L’unité de la foi et le réalisme théologique 8

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   L'axiologie personnaliste chrétienne ------ maintient que les valeurs sont objectives, «transcendantes » en ce sens qu'elles dépassent l'homme et la société, ou si l'on veut encore, « objectives ». ----------

 

   En quoi les valeurs et tout spécialement les valeurs morales sont‑elles « transcendantes»? En ce qu'elles sont des biens qui participent au Bien suprême. ------la foi chrétienne ---------affirme sans cesse les mêmes idées: Dieu seul est bon (Matth. 19. 17), le bien qui se trouve dans le cosmos, comme dans l'homme, vient de Dieu (Gen. 1, 31, etc.). ------- Les biens auxquels l'homme peut et doit tendre portent toujours le reflet de leur source divine. Les biens de la vie intellectuelle, esthétique, physique, etc., qui peuvent être

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ambivalents (79) ont leur source dans le Bien suprême et c'est pourquoi toute théologie des réalités terrestres et des valeurs humaines doit nécessairement faire appel entre autres, à l'idée de création------ dans la Prima Epistola ad Timotheum -------- une protestation est émise contre ceux qui refusent la légitimité du mariage ou des aliments riches. Dieu, répond le texte, Dieu a créé ces biens et ceux qui connaissent la vérité de la foi savent qu'il faut en user avec action de grâces, c'est‑à‑dire en sachant qu'on les reçoit de Dieu et qu'on devra rendre compte de leur usage: -------------

 

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--------- L'homme va au bien « avec toute son âme » comme on le dit depuis tant de siècles, sans peut‑être y croire assez. Pour percevoir les valeurs il ne suffit pas de mobiliser l'appétit du vrai, il faut aussi mettre en oeuvre l'amour du bien, connaître celui‑ci par « connaturalité »: -------

 

   Nous en avons un exemple, à l'heure actuelle, à propos de la perception des valeurs impliquées dans la vie matrimoniale. La Constitution pastorale Gaudiunm et Spes rappelle tout d'abord les valeurs essentielles du marriage, par dessus tout l'amour et la procréation. « Dieu, lui‑même, est l'auteur du mariage qui possède en propre des valeurs et des fins diverses » (n° 43, § 1). Le don mutuel des époux, la perception de la valeur du conjoint sont éminemment personnels; mais ce lien sacré, avec sa nature et ses exigences «échappe à la fantaisie de l'homme » (no 48, § 1). De même, dans le jugement moral à porter sur les moyens de la régulation des naissances, le Concile enseigne qu'il y a des «critères objectifs, tirés de la nature même de la

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personne et de ses actes, critères qui respectent, dans un contexte d'amour véritable, la signification totale d'une donation réciproque et d'une procréation à la mesure de l'homme, chose impossible si la vertu de chasteté conjugale n'est pas pratiquée d'un coeur loyal » (no 51 § 3). Gaudium et Spes rappelle encore que, pour ce discernement moral, l'obéissance au magistère de l'Eglise est nécessaire et constitue une aide précieuse pour les fidèles : « En ce qui concerne la régulation des naissances, il n'est pas permis aux enfants de l'Eglise, fidèles à ces principes, d'emprunter des voies que le Magistère, dans l'explication de la loi divine, désapprouve » (n° 51, § 3).

 

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