La foi chrétienne hier et aujourd’hui 15

FOI CHRÉTIENNE

hier et aujourd'hui

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   S'il en est ainsi, comprendre, loin de s'opposer à croire, constitue l'élément le plus propre. En effet, connaître le monde dans sa fonctionnalité, comme nous le permet aujourd'hui admirablement la pensée technique et scientifique, ce n'est pas encore comprendre le sens du monde et de l'être.

 

On ne peut comprendre qu'à partir d'une foi. Aussi la théologie, comme discours sur Dieu qui fait comprendre, comme discours conforme au logos (=rationale: qui comprend de façon raisonnable), est‑elle une tâche primordiale de la foi chrétienne.

 

C'est à ce point de vue aussi qu'il faut rattacher le droit imprescriptible de l'élément grec dans le christianisme. Ce n'est pas un hasard si le message chrétien, dans son élaboration, a d'abord pénétré dans le monde grec, et s'est mêlé au problème de l'intelligibilité et de la vérité 14. On ne sau­-

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p36 « JE CROIS ‑ AMEN»

 

rait dissocier croire et comprendre, de même que l'on ne peut séparer croire et prendre appui, car « prendre appui » et « comprendre” sont indissolublement liés. C'est pourquoi la traduction des Septante du verset d'Isaïe découvre une dimension, que l'on ne peut retrancher de la Bible, si l'on veut éviter la fantaisie et le sectarisme.

 

   Il est vrai que l'acte de comprendre, de sa nature, dépasse continuellement notre « saisie conceptuelle » pour reconnaître que nous sommes nous‑mêmes saisis et «compris » dans plus grand que nous.

 

Or si « comprendre » c'est saisir que nous sommes nous‑mêmes com‑pris », «con‑tenus», cela veut dire que nous ne saurions aller au‑delà pour « comprendre » ce qui nous «comprend» et qui nous donne par là même un sens (------).

 

Dans cette perspective, il est juste de parler de mystère, en tant que principe qui nous précède et nous dépasse sans cesse et que nous ne pourrons jamais rejoindre. Mais c'est précisément dans le fait d'être saisis, «compris » par ce que nous ne pouvons à notre tour appréhender que se réalise la responsabilité de «comprendre », sans laquelle la foi perdrait sa dignité et se détruirait elle‑même.

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon