Caritas in veritate 8

 

CHAPITRE IV

DÉVELOPPEMENT DES PEUPLES,


DROITS ET DEVOIRS, ENVIRONNEMENT

 

43. -------- les droits supposent des devoirs sans lesquels ils deviennent arbitraires [106]. -------- des droits élémentaires et fondamentaux d’une grande partie de l’humanité sont ignorés et violés [107]. ---------- les droits individuels, détachés du cadre des devoirs qui leur confère un sens plénier, s’affolent et alimentent une spirale de requêtes pratiquement illimitée et privée de repères. L’exaspération des droits aboutit à l’oubli des devoirs-------- les devoirs renforcent les droits et situent leur défense et leur promotion comme un engagement à prendre en faveur du bien. --------- Avoir en commun des devoirs réciproques mobilise beaucoup plus que la seule revendication de droits.

44. ------- [110]. Considérer l’augmentation de la population comme la cause première du sous-développement est incorrect, même du point de vue économique: -------- en ce qui concerne la sexualité: on ne peut la réduire à un pur fait hédoniste et ludique, de même que l’éducation sexuelle ne peut être réduite à une instruction technique, dans l’unique but de défendre les intéressés d’éventuelles contaminations ou du « risque » de procréation. -------- À tout cela, on doit opposer, en ce domaine, la compétence primordiale des familles [111] par rapport à celle l’État et à ses politiques contraignantes, ainsi qu’une éducation appropriée des parents.

L’ouverture moralement responsable à la vie est une richesse sociale et économique. -------- les États sont appelés à mettre en œuvre des politiques qui promeuvent le caractère central et l’intégrité de la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme, cellule première et vitale de la société [112]. ------------

45. --------- Une « finance éthique » se développe surtout à travers le microcrédit et, plus généralement, la microfinance. -----------

-------- l’Église a une contribution spécifique à apporter, qui se fonde sur la création de l’homme « à l’image de Dieu » (Gn 1, 27), principe d’où découle la dignité inviolable de la personne humaine, de même que la valeur transcendante des normes morales naturelles. -------------

47. --------- Dans les interventions en faveur du développement, le principe de la centralité de la personne humaine doit être préservé car elle est le sujet qui, le premier, doit prendre en charge la tâche du développement. L’urgence principale est l’amélioration des conditions de vie des personnes concrètes d’une région donnée, afin qu’elles puissent accomplir ces tâches qu’actuellement leur indigence ne leur permet pas de remplir. ------- Les programmes de développement, pour pouvoir être adaptés aux situations particulières, doivent être caractérisés par la flexibilité. Et les personnes qui en bénéficient devraient être directement associées à leur préparation et devenir protagonistes de leur réalisation. -------------

La coopération internationale -------- les Organismes internationaux eux-mêmes devraient s’interroger sur l’efficacité réelle de leurs structures bureaucratiques et administratives, souvent trop coûteuses. Il arrive parfois -------- que les pauvres servent de prétexte pour faire subsister des organisations bureaucratiques coûteuses qui réservent à leur propre subsistance des pourcentages trop élevés des ressources qui devraient au contraire être destinées au développement. --------

48. -----le rapport de l’homme avec l’environnement naturel-------Dans la nature, le croyant reconnaît le merveilleux résultat de l’intervention créatrice de Dieu, dont l’homme peut user pour satisfaire ses besoins légitimes -------Si cette vision se perd, l’homme finit soit par considérer la nature comme une réalité intouchable, soit, au contraire, par en abuser. -------

La nature est l’expression d’un dessein d’amour et de vérité. Elle nous précède et Dieu nous l’a donnée comme milieu de vie. Elle nous parle du Créateur (cf. Rm 1, 20) et de son amour pour l’humanité. Elle est destinée à être «récapitulée» dans le Christ à la fin des temps (cf. Ep 1, 9-10; Col 1, 19-20). ------ La nature est ------- un don du Créateur qui en a indiqué les lois intrinsèques afin que l’homme en tire les orientations nécessaires pour « la garder et la cultiver » (Gn 2, 15). Toutefois, il faut souligner que considérer la nature comme plus importante que la personne humaine elle-même est contraire au véritable développement. Cette position conduit à des attitudes néo-païennes ou liées à un nouveau panthéisme: ------la nature ------- c’est l’œuvre admirable du Créateur, portant en soi une «grammaire » qui indique une finalité et des critères pour qu’il soit utilisé avec sagesse et non pas exploité de manière arbitraire. --------- L’homme interprète et façonne le milieu naturel par la culture qui, à son tour, est orientée par la liberté responsable, soucieuse des principes de la loi morale. Les projets en vue d’un développement humain intégral ne peuvent donc ignorer les générations à venir, mais ils doivent se fonder sur la solidarité et sur la justice intergénérationnelles, en tenant compte de multiples aspects: écologique, juridique, économique, politique, culturel [117].

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon