La foi chrétienne hier et aujourd’hui 59

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   Karl Barth a exprimé cette vue de la foi en ces termes: «Jésus est le porteur d'une certaine fonction; Il n'est donc pas homme d'abord, pour avoir ensuite également cette fonction... Il n'existe pas d'humanité neutre de Jésus...

 

L'étrange affirmation de Paul, dans 2 Co 5, 16 “Si nous avons connu le Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière », pourrait être prononcée au nom même des quatre évangélistes... Ceux‑ci n'ont éprouvé aucun intérêt pour ce que cet homme a pu avoir été et avoir fait en dehors de sa fonction de Christ, c'est‑à‑dire abstraction faite de l'accomplissement de cette fonction.

 

Même en racontant qu'il a eu faim et soif, qu'il a mangé et bu, qu'il a été fatigué, qu'il s'est reposé et a dormi, qu'il a aimé, éprouvé de la tristesse, qu'il s'est fâché et a même pleuré, ils n'ont fait que mentionner les circonstances qui ont accompagné des événements dans lesquels, à aucun moment, il n'est possible de voir apparaître quelque chose comme une personnalité vivant indépendamment de son oeuvre, possédant certains désirs personnels, certaines tendances ou passions particulières... L'être de Jésus en tant qu'homme est identique à son oeuvre 8. »

 

Autrement dit: l'énoncé décisif de la foi au sujet de Jésus se trouve dans l'unité indissoluble des deux mots « Jésus‑Christ», qui traduit l'expérience de l'identité de l'existence et de la mission.

 

En ce sens, l'on peut parler réellement d'une «christologie fonctionnelle »: toute la personnalité de Jésus est fonction du « pour nous », mais la fonction elle‑même est pour cette raison identique à l'être.

 

   De ce point de vue, on pourrait finalement affirmer que la doctrine et les actions du Jésus historique ne sont pas importantes

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p135 JE CROIS EN JESUS‑CHRIST

 

en tant que telles; le simple Dass suffit, si précisément l'on entend par là que ce Dass dit toute la réalité de la personne; celle‑ci, comme telle, est sa doctrine, et, comme telle, elle coïncide avec son oeuvre, trouvant là son caractère propre et unique dans l'histoire.

 

La personne de Jésus, c'est sa doctrine, et sa doctrine, c'est lui-même. Aussi la foi chrétienne, c'est‑à‑dire la foi qui reconnaît en Jésus le Christ, est véritablement une « foi personnelle ».

 

   Ce que cela représente, on ne peut le comprendre vraiment que de ce point de vue. Une telle foi n'est pas l'acceptation d'un système, mais l'acceptation de cette personne qui est sa parole; l'acceptation de la parole comme personne et de la personne comme parole.

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon