Darras tome 13 p. 416
18. Tels étaient dans la réalité les seigneurs gallo-romains que la libre élection du clergé et des fidèles arrachait aux dignités et aux fonctions civiles, pour les transporter sur la chaire des pontifes. Plus les sentiments de foi, de religion, de véritable esprit chrétien étaient vifs au sein des populations, plus aussi, par une conséquence rigoureuse, les évêques élus dans ces circonstances avaient l'obligation de justifier le choix dont ils étaient l'objet par un redoublement de zèle, de charité et de mortification. Dans tous les temps, l'esprit public a réagi sur les chefs des peuples, et le mot de l'Écriture s'est toujours vérifié : Et erit sicut populus, sic sacerdos2. La situation politique de la Novempopulanie et des deux Aquitaines ravagées par les Visigoths, aurait seule commandé aux évêques catholiques une attitude différente de celle que l'école rationaliste s'amuse à leur prêter, quand même la voix de la conscience n'eût pas suffi à les retenir dans la ligne du devoir. Euric, trouvant dans la secrète connivence de Ricimer un point d'appui pour ses projets d'ambition conquérante et de fanatisme arien, poursuivait de ses vengeances tous ceux qui restaient attachés à la cause romaine, et marquait surtout ses victoires et ses excursions sanglantes par le ravage des églises. Persuadé qu'il devait à son zèle pour l'arianisme le succès de ses desseins et de ses entreprises2, il persécutait sans relâche les catholiques de ses états. Dans son acharnement, il s'attaquait de préférence aux évêques, comme à la source du sacerdoce, et les condamnait à l'exil ou à la mort. Ceux de Bordeaux, de Périgueux, de Rodez, Limoges, Gabalum (Mende), Eauze, Bazas, Comminges et Auch furent massacrés avec beaucoup d'autres, parmi lesquels il faut comprendre Valerius d'Antibes, Gratien de Toulon, Deuterius de Nice et Léonce de Fréjus 3. Ce qui augmentait encore les désastres, c'est qu'il n'était pas permis de combler le vide causé par la mort des pontifes et de les remplacer par de nouveaux évêques qui pussent re-
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1 Isai., xxiv, 2. — 2. Putat sibi tractatuum consitiorumque tribut pro religione légitima. (Srd. Ap., Epst. vi, lib. Vil; Pair. M., tom. LY11I, col. 571.) — 3. HisU de l'Église gallic, tom. II, pag. 129.
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p417 CHAP. VI. — SAINT SIDOINE APOLLINAIRE.
nouer la chaîne sacerdotale par des ordinations 1. Le deuil et la dévastation s'étendaient partout dans les diocèses et les paroisses2. Les Visigoths enlevaient jusqu'aux toits et aux portes des temples; les ronces et les épines croissaient sur le seuil des basiliques et en fermaient l'entrée3. Les troupeaux de bœufs venaient se coucher au milieu des vestibules entr'ouverts, ou pénétraient dans l'intérieur pour brouter l'herbe qui croissait entre les pavés du sanctuaire 4. La solitude ne régnait pas seulement dans les paroisses des campagnes, mais encore dans les églises des villes où les réunions devenaient sinon complètement impossibles, du moins pleines de dangers. Le souvenir même de la discipline cléricale tendait à s'effacer 2, et comme les prêtres qui venaient à mourir ne recevaient aucun successeur, le sacerdoce et la religion, les sacrements et le culte du catholicisme, tout dans ces malheureuses églises se confondait dans une ruine commune. C'est Sidoine Apollinaire, témoin de la persécution, qui nous en a transmis les principaux détails. A l'accent de douleur avec lequel il raconta ces désastres, on sent combien son affliction fut vive et profonde, quand les Visigoths établissaient partout l'arianisme, leur religion officielle, sur les ruines de la foi catholique. Dans les coups portés par Euric à la puissance romaine, son cœur d'évêque appréhendait moins encore ceux qui frappaient l'empire que ceux qui atteignaient les lois chrétiennes 6.
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1 Nec ullis deinceps episcopis in defunclorum officia suff'ectis, per quos utique minorvm ordinum ministeria subrogabantur. (Sid. Apoll., loc. cit.)
2.Nulla in desolalis lotis cura diœcssibus parochiisque. (Sid. Apoll., loc. cit.)
1. Videas in ecclestis aut putris culminum lapsus, aut valvarum cardimbus postes S avulsis, basilicarum adilus hispiderum veprium fruticibus obstruclos. (Sid. Apoll., loc. cit.)
4 Ipsa,
proh dolor ! videas armenta non modo semipatentibus jacere vestibulit,
sed etinm herbosa viridantium altarium lalera depOsci. (Sid. Apoll., loc.
cit.)
5 Clericalis
non modo disciplina, verum eliam memoria périt. (Sid. Apollitt.j
loc. cit.)
e Chnix, S. Sidoine Apollinaire et son siècle, tom. Il, pag. 14-17. Non tam romanis meenibus quam legibus christianis insidiaturum pavesco. (Sid. Apoî.'iB., lit. cit.)
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p418 PONTIFICAT DE SAINT SIMPLICIUS (407-489).
19. La province des Bituriges et celle de l'Arvernie, bien que fréquemment ravagées par les Visigoths, jouissaient cependant encored'une certaine indépendance relative. Sur les entrefaites, l'évêque de Bourges, Eulodius, vint à mourir. Il importait de lui choisir promptement un successeur. Jamais les circonstances n'avaient demandé plus de concorde et de prudence. Néanmoins, les cabales et les rivalités des prétendants parvinrent à semer la désunion dans les esprits. Sidoine, en qualité de premier suffragant de la métropole des Bituriges, s'était rendu à Bourges, mais les autres évêques étaient absents. Sa douleur fut grande, à la vue des dispositions séditieuses du clergé et du peuple. Il y avait une telle foule de compétiteurs, que deux bancs ne pouvaient les contenir tous. Des offres d'argent, d'honneurs, de dignités, de places, rattachaient à chacun d'eux par des liens simoniaques une faction turbulente. Sidoine ne dissimula pas l'indignation que lui causait un tel spectacle. Il répétait à toute occasion que le plus digne de l'épiscopat était celui qui le briguait le moins. Il eut bientôt compris l'impossibilité de faire prévaloir les conseils de la raison et de la sagesse, au milieu de cette lutte acharnée. Choisir un jeune clerc, c'était éveiller la jalousie des anciens ; prendre un vieillard, c'était s'exposer à promouvoir un ambitieux ou un incapable. Une faction arienne, secrètement soudoyée par le roi des Visigoths, cherchait à profiter de la situation pour faire tomber les suffrages sur quelque candidat favorable à la secte. Cependant les véritables fidèles, gémissant de toutes ces intrigues, formaient des vœux en faveur d'un patricien encore laïque, nommé Simplicius, dont la foi, la piété, la science étaient universellement admirées. Son zèle pour la religion, l'intégrité de ses mœurs, sa prudence consommée, l'avaient plus d'une fois signalé à la vénération des Bituriges. Ils devaient à sa munificence la nouvelle basilique qui décorait leur cité. Sa femme était un modèle de modestie et de charité chrétiennes; elle le secondait dans toutes ses bonnes œuvres. Sidoine Apollinaire se convainquit bientôt de la nécessité d'élire Simplicius. Mais il ne voulut pas même laisser transpirer dans le public ses préférences. Les canons portaient que si les évêques comprovinciaux ne
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p419 CHAP. VI. — SAINT SIDOINE APOLLINAIRE.
pouvaient assister à une élection épiscopale, il fallait mander quelques évêques des provinces voisines. Il écrivit donc à Agrécius de Sens et à Euphrone d'Autun, les priant de venir lui apporter le concours de leur autorité et de leur expérience. Nous avons encore les lettres qu'il adressait à ces deux prélats. « Je viens, disait-il à Agrécius, d'être appelé à Bourges par un décret des citoyens, à l'occasion de la vacance du siège, qui est devenue pour tous les ordres le prétexte d'une compétition effrénée. Le peuple frémissant se partage en factions; c'est à qui s'offrira, ou plutôt s'imposera. Devant Dieu et en conscience, je ne trouve ici que brigues, hypocrisie et mensonge. La seule chose qui ne se cache point, c'est l'impudence. On ne rougit pas de capter les suffrages à force d'argent : on dirait un marché, et il y a autant d'empressement à payer les votes qu'à les vendre. C'est la première fois que j'assiste à pareil spectacle; j'ai honte de tout ce que je vois; venez au secours de mon inexpérience. Vous, le chef de la Sénonie, ne refusez pas, dans ces difficiles conjonctures, de prêter votre aide aux malheureux Bituriges. Peu importe que nous habitions des provinces différentes; il s'agit des intérêts sacrés de la religion qui nous est commune à tous. Des diverses cités épiscopales suffragantes de l'Aquitaine Ire, les Romains n'ont conservé que la capitale des Arvernes. Cette situation n'a point permis à mes autres collègues de la province de se joindre à moi; voilà comment je suis seul à présider l'élection du futur pontife de Bourges. Régulièrement elle ne pourrait avoir lieu sans le concours d'un métropolitain. Venez donc; vous jouirez pleinement des prérogatives de votre dignité : je n'ai encore nommé, désigné, ni choisi personne. Tout sera réservé absolument à votre décision. Le seul privilège que je me réserve à moi-même, c'est de vous inviter, de faire appel à votre intervention, d'attendre votre jugement, de seconder vos efforts et de vous témoigner, lorsque vous aurez daigné faire un choix, toute ma déférence pour vos volontés 1. » L'invitation faite à Euphrone d'Autun n'était ni moins modeste, ni moins pressante2.
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1 Sillon. Apollin., Epist. v, lib. VII; Patr. lat., tom. LVIII, col. S68-5C9. — 2. Sidon. Apollin., Ejiùt. Vin, lili. VII; ibid., col. S74-5'!5.
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20. Nous ne savons si ce dernier put se rendre à Bourges. Mais Agrecius s'y transporta et sa présence dut être fort utile à Sidoine Apollinaire pour terminer sa difficile négociation. Voici en quels termes l'évêque de Clermont, quelques semaines après, rendait compte du résultat à saint Perpetuus de Tours. « Vous me demandez, lui écrivait-il, de vous envoyer le discours que j'ai prononcé naguère à Bourges. Vous n'y trouverez ni érudition, ni art, ni éloquence. Obsédé par les sollicitations, les prières, les instances d'une foule d'ambitieux, j'eus à peine quelques heures durant la nuit pour dicter rapidement ces pages. Les compétiteurs étaient si nombreux que deux bancs ne suffirent point pour les contenir. Chacun d'eux se croyait un mérite, supérieur à celui de tous les autres. Jamais nous n'aurions pu arriver à un vote, si le peuple n'eût déclaré solennellement qu'il s'en remettait au choix des évêques. Les prêtres firent alors quelques chuchottements; toutefois ils finirent par accéder à ce parti, tant chaque faction détestait sa rivale. Les choses ainsi réglées, en présence de toute la ville réunie, je fus chargé de faire connaître le choix définitif et je parlai ainsi : « J'aurais plus d'un motif d'envier la discipline des philosophes anciens, qui imposaient à leurs disciples cinq années de silence absolu, avant de prendre part aux controverses de la science. Telle n'est malheureusement pas ma situation, à moi qui me suis vu naguère, malgré mon indignité et ma résistance, imposer le fardeau de l'épiscopat, dans des circonstances si pleines de difficultés et de périls. Il me faut enseigner avant d'avoir appris; devenir docteur, quand je ne fus pas même disciple. En ce moment, ma frayeur redouble, en face de la responsabilité que vous avez rejetée sur moi. Vous me chargez de désigner le sujet le plus digne, et de choisir celui qui va devenir par ses fonctions et son titre mon supérieur et le vôtre. Pour comprendre ce qu'une pareille mission a de redoutable, il vous suffira de réfléchir que vous me demandez à mon début un jugement consommé. Vous exigez de moi que je fasse l'acte de la plus haute prudence, et cependant vous n'ignorez pas que naguère on s'en est écarté à mon égard. En quels Scyllas, en quels Charybdes, le choix que je vais faire ne
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p421 CHAP. VI. — SAIK'i' SIDOINE APOLLISAIRE.
peut-il me jeter? Je veux dire quelles récriminations, quelles tempêtes ne soulèvera-t-il pas? Si je viens à nommer un moine, fût-il un émule des Paul, des Antoine, des Hilarion, des Macaire, on ne manquera pas de dire : Il fallait laisser cet abbé dans son cloître. Il aurait intercédé pour nos âmes auprès du juge céleste, mais il ne saura rien faire quand il s'agira de nous protéger et de nous défendre devant les juges et les puissances du siècle. Si nous élisons un homme humble, on dira qu'il est pusillanime; un caractère vigoureux, on se révoltera contre son orgueil; un savant, on criera qu'il est gonflé de vanité; un chrétien simple et fidèle, on se plaindra de son ignorance. S'il est indulgent, il passera pour une dupe ; s'il est sévère, pour un despote. Sa pénétration sera taxée d'astuce; son exactitude, d'étroitesse d'esprit et de superstition méticuleuse. On traitera son habileté de finesse ; son calme, d'apathie ; sa sobriété, d'avarice. Ainsi quelle que soit la manière de vivre d'un évêque, la malignité, comme un hameçon à double crochet, trouvera moyen de la reprendre. Si je nomme un clerc, ses égaux lui porteront envie, ses aînés crieront à l'injustice. Dans les rangs du clergé, soit dit sans blesser personne, les uns se figurent que le principal et l'unique mérite est celui de l'âge, comme si, pour arriver à l'épiscopat, vivre longtemps plutôt que bien vivre était un privilège par excellence. On voudrait réserver l'administration de l'Église exclusivement à des vieillards qui ne savent plus se gouverner eux-mêmes. Si je vous indiquais un personnage qui ait passé par les emplois militaires, il ne manquerait pas de gens pour dire : On voit bien que Sidoine a été tiré du siècle pour être promu à l'épiscopat. Il s'est bien gardé de prendre le nouveau métropolitain dans les rangs de la cléricature, ni dans celui des moines. C'est un ambitieux, qui ne voit rien au-dessus de la naissance, ou des dignités mondaines. Il méprise profondément les pauvres de Jésus-Christ. Vive l'Esprit-Saint, ce Dieu tout-puissant qui, par la voix de l'apôtre Pierre, a condamné l'infamie de Simon le Mage! Je le prends à témoin, ce grand Dieu, que dans le choix que j'ai dû faire, aucun motif humain n'a influé sur ma détermination. J'ai réfléchi, dans le calme et la responsabilité d'une conscience pure
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aux nécessités du temps, aux besoins de cette province, de cette cité. J'ai mûrement pesé toutes les conséquences d'une élection dont j'aurai bientôt (car la vie est courte) à rendre compte devant un tribunal plus sévère que le vôtre. Voici le nom béni de l'élu que je vous propose. C'est Simplicius. Il réunit en sa personne les qualités que l'État admire dans ses plus hauts fonctionnaires et celles que l'Eglise exige de ses ministres. Il a la noblesse de la naissance. Pourquoi ne le dirais-je pas? puisque l'évangéliste saint Luc ne dédaigne pas d'inscrire les titres de noblesse du précurseur Jean. Les aïeux de Simplicius ont brillé à la fois et sur le siège des magistrats et sur la chaire pontificale de cette cité. De sa personne, il occupe un des premiers rangs parmi vos princes. On pourrait objecter que les patriciens Eucherius et Pannychius sont dans une situation égale, et peut-être plus éminente encore. J'en conviens. Mais tous deux sont engagés dans les liens d'un second mariage. Dès lors ils sont exclus par le droit canonique. Reste donc Simplicius. Il est parvenu à un âge où il joint l'activité de la jeunesse à la maturité et à la prudence des vieillards. Au point de vue de l'instruction et de la littérature, on peut dire que la science le dispute chez lui à la distinction. Comme charité, je fais appel à tous vos souvenirs, est-il un citoyen, un clerc, un étranger, un petit, un grand, qui n'ait trouvé chez lui conseil, bienveillance, appui? Le pain qu'il mange est le reste de celui qu'il a distribué aux indigents. Vous savez comment il s'est acquitté de ses diverses ambassades, soit à la cour des rois couverts de peaux1, soit auprès des princes revêtus de la pourpre. Si l'on demande à quelle école il s'est formé à la discipline de l'Eglise, aux enseignements de la foi, il ne faut que se rappeler dans quelle famille il a reçu le jour. Vous savez tous la façon miraculeuse dont il vit briser ses fers, à une époque où il était prisonnier des barbares. Lors de l'élection d'Eulodius, son parent, vous avez fait retentir son nom parmi ceux de vos candidats. J'allais omettre l'un de ses plus glorieux titres. Au
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1 Ante pellitos reges. C'est ainsi que Sidoine Apollinaire désigne les monarques visigoths, par opposition aux empereurs romains et à leurs représentants à Arles, qu'il appelle : principes purpuratos.
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temps de Moïse, aux siècles antiques, comme dit l'Écriture, on vit les Hébreux se prosterner au désert devant Béséléel, parce qu'il avait dressé l'arche d'alliance. Plus tard, Salomon fut l'objet des mêmes hommages pour avoir consacré au temple de Jérusalem les trésors conquis sur les tribus de Chanaan. Simplicius, à la fleur de l’âge, simple soldat, fils de famille, avant d'être encore en possession de sa fortune patrimoniale, a construit seul et à ses frais votre église. La piété dont il a toujours donné l'exemple ne s'est jamais démentie ni devant l’indifférence des vieillards, ni devant l'ironique sourire de la jeunesse. Il a cette qualité que vous connaissez tous : jamais il n'a cherché la popularité; il ne s'est jamais préoccupé d'autre chose que de mériter l'estime des honnêtes gens, comptant pour rien le reste; aimant mieux rendre service aux hommes que leur plaire. C'est ainsi qu'un père sage n'hésite pas entre la sévérité et la tendresse; il se préoccupe de discipliner ses enfants non de les flatter. Fidèle dans ses amitiés, Simplicius se confie à des personnes dont le caractère éprouvé ne lui amène jamais de repentance. Au contraire, il est lent à croire aux inimitiés, et ne demande qu'à les voir disparaître. Enfin, il est d'autant plus méritant qu'il se croit moins de mérite ; il faut le rechercher d'autant plus pour l'épiscopat qu'il le recherche moins lui-même. Vous me demanderez peut-être comment je connais si bien Simplicius, moi qui l'ai à peine vu? Laissez-moi vous répondre qu'avant de venir à Bourges, j'ai rencontré plusieurs fois des citoyens de votre ville. En voyage, à l'armée, dans l'administration, à Rome, dans les Gaules, partout j'ai eu l'occasion d'entendre parler de Simplicius et toujours dans les mêmes termes. Il n'y avait qu'une voix sur son mérite, son désintéressement, sa vertu. On faisait les mêmes éloges de sa noble épouse, et des deux fils qu'elle lui a donnés. En conséquence, puisque vous avez bien voulu remettre à ma faiblesse le choix d'un évêque, puisque vous avez juré par serment de vous en rapporter à ma décision : Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, je déclare Simplicius métropolitain de notre province et évêque de cette ville de Bourges. A vous maintenant de confirmer par votre approbation, et suivant l'usage
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p424 PONTIFICAT DE SAINT SIMPLICIUS (467-183).
canonique le choix de l'homme de Dieu 1. «A ces mots, des applaudissements unanimes éclatèrent dans l'assemblée. Simplicius fut sacré, au milieu des acclamations enthousiastes du peuple de Bourges (472). Il méritait les éloges de Sidoine Apollinaire et l'Église a consacré sa vertu par l'auréole des saints.