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Que signifie pour moi la Fête‑Dieu?
Que signifie pour moi la Fête‑Dieu ? Eh bien, elle est d'abord le souvenir de jours de fête au cours desquels on prenait au pied de la lettre la formule de saint Thomas d'Aquin qu'il avait forgée à cette occasion dans l'une de ses hymnes pour la Fête‑Dieu ‑ quantum potes tantum aude ce que tu peux, il faut l'oser, pour le louer comme il convient...
Ces vers rappellent d'ailleurs une parole exprimée dés le IIe siècle par Justin le martyr. Dans son exposé sur la liturgie chrétienne, il écrit qu'il fallait que lui, le président, c'est‑à‑dire le prêtre, fasse monter vers le ciel, lors de la célébration de l'Eucharistie, des prières et des actions de grâces « avec toute la force dont il disposait102».
A la Fête-Dieu toute la communauté se sent appelée à cette tâche: ce que tu peux, il faut l'oser. Je sens encore le parfum montant des tapis de fleurs et des branches des frais bouleaux ; les façades ornées de toutes les maisons, les drapeaux, les chants en font partie ; j'entends encore la fanfare du village qui ce jour‑là osait même parfois aller au‑delà de ce qu'elle pouvait, et j'entends le claquement des pétards avec lesquels les garçons manifestaient leur baroque joie de vivre, tout en saluant ainsi dans leurs rues et leur village, comme un chef
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d'État et même comme le souverain, le Christ Seigneur de l'univers.
La Présence réelle perpétuelle du Christ était fêtée ce jour‑là comme la visite officielle d'un souverain qui ne néglige pas le plus petit village.
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-------- La Fête‑Dieu doit agir contre la faculté d'oubli de l'homme ; elle doit le rendre reconnaissant, et elle évoque ce qui est commun, la force unissante qu'engendre le regard porté sur l'unique Seigneur. ----------
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Mais revenons au concile de Trente. On y trouve en effet carrément dit qu'à la Fête‑Dieu on fête la victoire du Christ sur la mort, son triomphe.
On reprend là l'usage de la
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Rome antique d'honorer par un triomphe le chef d'armée revenant vainqueur, tout comme nos coutumes bavaroises honoraient le Christ comme une haute personnalité officielle.
--------C'est seulement s'il existe une réponse à la mort que l'homme a des raisons de se réjouir. -------- l'Eucharistie est la réponse à la question posée par la mort, la rencontre avec l'amour qui est plus fort que la mort.
La Fête‑Dieu est la réponse à ce qui est le coeur du mystère eucharistique. Une fois par an, elle met au premier plan la joie triomphale de cette victoire, et accompagne le vainqueur à travers les rues en un cortège triomphal. ------
---------- elle met en pleine lumière ce que recevoir signifie en vérité: donner au Seigneur l'accueil qui revient au vainqueur. Le recevoir signifie qu'on l'adore ; le recevoir, cela signifie de soi‑même: quantum potes tantum aude ‑ ce que tu peux, il faut l'oser.
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---- L'unité ---se réalisera -------par le rayonnement de la joie pascale ; celle‑ci mène au coeur de la profession de foi chrétienne qui est: Jésus est ressuscité.
Elle mène jusqu'au coeur de l'existence humaine qui attend cette joie de toutes ses fibres. Aussi peut‑on dire de la joie pascale qu'elle est l'élément essentiel de l'oecuménisme et de l'action missionnaire ; c'est en elle qu'ils doivent se manifester au monde.
C'est pour cela que la Fête‑Dieu existe. Et c'est le sens le plus profond de la formule : quantum potes tantum aude ‑ déploie toute la splendeur du beau lorsqu'il s'agit d'exprimer la joie des joies. L'amour est plus fort que la mort, en Jésus‑Christ Dieu est au milieu de nous.
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