème, disent-ils, Satan est sans contredit celui qui a le plus gagné au progrès des lumières de l’universelle civilisation. Il s'est adouci peu à peu, dans son long voyage, depuis sa perte jusqu'à nous; il a dépouillé toute sa méchanceté d'Ahrimane. Le moyen âge, qui n'entendait rien à la tolérance, le fit, à plaisir, laid, méchant, torturé, et, pour comble de disgrâce, ridicule. Milton comprit enfin ce pauvre calomnié, et commença la métamorphose que la haute impartialité de notre temps devait achever. Un siècle aussi fécond en réhabilitations de toutes sortes ne pouvait manquer de raisons pour excuser un révolutionnaire malheureux, que le besoin d'action jeta dans des entreprises hasardées. On pourrait faire valoir, pour atténuer sa faute, une foule de motifs contre lesquels nous n'aurions pas le droit d'être sévères 1.» Des circonstances atténuantes, en faveur de Satan, sauveront-elles le monde de son empire? Sa voix, même adoucie par l'éloquence des sophistes, aura-t-elle moins de retentissement dans les consciences humaines? Le «pauvre calomnié, » qui se fit adorer dans l'univers pendant quarante siècles, qui se fit sacrifier des victimes humaines par milliers, qui dévora l'innocence, la pudeur, la vertu des générations, sans dire jamais: C'est assez! ce révolutionnaire malheureux, qui s'est fait le père de toutes les révolutions, l'instigateur de toutes les révoltes, le conseiller de tous les crimes, l'artisan de toutes les erreurs, de toutes les séductions, de tous les mensonges, croyez-vous qu'il soit bien loin de vous? Faites silence, et écoutez le cri des passions, le murmure de l'orgueil qui bruit sourdement à l'oreille du cœur, le rugissement

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1. E. Renan, Études d'Histoire Religieuse, IVe tan., pag. 427, 428.

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de la volupté, le râle de l'avarice. C'est l'appel de Satan, au fond des âmes, hier, aujourd'hui, demain, sous tous les cieux, à toutes les latitudes, sur chaque point de l'espace et du temps. L'entreprise de sa réhabilitation, si elle pouvait aboutir, équivaudrait à l'anéantissement de la vertu dans l'humanité. Heureusement une telle œuvre dépasse la puissance, non pas seulement de la littérature légère, mais des plus robustes génies. Le Fils de Dieu a vaincu Satan. Il est remarquable, en effet, que, depuis l'Évangile, le démon a autant d'ennemis qu'il avait d'adorateurs dans l'antiquité païenne. Satan ne pourrait plus aujourd'hui offrir à personne, ainsi qu'il le proposait au Sauveur, la domination universelle du monde, tant la lutte qu'il osa soutenir contre le Verbe incarné a affaibli ses infernales énergies !

  12. Et pourtant il déploya, dans ce duel, toutes les ressources qui avaient si facilement triomphé au Paradis Terrestre. «Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à ces pierres de devenir des pains.» Le nom de Fils de Dieu, recueilli de la bouche de Jean, et proclamé par une voix céleste, sur les eaux du Jourdain, troublait la sécurité de Satan. Rome était à lui; il la gouvernait sous le nom de Tibère, et un tel maître, donné de sa main au monde, lui garantissait l'empire universel. Mais voilà qu'aux bords d'un petit fleuve de Judée on annonce l'avènement du Fils de Dieu, c'est-à-dire la déchéance de Satan. Hérode avait cru pourvoir à la stabilité de son trône, menacé par la naissance du véritable roi des Juifs, en faisant massacrer les enfants de Bethléem. Satan ne peut rien contre la vie du Fils de Dieu; mais il va se mesurer avec lui, et éprouver si réellement le mystère de miséricorde dont il avait entendu la proclamation, au seuil de l'Eden, s'est accompli en la personne du Fils de Marie. Rien ne prouve mieux la complète union du Verbe incarné avec la nature humaine, que la faculté laissée au séducteur de tenter une pareille épreuve. Ici encore, nous en appelons à la conscience de chaque lecteur; si les Évangélistes avaient écrit une légende, jamais ils n'eussent imaginé, pour faire croire à la divinité de Jésus, de le montrer, même un instant, soumis à ce pouvoir infernal, qui le poursuit au désert, le transporte à son gré sur

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le faîte du Temple, ou sur la cîme d’une montagne. Mais ce que les hommes n'eussent point inventé nous apparaît, à la lumière de l'Évangile, comme une partie essentielle de l’œuvre de notre délivrance. «La forme d'esclave,» que Jésus-Christ a daigné revêtir, devient pour nous un gage de liberté. Le tyran superbe, le dominateur terrible, qui enlaçait le monde dans les chaînes du péché va voir poser sur sa tête le pied vainqueur qui renversera son empire. A l'homme qui a faim, après quarante jours de jeûne au désert, Satan offre une des pierres du rocher: «Dis un mot, et cette pierre sera un pain savoureux.» Chaque jour la puissance créatrice opère, par les lois naturelles de la végétation, une transformation analogue. Le calcaire, broyé, fournit au grain de blé une couche où il fermente et pousse une tige, avec laquelle il puise la sève dans le sol; la plante grandit, aspire l'air par ses feuilles, reçoit les influences de la rosée et du soleil; l'épi se développe, murit, tombe sous la faucille, et devient le pain qui nourrit l'homme. Le Fils de Dieu, a certes le pouvoir d’abréger le temps, et de suppléer à la lente élaboration de la nature. D'un mot, en effet, il pouvait changer en pain la pierre de la montagne, de même qu'il transsubstantiera le pain eucharistique en sa propre chair. Mais Jésus-Christ apporte au monde une autre nourriture que le pain matériel. C'est avec la parole de Dieu qu'il nourrira, jusqu'à la consommation des temps, les multitudes affamées de vérité et de vie spirituelle. «Il est écrit, répond Jésus: L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.» Voilà l’aliment nouveau que le Sauveur vient distribuer à la terre. Depuis l'époque où Moïse avait gravé cette sentence dans sa loi, elle était restée comme une pierre d'attente pour l'avenir. Les Juifs, avides de jouissances et de richesses matérielles, ne l'avaient ni comprise, ni appliquée. Depuis que Jésus-Christ, le Verbe de Dieu, en la pratiquant lui-même, nous en a révélé le mystère, et nous a communiqué la force de l'accomplir, la parole de Dieu est devenue le pain des intelligences et la pourriture des Ames.

   13. Le sensualisme, l'arme la plus meurtrière de Satan, avait

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échoué dans la première tentation. Satan va s'adresser à la présomption et à l'orgueil. Il transporte Jésus au-dessus du Temple, probablement sur les créneaux de la tour Antonia qui se dressait au-dessus de la vallée du Tyropéon, à une hauteur telle, dit Josèphe, qu'on ne pouvait y plonger le regard sans être saisi de vertige. «Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit: Jéhovah t'a confié à la garde de ses Anges, de peur que tu ne heurtes du pied contre la pierre.» Ce titre de Fils de Dieu est l'unique préoccupation du tentateur. Satan provoque au miracle l'adversaire dont il veut savoir le vrai nom. Une première fois, Jésus lui a répondu par un mot de la Bible. Lucifer, à son tour, parodie un texte du Livre sacré. Satan connaît la Bible pour la travestir; mais Jésus la connaît pour en donner le sens divin. Ces deux courants opposés d'interprétation biblique dureront aussi longtemps que le monde. Mais la réponse de Jésus-Christ ne cessera pas d'être la règle des intelligences droites et pures. «Il est écrit: Vous ne tenterez point le Seigneur, votre Dieu.» Jusqu'ici, la tactique du séducteur, vis-à-vis de Jésus, a reproduit exactement et avec un parallélisme rigoureux, la tentation primitive de l’Eden. Le fruit défendu du Paradis terrestre, dont l’aspect délectable éveillait la convoitise d'Eve, est remplacé par le pain qui doit réparer les forces du Fils de Marie. «Vous serez comme des Dieux, avait dit le serpent, au pied de l'arbre de la science du bien et du mal. Vous ne mourrez point.» Le Tentateur raisonne de même avec Jésus-Christ. «Si tu es le Fils de Dieu, précipite-toi dans les airs tu ne mourras pas.» Le dernier caractère de ressemblance, entre l'histoire de la chute et celle de la réhabilitation, nous apparaît de même dans la troisième épreuve. Le serpent avait fait briller, aux yeux de nos premiers parents, la domination universelle de la science, comme le résultat de sa prévarication. Il offre à Jésus-Christ l'empire universel, les royaumes du monde, avec toute leur gloire. Mais ici le Sauveur manifeste sa puissance, et le tentateur va connaître enfin celui dont la voix commande au ciel, à la terre et aux enfers. «Retire-Loi, Satan!» dit Jésus. Une parole, tombée des lèvres du Sauveur, suffit pour anéantir tous les prestiges de

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Lucifer. Le Fils de Dieu s'est révélé. Depuis cette heure, son nom, invoqué par les chrétiens, a mis en fuite les légions du mensonge. «Les Anges, s'approchant de leur maître, le servaient,» comme ils servent encore aujourd'hui les âmes fidèles, délivrées des pièges de Satan. Tout cela fait sourire le rationaliste incrédule, jusqu'au moment où la grâce, touchant son cœur, l'incline au pied d'une croix, et lui révèle les forces divines, dont le nom du Christ investit ses adorateurs.

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