Darras tome 40 p. 109
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S VI. LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE EN ITALIE ; ENLÈVEMENT, CAPTIVITÉ ET MORT DE PIE VI.
93. La république ne se bornait pas à établir en France le pouvoir satanique de la révolution ; elle cherchait encore à faire pénétrer, chez les nations étrangères, les théories subversives dont elle poursuivait l'application à l'humanité. Rome attirait surtout l'attention des Jacobins. Les persécuteurs comprenaient que leur œuvre de destruction ne serait complète qu'autant que la papauté disparaîtrait sans retour. Aussi envoyèrent-ils des agitateurs dans la capitale du monde chrétien. Le 11 janvier 1793, arrivèrent à Rome Laflotte et Basseville. Ce dernier, secrétaire d'ambassade, présenta, au cardinal Zélada, une lettre de son chef et un mémoire rempli de menaces. La Convention exigeait que le Pape reconnût le gouvernement de la république et lui permit d'arborer le drapeau tricolore à la porte du palais consulaire et à l'académie de France. Le Pape répondit qu'il ne pouvait céder à ces injonctions révolutionnaires. Déjà, par ses brefs, il avait condamné les actes de la république hostiles à l'Église ; il ne pouvait pas se mettre en contradiction avec lui-même; d'autant moins que la république avait déclaré à l'Église une guerre implacable qu'aucun Pape ne pouvait ratifier ; que d'ailleurs la république ne reconnaissant ni le pouvoir temporel, ni l'autorité spirituelle du Pape, ne devait pas s'étonner que le Pape lui rendît la pareille ; du reste, par ses principes et ses actes, elle s'était mise en guerre avec toute l'Europe, et au Pape, moins qu'à tout autre, il convenait d'approuver ces dangereuses innovations. Le Pape ne pouvait pas davantage permettre qu'on arborât le drapeau tricolore dans sa capitale ; on avait brûlé à Paris ses brefs et son portrait ; envahi l'État d'Avignon et le Comtat ; arraché à Marseille, du consulat pontifical, les armes du chef de l'Église ; et tous ces méfaits étaient restés sans ombre de réparation. La conduite privée et publique des deux émissaires irritait la population ; Pie VI les pria de quitter Rome.
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Au lieu de céder à ces sages recommandations, ils arborèrent le drapeau tricolore et parcoururent en voiture le Corso pour soulever la population contre le Pape. Un émeute populaire s'ensuivit, mais contre eux. Basseville fut blessé mortellement, et Laflotte dut s'enfuir à Naples. Une dépêche diplomatique notifia le fait aux puissances ; deux édits réprouvèrent les excès de la population, justement indignée, et la pressèrent de respecter tant les biens que les personnes. Sur ces entrefaites, un brigantin français, poursuivi par deux navires napolitains, vint s'échouer sur la côte de l'État pontifical ; les marins se cachèrent dans les bois. Pie VI les fit rechercher et remorqua le brigantin jusqu'à ce qu'il put partir sans danger. Il serait difficile de pousser plus loin la circonspection et la bienveillance.
94. En 1796, les armées françaises entrèrent en Italie et remportèrent, sur la Sardaigne et l'Autriche, de brillantes victoires. Dans une proclamation à ses soldats, Bonaparte avait parlé de rétablir le Capitole et de réveiller le peuple romain. Le Pape comprit, leva des troupes, mit ses places en état de défense et exhorta les populations à repousser, autant qu'elles le pourraient prudemment, la force par la force. Pendant que Bonaparte se battait, le Directoire excitait, dans Rome, une sédition qui fut aisément réprimée. Le Pape restait neutre dans la guerre allumée entre la France et l'Autriche ; malgré sa neutralité, il dut permettre, parce qu'il ne put l'empêcher, un passage de troupes napolitaines à travers ses États ; mais il eut soin que ce passage s'effectuât sans porter atteinte à la neutralité. Pour conjurer les menaces du général en chef, Pie VI lui dépêcha, comme négociateur de paix, le chevalier Azara, ambassadeur d'Espagne. Le général consentit à un armistice, que l'on convertirait plus tard en traité de paix. Le Pape devait s'engager à offrir des réparations aux Français qui avaient souffert des injures ou des pertes dans les États pontificaux; à mettre en liberté les détenus politiques ; à ouvrir ses portes au commerce français et à les fermer aux puissances en guerre avec la République ; à fournir cinq cents manuscrits et cent objets d'art ; à payer vingt et un millions en espèces ou en denrées; à donner
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passage aux troupes françaises toutes les fois qu'il en serait requis; à livrer les citadelles d'Ancône, Bologne et Perrare. Un internonce fut envoyé comme négociateur à Paris, avec un bref qui ne fut pas publié, bref par lequel Pie VI recommandait l'obéissance aux puissances établies, sauf en ce qui était contraire à la loi de Dieu et réprouvé par l'Église. Le Directoire demanda le désaveu des actes du Saint-Siège touchant les affaires de France. Le Pape répondit que la religion et la bonne foi lui interdisaient également d'accepter des articles funestes à l'Église et préjudiciables à la chaire apostolique ; qu'à plus forte raison il lui était impossible de révoquer tous les actes relatifs à la France ; et que le gouvernement devait prendre en considération les motifs qui dictaient son refus.
95. Les négociations furent rompues avec le Directoire. Bonaparte, de son côté, eût voulu les suivre : Il valait mieux, écrivait-il à Gacault, être le sauveur du Saint-Siège que son destructeur. Le Sacré-Collège repoussa ses ouvertures, et le secrétaire d'État écrivit à Vienne pour solliciter des secours en faveur du souverain pontife. Sa lettre, interceptée, fut remise à Bonaparte, qui envahit sans délai les États de l'Église, et s'arrêta à Tolentino, envoyant à Rome le général des Camaldules pour demander des négociateurs. Le traité fut signé à Tolentino le 19 février 1797. Le Pape cédait Avignon et le Comtat Venaissin à la France ; il devait payer trente millions, fournir 1,600 chevaux équipés, fournir une pension à la famille de Basseville et recevoir dans Ancône une garnison française. Bonaparte réglait en même temps le sort des prêtres réfugiés et les autorisait à rester dans les États pontificaux. Quelque dures que furent les conditions, le Saint-Siège dut les subir. Pour payer les trente millions, il fallut prendre le dépôt fait par Sixte-Quint au château Saint-Ange, prendre l'argenterie des églises et des familles aristocratiques de Rome. Brusca, devenu odieux aux Français, céda la secrétairerie à Doria. Sur ces entrefaites, Pie VI, dont la santé était ruinée par les douleurs morales, tomba gravement malade. La maladie du Pontife, l'échec que venait de subir son gouvernement à Tolentino, provoquèrent des troubles dans Rome. En pareil cas, il y a partout des hommes qui font de la
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politique une profession et espèrent de la sédition un profit. D'autre part la république cisalpine, ayant découvert que l'exarchat de Ravenne avait été donné à Etienne III par Charlemagne, voulut le reprendre et le reprit. Ce second échec enhardit le parti révolutionnaire. Le 28 décembre 1797, l'audace des factieux ne connut plus de bornes. Rome était menacée d'un coup d'État populaire. Le gouvernement somma les émeutiers de se disperser; ils refusèrent, il fallut employer la force. Les révolutionnaires se voyant attaqués, cherchèrent un abri à l'ambassade française. Les soldais les y poursuivirent et engagèrent la lutte. Ce fut alors que le général Duphot, jeune homme ardent et d'une imprudence égale à son ardeur, fondit, le sabre à la main, sur les troupes pontificales et tomba percé de coups. Les troupes se retirèrent épouvantées quand elles surent que le général français était une de leurs victimes. Doria offrit des satisfactions à l'ambassadeur Joseph Bonaparte ; il les refusa, et prétextant à faux qu'il n'était plus en sûreté à Rome, se retira à Florence. De Florence, il écrivit une relation, donnant à cette affaire des proportions qu'elle n'avait pas, et, comme l'imagination, en France, joue un grand rôle dans les affaires publiques, le Directoire ordonna d'envahir la ville éternelle.
96. Le Directoire avait, pour envahir Rome, deux grosses passions qui le dispensaient de raisons : foncièrement impie, il désirait ardemment arracher au chef de l'Église la liberté de sa personne et de son ministère ; à bout de banqueroutes, après avoir pillé Gênes, Milan et Venise, il voulait encore s'assurer le riche butin de Rome. Même quand Duphot n'eût pas été tué, l'invasion eût eu lieu ; déjà elle se préparait sous main ; quand Duphot périt, victime de son imprudence, le Directoire n'eut plus besoin de prétexte. L'armée d'invasion était prête d'avance ; Berthier arriva de Milan à Rome le 10 février 1798 avec la rapidité de l'éclair, dit Consalvi. Sous les murs de la ville, Berthier s'arrêta, déclarant qu'il n'entrerait dans Rome que si le peuple lui-même l'en priait. Les patriotes, c'est-à-dire les traîtres à Dieu et à leur patrie, envoyèrent à l'agresseur étranger l'invitation d'occuper la ville éternelle. Berthier considéra leur désir comme l'expression de la volonté nationale et
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entra dans la ville sainte avec ses soldats. A partir de ce moment, Pie VI se considéra comme prisonnier, et continua néanmoins d'exercer les fonctions de son ministère spirituel. Le 15 février, anniversaire de son exaltation, il descendit à la chapelle Sixtine et reçut les félicitations du Sacré-Collège. Le gouvernement usurpateur profita, avec beaucoup de grâce, de la circonstance, pour signifier au souverain sa déchéance. Un calviniste suisse, nommé Haller, voleur émérite, se chargea de la commission ; le Pape en reçut la notification en silence. Des soldats français remplacèrent les gardes pontificales. Berthier présenta au Pape, devenu citoyen français, la cocarde nationale; le Pape la refusa. Les scellés furent mis au Musée, aux galeries, sur tous les objets d'art que convoitait la révolution. On prit, au pontife, sa bibliothèque particulière, qui fut vendue à vil prix. On lui prit jusqu'à sa tabatière et son anneau. Berthier avait pris l'engagement formel de ne pas attenter au libre exercice du pouvoir pontifical ; quand il vit les périls qui menaçaient l'armée d'occupation et le nouveau régime, l'exil de Pie VI fut résolu. L'auguste vieillard avait demandé comme une grâce de mourir au pied du tombeau des Saints Apôtres. La révolution n'était même pas accessible à la pitié : elle le montra en cette circonstance.
97. Le calviniste suisse, Haller, ami de Danton, fut chargé d'annoncer au Pape son départ de Rome ; il s'en acquitta en furetant partout pour emplir ses poches et laissa la commission aux prélats qui se récusèrent. Haller, alors, rentra et notifia au Pape l'arrêt d'exil. « Je suis âgé de 81 ans, dit le Pape. Depuis deux mois je suis accablé d'une maladie si cruelle, qu'à chaque instant je croyais toucher à ma dernière heure. A peine convalescent, comment pourrai-je supporter le voyage? Je suis d'ailleurs attaché ici par devoir ; je commettrais un crime si j'abandonnais les fonctions de mon ministère: je dois mourir à mon poste. — Vous mourrez partout aussi bien qu'ici, repartit le voleur. Partez de bon gré, si vous ne voulez pas qu'on vous oblige à partir de forcé. » Le pontife se retira alors dans son cabinet et pria longtemps, puis, avec une
majestueuse sérénité : «
Dieu le veut, dit-il, soumettons-nous à ses
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décrets. » Pie VI employa les quarante-huit heures qu'il devait encore passer à Rome au règlement des affaires de l'Église. La nuit qui précéda son départ fut consacrée à la prière ; de grand matin, l'aumonier dit la messe. A peine était-elle terminée, que les soldats entraient. Comme le captif ne descendait pas assez vite, Haller l'accabla d'injures. Ce fut par une nuit d'orage que Pie VI quitta Rome ; la méchante voiture dans laquelle on l'enlevait traversa les rues an milieu des éclairs et au bruit du tonnerre. On arriva à Sienne le 25 février 1798 ; le Pape fut interné au couvent des Augustins. Ce fut du fond de cette solitude qu'il fit connaître aux cours de l'Europe l'attentat commis contre s'a personne. Le Portugal et la Savoie furent d'abord les seuls États qui lui offrirent secours et assistance. L'Espagne ne tarda pas à se raviser; son ambassadeur don Pedro Labrador ne cessa d'entourer de sa sollicitude le vénérable captif. Le Csar, en apprenant la manière dont le vicaire de Jésus-Christ venait d'être expulsé, manifesta une vive indignation ; l'Angleterre aussi s'émut et l'ambassadeur du royaume uni vint offrir à Pie VI, dans la ville de Sienne, ses compliments de condoléance. Ce fut aussi à Sienne que Pie VI, redoutant l'élection d'un anti-pape, dérogea aux constitutions qui réglaient la tenue des conclaves ; il leva la défense faite aux cardinaux de s'entretenir, pendant la vie du pontife, de l'élection de son successeur ; il leur recommanda même de se concerter pour tout ce qui regardait le futur conclave, sauf pour la désignation anticipée de la personne. Le groupe des cardinaux le plus considérable et ceux qui viendraient s'unir à ce groupe, auraient seuls le droit d'élire le Pape. Le doyen du Sacré Collège, ou, en son absence, le plus élevé en dignité, en apprenant avec certitude la mort du Pape, devait réunir les cardinaux dispersés et indiquer le lieu du conclave. Les seules conditions indispensables à la validité de l'élection étaient la sûreté du conclave , la liberté des cardinaux et la réunion des deux tiers des voix (1).
98. A la déchéance du Pape, la république fut installée à Romepar le Directoire. Bertbier l’institua en invoquant les mânes de
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(1) Bertrand, Le Pontificat de Pie VI, t. II, p. 868.
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Caton, de Pompée, de Brutus, et en conjurant les Romains de se montrer dignes de leurs ancêtres. Le même général fagotta une constitution qui fut proclamée comme le produit de la libre volonté des Romains, mais qui n'était qu'un grotesque décalque de la constitution de l'an III. On y avait fourré un salmigondis répugnant de consuls, de tribuns, de sénateurs ; cette cuisine surannée avait surtout pour but de jeter de la poudre aux yeux des Romains. Berthier fit bientôt place à Masséna, grand soldat, mais plus grand voleur. Ses exactions furent telles que ses troupes se mutinèrent ; il fallut l'écarter. Le Directoire envoya alors quatre commissaires, le financier Faipoult, le savant Monge, un certain Florent et Daunou, bénédictin défroqué. On avait, soi-disant, républicanisé l'Italie pour l'affranchir ; dans la réalité on la mit au pillage et jamais les Verres de l'ancienne Rome ne furent plus odieux que les dilapidateurs français. Nous qui avons tant crié, et avec si juste raison, contre les voleurs d'Outre-Rhin, il faut nous mettre sous les yeux les beaux exploits de notre première république. Les quatres commissaires passèrent, avec les consuls de la république romaine, une convention secrète par laquelle ces créatures de la France livraient leur pays à la rapacité de nos brigands à épaulettes d'or. Le premier armistice avait coûté au Pape 21 millions, plus des grains, des blés, des œuvres d'art. Par le traité de Tolentino, le Pape avait dû payer en plus 15 millions en numéraire, diamants et autres valeurs. A ces 36 millions, la jeune république en ajouta 38 autres, dont 6 en fournitures, plus certains autres profits. Total, en trois ans, 70 millions, sans compter une foule de denrées et d'objets précieux. La république romaine était bien le dernier de leur souci. Les commissaires ne songeaient qu'à prendre tout l'argent qui existait dans l'État romain, à vendre tout ce qui pouvait être vendu et à persécuter les prêtres. L'Italie était épuisée, les jeunes républiques insolvables et l'armée sans solde. Les campagnes s'insurgèrent et montrèrent, par leur insurrection, le cas que faisait le vrai peuple de cette république imposée par surprise. Le Directoire, honteux, crut se justifier auprès des puissances en imputant ces révoltes au Pape prisonnier. Il resterait à expliquer comment
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un vieillard, qui a deux factionnaires à sa porte, peut soulever un peuple ; et comment, détenu à Sienne, il n'excite aucun trouble dans son voisinage et les suscite au loin. Par ces accusations mensongères, on voulait avoir un prétexte pour mettre la main sur les biens du Pape et le faire mourir en le déportant à Cagliari. Entre temps, on vendait pour 25 millions de biens nationaux, on se faisait céder 5 autres millions, plus 500 caisses d'objets d'art. La république romaine était l'organisation du pillage (1).
En occupant Rome à l'improviste, le Directoire s'était abstenu d'attaquer le roi de Naples ; maintenant qu'il avait dévoré l'État pontifical, il jetait sur les Deux-Siciles un regard de convoitise. Les commissaires français, grands déclamateurs contre la théocratie, ne dédaignèrent point de se dire héritiers du Pape, suzerains de Naples comme tels, et réclamèrent, en vertu de leur droit prétendu, les enclaves de Bénévent et de Ponte-Gorvo. De son côté, Ferdinand IV, voyant les républicains français soulever les révolutionnaires napolitains, se demanda si, au lieu d'attendre l'agresseur prochain, il ne ferait pas mieux de le prévenir. Déjà les républicains déclamaient contre Porsenna; le roi de Naples comprit l'allusion ; il avait d'ailleurs à se plaindre de la prise de Malte et croyait pouvoir compter sur l'Autriche. L'armée d'invasion se préparait, Championnet était à Rome pour en prendre le commandement, lorsque l'armée de Naples, commandée par Mack, et forte au moins de quarante mille hommes, envahit tout à coup la république romaine. A chaque poste français, elle envoyait un parlementaire déclarer qu'il ne faisait pas la guerre à la France, mais à Rome insurgée contre son souverain. A l'approche de l'armée libératrice, tout le pays l'acclamait ; Championnet évacua Rome ; la colonie de fonctionnaires, les consuls, les spéculateurs le suivirent dans sa retraite. Malheureusement l'armée napolitaine s'éparpilla maladroitement et se fit battre plusieurs fois. Championnet et Macdonal reprennent alors l'offensive. Le territoire napolitain est envahi, la capitale menacée. Le roi, qui connaissait à fond les républicains, se retire en Sicile avec le trésor, les meubles précieux
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(1) Revue des questions historiques, t. XXXIX, p. 180.
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et tout ce qui pourrait convenir aux envahisseurs. Championnet divise son armée en plusieurs colonnes et se fait battre à son tour. Un armistice est conclu ; une révolte des lazzaroni favorise la reddition de Naples et Championnet y établit la république parthénopéenne. La république se traduisit immédiatement par une contribution de 60 millions qui ne fut pas payée et l'armée française dut rentrer à Rome, où elle ne tint pas longtemps. Bonaparte avait jugé avec raison que l'armée française ne pourrait pas tenir longtemps depuis le Zuyderzée jusqu'au détroit de Messine. La guerre fut déclarée par l'Autriche le 12 mars 1799 ; le duc de Toscane fut chassé de ses États par le Directoire qui s'empressa de confisquer ses biens et de lever par force un gros emprunt. Les Français furent complètement défaits en Italie et les républiques voraces fabriquées par le Directoire s'effondrèrent l'une après l'autre. La garnison de Rome sut tenir jusqu'en 1800 ; les Anglais la rapatrièrent en suite d'une convention. Mais les dilapidations avaient continué jusqu'au bout. Rien n'est plus odieux que cette mise au pillage des peuples, sous prétexte de liberté et de république.