La célébration de la foi 11

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2. La réponse subjective à la nature objective de la liturgie

 

   ------ la liturgie, ------- fête de la Résurrection du Seigneur. Nous en avions déduit le primat de l'adoration et le caractère objectif du droit à la joie ; ceci suppose pour chacun, comme pour la communauté, d'être relié à l'Église universelle et à son histoire, ainsi qu'à la forme qu'elle nous propose et qui se révèle alors comme un espace de liberté et de communauté.

 

--------Le deuxième concile du Vatican a décrit cet aspect, comme on le sait, à l'aide de la notion de participatio actuosa, participation active. --------

 

-------- Pour qu'il y ait communauté, une expression commune est indispensable; mais pour que l'expression ne reste pas extérieure, une intériorisation commune, un cheminement vers le dedans (et vers le haut) est nécessaire. -------

 

------- Or, la liturgie chrétienne --------- a la possibilité singulière de briser les barrières des « moi » individuels, grâce à l'intériorisation de la parole liturgique et de la réalité liturgique ‑ la présence du Seigneur ‑et les fait communier de l'intérieur à Celui qui s'est communiqué à nous en se livrant sur la croix. -------------

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--------- dans le domaine de la participation liturgique, qui devrait être participatio Dei au sens le plus profond ‑ participation à Dieu, et ainsi à la vie, à la liberté, c'est l'intériorisation qui est première. -----------

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-------- La théologie de la Création et celle de la Résurrection (qui comprend l'Incarnation et la rend définitive) exigent impérieusement une incarnation de la prière, l'intégration de toutes les dimensions de l'expression physique.

 

La spiritualisation du corps et l'incarnation de l'esprit sont des exigences réciproques ; alors seulement il pourra y avoir “humanization” de l'homme et du monde,

 

------- On est heureux de pouvoir constater que récemment la science liturgique s'est à nouveau emparée de l'idée des signes sacrés et a été amenée, dans la ligne de l'inoubliable petit livre de Romano Guardini, à approfondir la signification de leur message. --------

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   ------ Le silence, ------- crée le loisir, la halte, où l'homme saisit intérieurement la durée. La tension de la liturgie --------n'existe que s'il y a place pour une rencontre avec le véritablement Grand et l'Inépuisable, lui qui n'a pas besoin de changement parce qu'il est plenitude: celle de la vérité et de l'amour. ------------

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--------- Seul ici le courage de réapprendre au sein du silence la valeur de la parole peut être sauveur, face au débordement des mots qui, finalement, conduit au bavardage, là où précisément il s'agirait de rencontrer la «Parole‑ le Logos ‑ qui est droit à la vie et à la joie, parce que parole de l'amour crucifié et ressuscité.

 

   Ma deuxième observation a trait à l'importance du geste. La station debout, à genoux, assise, l'inclinaison et le redressement, se frapper la poitrine, le signe de croix ‑ tout cela a une signification anthropologique indispensable, parce qu'auto‑représentation de l'esprit dans le corps.

 

--------- J'aimerais terminer en attirant l'attention sur le geste essentiel de l'adoration qui, de nos jours, est de plus en plus menacé de disparition: l'agenouillement54.

 

Nous savons

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que le Seigneur a prié à genoux (Lc 22,41), qu'Étienne (Ac 7, 60), que Pierre (Ac 9, 40) et Paul (Ac 20, 36) ont prié à genoux.

 

L'hymne au Christ de l'épître aux Philippiens (2, 6‑11) présente la liturgie du cosmos comme un agenouillement au nom de Jésus (2, 10) et y voit l'accomplissement de la prophétie d'Isaïe (Is 45, 23) du règne universel du Dieu d'Israël.

 

En fléchissant le genou au nom de Jésus, l'Église fait oeuvre de vérité ; elle s'insère dans le geste du cosmos qui rend hommage au vainqueur et se place ainsi aux côtés de ce vainqueur car, par cet agenouillement, elle évoque et imite l'attitude de Celui qui, « étant égal à Dieu », s'est «abaissé jusqu'à la mort ». ----------

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon