Jansénisme 1

 Darras tome 37 p. 218


§ VI. LE JANSÉNISME DEPUIS SES ORIGINES

 

   120. On entend généralement par grâce tout don de la pure libéralité de Dieu. En ce sens, le corps et l'âme de l'homme, la création et la conservation de l'univers, sont des grâces, puisque cela nous vient de Dieu à titre gratuit, sans aucun mérite antérieur de notre part. Dans un sens plus strict et plus rigoureux, on entend par na­ture tout ce qui existe en vertu de la création, tout ce qu'exige l'essence des êtres pour qu'ils se puissent concevoir et exister ; et l'on entend par grâce, tout don surnaturel, ajouté par Dieu à la nature, pour l'élever au-dessus de ce que la nature exige et peut atteindre et l'ordonner à une fin surnaturelle. Ces dons surnaturels embras­sent les privilèges accordés à l'homme dans l'état primitif d'inno­cence et la grâce médicinale qui lui est conférée, depuis sa chute, en vertu des mérites de la rédemption. Or, qu'est-ce que le surna­turel ? C'est une effusion de Dieu, se donnant lui-même à la nature créée ; c'est un don d'une excellence extraordinaire surajouté aux facultés naturelles de l'homme, dépassant les exigences et les forces de toute créature même possible, dans une communication de Dieu tel qu'il est en lui-même, dans une participation et une union im­médiates, par l'intelligence et la volonté, à l'essence divine. — La grâce était nécessaire à l'homme dans l'état primitif d'innocence, pour accomplir sa destinée surnaturelle. Par le péché l'homme a perdu la grâce de Dieu, mais il n'a pas perdu ses facultés naturel­les, qui ont été seulement affaiblies, débilitées, et même déchues, l'homme est libre. Par la rédemption en Jésus-Christ, la grâce nous a été rendue et elle nous est devenue, par le péché originel, plus nécessaire qu'avant. La grâce et la nature sont donc toujours les deux facteurs de notre destinée. Dans quelle mesure coopèrent-ils et comment se concilie leur action réciproque, c'est un vaste pro-

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(1) Les hérétiques d'Italie, t. III, p. 161.

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blème qui se pose et se discute dans toutes les écoles, non moins que dans les temples. Le christianisme, en proclamant la faute pri­mitive et la nécessité d'une grâce réparatrice, donne au problème une importance infinie, mais ne laisse plus à l'erreur, d'autre rôle possible que la négation de l'un des termes. — Ou c'est la grâce qui l'emporte, alors nous tombons dans les hérésies des prédesti­nations du Ve siècle, de Gothescalc, de Wiclef et de Luther ; on c'est la nature qui prévaut et alors c'est la grande hérésie de Pélage et de ses trop nombreux imitateurs. Aux temps où nous som­mes parvenus, Baïus, émule de Luther, vient de confondre la grâce et la nature ; de déclarer la nature détruite par le péché et de condamner fatalement au mal le libre arbitre dépouillé de la grâce. Presque en même temps, Banez et Molina agitent la même question, mais sans tomber ni l'un ni l'autre dans l'erreur positive. La sagesse de l'Église vient d'assoupir cette controverse, lorsque tout à coup elle donne naissance à la funeste hérésie de Jansénius.

 

121. Cette hérésie eut deux patrons, un flamand et un basque, Duverger Jansénius et Duverger de Hauranne. Jean du Verger ou du Vergier de Hauranne, était né à Bayonne en 1681, d'une famille que les uns disent noble, d'autres enrichie par le commerce. Dès son en­fance, il témoignait la vivacité de sa nation, mais plutôt en dedans par un fond d'énergie, qu'au dehors par un pointe d'esprit. Nicole disait de lui que c'était une terre capable de porter beaucoup, mais féconde en ronces et en épines. Après avoir fait ses humanités dans son pays, il vint passer quelques mois à Paris et y suivit la Sorbonne. En pension, il se trouvait logé de compagnie avec Petau, depuis jésuite célèbre, alors étudiant. Lorsqu'on lui demandait plus tard quel homme c'était au juste que Duverger, Petau répon­dait que c'était un esprit inquiet, vain, présomptueux, farouche, se communiquant peu et particulier en toutes ses manières. Sur le conseil de l'évêque de Bayonne, Jean alla recommencer sa théolo­gie à Louvain ; il y étudia, non à l'Université, mais chez les Jésui­tes. Le 24 avril 1604, il y soutint une thèse sur toute la théologie scolastique ; elle était dédiée à son évêque et obtint un grand suc-

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ces. Juste-Lipse qui l'entendit croyait Duverger appelé à accroître l'honneur de Dieu et le bien de l'Église. Si l'on admet avec l'histo­rien janséniste, Leydecker, que le jeune de Hauranne, au sortir de cette thèse se mit sous la discipline du docteur Jacques Janson, l'héritier des doctrines de Baïus, il put rapporter de Louvain le germe déjà éveillé de ses futures doctrines ; mais rien n'est moins prouvé. De retour à Paris, Duverger y mena une vie cachée pen­dant cinq ou six ans. On ne le voit émerger un peu que par un opuscule intitulé : « Question royale, où est montré en quelle extré­mité, principalement en temps de paix, le sujet pourrait être obligé de conserver la vie du prince au dépens de la sienne. » D'après Ellies Dupin, ce n'était qu'un jeu d'esprit; ainsi autrefois Isocrate avait fait l'éloge d'Hélène et Busiris, Favorinus l'éloge de la fièvre quarte, Synésius celui des têtes chauves ; Agrippa célébrait l'âne, Erasme la folie et le Bernia la peste ; même quand il plaisantait, Duvergier n'avait pas l'air gai ; dans ce cas, on put voir une adu­lation à l'adresse de Henri IV; le P. Coton l'avait pris tellement au sérieux qu'il déclarait l'auteur digne d'un évêché. Ses ennemis dé­couvrirent plus tard, les anciennes et nouvelles reliques de messire Jean Duverger, commentèrent avec horreur la question royale et prétendirent que l'auteur avait approuvé le suicide. «Chez l'auteur, dit Sainte-Beuve, tout l'excès se réduisit en un peu de fausse thèse subtile, en un brin de galimathias, comme Nicole lui-même osait dire en parlant du maître (1). Ce qui est plus singulier et tout à fait caractéristique, Duverger récidiva quelques années après et un peu plus sérieusement, ce semble. En 1617, il fît imprimer à Poitiers, une « Apologie pour Henri-Louis Chateigner de la Rocheposai, évêque de Poitiers, contre ceux qui disent qu'il n'est pas permis aux ecclé­siastiques d'avoir recours aux armes en cas de nécessité. » Cet évêque avait pris les armes contre les protestants séditieux de sa ville épiscopale. Duverger s'arme d'une érudition indigeste et trouve que l'usage des armes pour les ecclésiastiques a été universel dans le ciel et sur la terre : témoin S. Michel contre Lucifer ; témoins Abraham, Moïse, Élie, Samuel ; témoin l'archevêque Turpin, sous

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 (1) Port-Royal, t. I, p. 278, 4« édition.

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Charlemagne et cet évêque de Senlis qui, à Bouvines, assommait les ennemis pour ne pas verser le sang dont l'Église a horreur. «Dans l'individu comme dans l'humanité, dit l'abbé Maynard, il suffit d'un seul péché originel pour vicier la nature et déterminer des inclinations fatales. En voilà deux au compte de Saint-Cyran et tous ses écrits et toute sa vie en garderont l'indélébile empreinte. En général, dans toute l'histoire des lettres, et surtout des lettres chrétiennes, on ne citera pas un homme ayant fait bonne route et surtout ayant bien abouti, qui ait débuté par de telles compo­sitions (1).»

 

   122. Vers 1003, Duverger se liait à Paris  avec le  trop célèbre Corneille Jansen, né en 1583, au village d'Acquoy, près Léerdam,  et plus connu dans l'histoire sous son nom latinisé de Jansénius. A Louvain, où il étudia la philosophie et la théologie, Jansénius avait eu pour maître un vieux fanatique de Baïus, Jacques Janson; il avait puisé, dans son enseignement, les erreurs génératrices de son futur système de la grâce. En 1603, il était venu à Paris pour continuer ses études et refaire sa santé. Duverger et Jansen s'étaient probablement vus à Louvain ; ils n'eurent, à Paris, qu'à se reconnaître. Entre Paris et Louvain, les deux étudiants purent établir des comparaisons ; ils constataient une divergence de mé­thode, ici plutôt scolastique, là plutôt positive. Avec leur jeune imagination, Duverger et Jansen déclamaient contre la scolastique, langue et méthode sévère, qui se prêtaient trop heureusement aux exigences de la pure doctrine ; à les entendre, il y avait là une cause de faiblesse et une dégradation de voie; ils proclamaient donc la nécessité de recourir aux sources, comme ils disaient, c'est-à-dire à l'Écriture, aux Pères et surtout à S. Augustin. La Faculté de théologie avait alors, pour syndic, Edmond Richer, qui cherchait querelle aux Jésuites et aux ultramontains ; cela cadrait avec les vues un peu confuses des deux novateurs. Jansénius était pauvre et n'avait que son travail pour vivre; Duvergier, plus in­trigant, le plaça comme précepteur, chez un conseiller à la cour des aides. Il parait que Jansénius aurait pu recevoir les honneurs

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(1) Saint-Vincent de Paul, t. II, p. 219.

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du bonnet, s'il n'eut préféré, en fils pieux, le coiffer à Louvain. Duvergier aurait voulu soutenir aussi une grande thèse contre tous venants, sur la Somme de S. Thomas ; mais le local choisi dépen­dait de l'Université et il y eut défense de s'en servir. Alors les deux amis prirent une grande résolution ; ils voulurent revenir à la rai­son chrétienne et primitive. Duvergier, dans sa haute ambition, n'hé­sita plus ; son père était mort, sa mère le rappelait : pour tout concilier, il emmena son ami à Bayonne, vers 1611 et là, dans une terre proche de la mer, appelée Champrée ou Campiprat, il se jeta avec lui en pleine lecture de l'antiquité chrétienne, surtout de S. Augustin. Dans leur pensée, il s'agissait de retrouver la doctrine perdue, de ressaisir la vraie science intérieure de la pénitence, de vérifier ce qu'ils pressentaient et de le démontrer aux catholiques, Dom Clémencet les compare à S. Basile et à S.Grégoire de Naziance : on peut croire que, dans leur commerce, il y avait moins de tendresse et de grâce. Tout leur exercice se composait d'une par­tie de volant, entre deux chapitres des Pères. La mère disait sou­vent au fils qu'il tuerait ce bon Flamand, à force de le faire étudier. Jansénius, délicat de tempérament, était d'ailleurs infatigable. Lancelot dit avoir vu un vieux fauteuil, au bas duquel était adapté un pupitre ; Jansénius y demeurait la plupart des nuits sans se coucher (1).

 

    123. Les cinq années que les deux amis passèrent au pays bas­que ne furent pas de pures retraites jusqu'au bout. Tous les novateurs, même quand ils se piquent le plus de doctrine, recherchent beau­coup la graisse de la terre et s'ils tissent habilement leur petite den­telle théologique, c'est toujours pour s'en faire galon et se pousser aux honneurs. L'évêque de Bayonne, Bertrand d'Eschaux, ne pou­vait comprendre comment on pouvait se donner tant de peine, sans autre dessein que l'étude de l'antiquité et sans autre mobile que l'amour de la vérité. Le prélat nomma de Hauranne chanoine de sa cathédrale et Jansénius principal d'un collège qu'il venait de fonder.  Duverger accepta la mozette à condition qu'il n'assisterait

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(1) Lancelot, Mémoires touchant la vie de M. de Saint-Cyran,t. I,p.l03 ; Dom Clémencet, Hist, littéraire de Port-Royal, en manuscrit.

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au chœur que les dimanches et les jours de grande solennité. Le nou­veau chanoine paya cette dispense en rendant à ses collègues un petit service. Il existait, dans l'église de Bayonne, une vieille coutu­me qui choquait bien des gens; aux messes de morts, on présentait sur l'autel une brebis égorgée, avec des rits peu séants pour la pureté du sanctuaire. Un jeune capucin s'emporta contre cette pra­tique païenne ; Duvergier riposta ; sa plume trouva moyen de rail­ler le capucin avec plus d'aigreur que n'en comportait la défense d'une brebis. L'évêque de Bayonne vantait beaucoup son Duvergier à l'évêque de Poitiers; à force de le vanter, il lui fit venir l'envie d'a­voir près de lui un si grand homme. En 1616, l'évêque de Bayonne étant nommé archevêque de Tours, dégagea les deux amis de leurs fonctions et les rendit à leur dessein. Duvergier et Jansénius vinrent à Paris, et après quelque séjour, se séparèrent. Jansénius retourna à Louvain avec deux neveux de Duverger ; à peine arrivé, il fut nommé principal du collège Pulchérie. De Hauranne, de son côté, se rendit près de l'évêque de Poitiers qui le pourvut d'un canonicat à sa cathédrale, puis lui fit obtenir le prieuré de Bonneville, et enfin, par une démission de l'évêque même en sa faveur, l'abbaye de Saint-Cyran en Brenne, vers 1620. L'Alcoran de l'évêque de Poi­tiers, rédigé par son prophète du pays basque, rapportait au pro­phète divers bénéfices, dont la possession n'augmentait sans doute pas la corruption de l'Église.


 

124. Duverger n'eut garde de s'ensevelir dans son abbaye: il commençait dès lors à dogmatiser. Ce n'est pas au fond d'un cloître qu'il aurait pu remplir la mission qu'il s'attribuait; il y avait mieux dans un palais épiscopal. La Rocheposai n'était pas seulement bel­liqueux; élève de Scaliger, il savait ses lettres et commentait les saintes Ecritures en une élégante latinité. Son palais était le ren­dez-vous des beaux esprits de la province. Pendant qu'il s'entrete­nait avec Balzac, Richelieu ou Sébastien Bouthillier, il laissait à ses entours le gouvernement du diocèse. Hardi et entreprenant, Duverger mit son influence de grand vicaire, au profit de son am­bition de réformateur. Les disputes religieuses étaient depuis longtemps assoupies dans Poitiers, lorsque des gens endoctrinés

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par le basque, rallumèrent tout d'un coup la guerre. A les entendre, ne pas assister, le dimanche, à la messe de paroisse, c'était un péché mortel. Un capucin de talent reçut conseil de soutenir cet excès ; un ermite lui répondit de manière à mettre les rieurs de son côté. Duvergier en saisit l'évêque, représenta les jésuites comme perturbateurs; l'évêque leur interdit la classe des cas de conscience. Le grand vicaire, en notifiant cette décision, eut l'esprit de se faire huer par les élèves ; l'évêque, pour le défendre, retira aux jésuites la direction des religieuses de Sainte-Croix ; sur la plainte de l'abbesse, une lettre de cachet rétablit les choses en l'état. Les per­sonnes amies des nouveautés par bizarrerie d'esprit, les gens d'Uni­versité et d'école s'attachèrent cependant au réformateur. Des femmes, encore plus curieuses que les hommes, se réunissaient en conférence sous sa direction. Duverger faisait lui-même des recrues et osa s'adresser même au P. de Condren. C'était une fausse dé­marche ; le pieux oratorien n'était pas homme à se laisser prendre ; il eut plutôt fait mettre à la Bastille le corrupteur de la foi pu­blique. Duvergier s'en douta ; il déclara alors à Condren en con­fession, qu'il reconnaissait avoir péché en lui découvrant ses maxi­mes et lui demanda l'absolution. « Je voulus, disait-il, l'obliger à garder mes maximes sous le sceau sacramentel », et il éclatait de rire. Il est plus que probable qu'il n'avait pas trouvé cette rubrique parmi les coutumes de la primitive Église.

 

   105. Pendant que Duverger intriguait en Poitou, il ne négligeait pas d'entretenir Jansénius. Cette correspondance saisie au domicile de Saint-Cyran en 1638, fut publiée en 1654, par le P. Pinthereau, sous ce titre : La naissance du Jansénisme découverte. Du 19 mai 1617 au 4 novembre 1621, elle est en langage ordinaire et dans le rustique patois de Jansénius. A partir de cette dernière date, elle est presque tout entière en chiffres ou en argot, que les événements postérieurs ont rendu néanmoins parfaitement intelligibles. Les lettres de 1622 en particulier nous montrent les deux amis pour­suivant divers but qui devaient assurer le succès de leur entreprise, dont «l'importance est telle que quand ils y emploieraient toute leur

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vie sans se mesler d'autre chose, elle devait être tenue pour bien remplie devant Dieu » (1).

 

Premier but. Achever l'Augustinus.

 

« Il ne se faut guère que je n'ay trouvé la febvre au gasteau, et selon les principes de Séraphi (S. Augustin). » 16 avril. — « Le cœur me croist à mesures que les lumières  croissent; car je suis de cette trempe, que, m'asseurant de la vérité, non timebo quid faciat mihi homo. » 22 avril. — « Vous vous estonnez que je ne parle point de Pilmot (l'Augustinm et la matière de la grâce). La raison est, non pas que l'affaire se refroidisse puisque je  m'y employe autant qu'auparavant, ayant leu environ huict fois les deux tomes de Séraphi (S. Augustin) depuis l'absence de Gélias (Saint-Cyran), avec d'autres petits ouvrages appartenant à cela.  Mais c'est qu'il ne m'offre pas tant de nouveautez  qu'auparavant. — Sulpice (Jans), continue à faire la guerre à Porris (les jésuites) et se con­tente fort de la diligence que Célias (Saint-Cyran) y met, espérant que Dieu favorisera leurs bons desseins qui s'avancent peu à peu ; à l'occasion de quoy Sulpice (Jans) est   devenu  grand seigneur, d'autant que par dessus son valet, il a esté contraint de prendre un secrétaire ou greffier, pour l'aider à écrire leurs impertinences » 1er décembre.

 

Second but : Se préparer des disciples à Paris.

 

   « Je suis merveilleusement aise que l'affaire s'avance tellement en dormant, ce qui montre que Dieu y veille : car cette disposition de plusieurs hommes vers la vérité, ou bien cette inquiétude à ne la trouver point, est très importante à leur faire embrasser, comme à des affamez, ce qui les assouvira... J'approuve fort la retenue de Durillan (Saint-Cyran) avec  Robin et sa force à se défendre, qui n'est pas peu de chose ; quoyque cela mesme leur fera plus venir l'eau à la bouche, et défendra plus Durillan de recevoir des affronts, en cas qu'il s'y embarquast. » 13 juin.

 

Troisième but : Établir les Oratoriens en Hollande pour les oppo­ser aux Jésuites.

  

   « Le supérieur ou archevesque des Hollandois, qui loge mainte-

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(1) Fuzet. Les Jansénistes du XVIIe siècle, p. 51 et seq.

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nant chez Sulpice (Jans), luy a donné charge de sçavoir toutes les particularités de la compagnie dont de Bérulle est le chef.  Sulpice luy a mis cela en teste  et poussé à la roue le mieux qu'il peut…….. Sulpice vous prie d'avoir l'affaire à cœur, car il est passionné con­tre les Jésuites et leurs mesnées. Ils tacheront de faire au païs des Hollandois, comme ils ont fait en Angleterre, et occuperont les meilleures places si Bérulle ne les devance. » 1er juillet, et 8, 21, du même mois, 5 et 29 août.

 

Quatrième but : Répandre les livres de S. Augustin, en donner une édition corrigée.

 

«... Le S. Augustin que je disais qu'il devait estre réimprimé re­quiert nécessairement, à mon advis, une collation avec l'original quoyque vieux et corrompu pour avoir plus d'autorité. Car je ne doute point que celuy qui l'a produit ne se fussent trompés en cer­tains endroits par faute de n'entendre pas le fond. Personne n'en verra rien. » 22 avril — J'ai envoyé par les chariots de Bruxelles vingt-deux exemplaires de S. Augustin, comme vous en avez emporté un, afin que Solion (Saint-Cyran) s'en serve envers ceux qu'il jugera à propos, sans avoir la peine de les demander tou­jours. » 29 avril. — «... De toutes les corrections que j'ay faites, je saurais presque donner pertinente raison s'il estait besoin... Il fau­drait laisser en arrière les notes de M. Ménard, car souvente fois elles ne sont pas à propos, et montrent qu'il n'entend pas le style et la doctrine de ce saint. » 26 novembre.

 

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