LE MOZART DE LA BIBLE.
§ VII. Jésus au milieu des Docteurs.
30. «Or, dit l'Évangile, l'Enfant croissait et se fortifiait, dans la plénitude de la sagesse; et la grâce de Dieu était en lui. Ses parents allaient, chaque année, à Jérusalem, pour la fête de Pâque. Quand il eut atteint l'âge de douze ans, ils montèrent 1 à la Ville sainte, selon leur coutume. Au retour, après que les jours de la solennité se furent accomplis, l'enfant Jésus resta à Jérusalem, et ses parents ne s'en aperçurent point. Dans la pensée qu'il était avec quelques-uns de leurs compagnons de voyage, ils marchèrent toute une journée, et le soir, ils s'informèrent de lui parmi leurs proches et leurs connaissances. Ne l'ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour le chercher. Or, il arriva que le troisième jour, ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des Docteurs, les écoutant et les interrogeant. Tous ceux qui l'entendaient admiraient la sagesse de ses réponses. Pleins d'admiration à cette vue, ses parents s'approchèrent, et sa mère lui dit: Mon fils, pourquoi avez-vous agi de la sorte avec nous? Voici que votre père et moi, dans la désolation, nous étions à votre recherche! —Pourquoi me cherchiez-vous? répondit-il. Ne saviez-vous pas qu'il me faut occuper du service de mon Père? — Ils ne comprirent point le sens de cette réponse. Descendant avec eux, il revint à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère conservait toutes ces paroles dans son cœur. Or, Jésus croissait en sagesse, en âge et en grâce, devant Dieu et devant les hommes2.» Tels sont les seuls détails que l'Évangile nous ait transmis sur la divine enfance et toute la jeunesse du Verbe fait
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1. Il serait impossible d'insister sur toutes les expressions de l'Évangile qui emportent avec elles une preuve d'authenticité. De Nazareth à Jérusalem, en s'en tenant à la donnée géographique seule, un auteur, auquel manquerait la connaissance pratique des lieux, n'aurait pu se servir de l'expression monter. En effet, Nazareth se trouve à la hauteur du lac de Tibériade, que le Jourdain traverse pour descendre, suivant une ligne parallèle â la direction de Jérusalem. Le terme dont se sert l'Évangéliste était l'expression consacrée chez les Hébreux; la hauteur du plaleau sur lequel est située la Ville sainte l'explique suffisamment, et tous les pèlerins en ont vérifié la justesse.
2. Luc, II, 40-52.
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p358 HISTOIRE DE L'ÉGLISE. —lre ÉPOQUE (an 1-3I2).
chair. Suppléant au silence du texte sacré, le rationalisme ose inventer tout un chapitre, intitulé «Éducation de Jésus,» avec des assertions comme celles-ci: «Il apprit à lire et à écrire, sans doute selon la méthode de l'Orient, consistant à mettre entre les mains de l'enfant un livre qu'il répète en cadence, avec ses petits camarades, jusqu'à ce qu'il le sache par cœur 1.» Pour appuyer cette gratuite supposition, on jette au bas de la page une note ainsi conçue: «Jean, VIII, 6,» et le lecteur admire comment nul n'avait su, jusqu'ici, trouver, dans l'Évangile de saint Jean, la preuve que Jésus avait appris à lire et à écrire, comme tous les autres enfants. Or, au chapitre VIII, verset 6, de son Évangile, saint Jean raconte le touchant épisode de la femme adultère. Les Pharisiens amènent cette malheureuse aux pieds du Sauveur: «Maître, disent-ils, cette femme est coupable. La loi de Moïse nous ordonne de la lapider, quel est votre avis? Ils parlaient ainsi dans l'espoir de surprendre, sur les lèvres de Jésus, un mot qui pût servir de base à une accusation. Mais Jésus, incliné vers le sol, traçait, du bout du doigt, des caractères sur le pavé du Temple.» Voilà le texte de saint Jean qui prouve que Jésus apprit à lire et à écrire! On n'a jamais, au nom de la science, poussé plus loin le mépris de soi-même, du public, et de la vérité. La page précédente de saint Jean offrait ce verset significatif: «Les Juifs demeuraient dans l'étonnement, en écoutant la doctrine de Jésus, et ils se disaient: Comment sait-il les lettres, lui qui ne les a jamais apprises 2?» Qui donc le nouvel exégète espérait-il tromper, par un procédé aussi dérisoire? Nous ne prendrons pas la peine de relever chacune de ses erreurs volontaires. Quiconque aura la patience de confronter ses assertions avec le texte de l'Évangile partagera bientôt le sentiment de profonde pitié que nous inspire l'œuvre nouvelle. On ne discute pas sérieusement de pareilles fantaisies.
LE MOZART DE LA BIBLE.