La lectio divina
La lectio divina est une prière intérieure que l’on fait « en lisant l’Écriture Sainte de façon non académique, mais spirituelle »[1]. La lecture académique « devrait arriver au même résultat que la lectio divina puisque toutes deux s’appliquent au même mystère de foi »[2]. Il y a cependant, plus de probabilité que la lecture académique, surtout dans les études exégétiques et théologiques, « s’arrête au niveau de l’intelligence sans parvenir jusqu’au cœur et à la volonté »[3]. Au contraire, la lectio divina touche le cœur du croyant, car elle n’est pas une étude mais plutôt une prière. Cette prière se déroule en quatre étapes principales notamment lectio (la lecture), meditatio (la méditation), oratio (l’oraison) et contemplatio (la contemplation). La contemplation dont il s’agit dans cette quatrième étape est un simple regard sur Dieu ; un simple élan vers lui qui s’adresse le premier à l’homme pendant la lectio, en lui communiquant sa parole qu’il médite avant de converser avec lui pendant l’oratio.
La manière de dialoguer avec Dieu évolue autant que celui qui prie sent la présence de Dieu auprès de Lui. Plus l’homme se sent proche de Dieu, plus il parle bas. Plus il éprouve la joie de cette proximité de Dieu, plus les paroles diminuent. Finalement, il peut arriver que toute parole cesse dans la joie silencieuse qui introduit celui qui prie dans la contemplation. La contemplation est, dans ce cas, « une certaine élévation de l’âme attirée au-dessus d’elle-même et savourant les joies de la douceur éternelle »[4]. Cette expérience est une grâce toute pure de Dieu « qui est entré dans la partie la plus intérieure et la plus profonde de notre être »[5] au long des trois étapes précédentes de la lection divina. Cependant, même si l’on ne serait pas favorisé de cette grâce extraordinaire, Dieu ne peut pas refuser à tout un chacun qui pratique la lectio divina la grâce de reconnaître qu’il nous est plus proche que nos vêtements, qu’il nous aime et qu’il a soif d’être aimé par nous.
Le missionnaire qui a appris cette vérité par expérience et non dans les théories est le seul capable de mieux exhorter les païens à se convertir, à s’approcher de Dieu par la pratique des vertus et dans la prière et faire l’expérience de son amour éternel. Ce missionnaire a vraiment quelque chose à dire à tout homme, car il parle en se fondant sur une profonde intimité avec Dieu. Aux doutes, aux objections, il peut opposer la force de cette phrase : ‘‘Et pourtant il en est ainsi, car j’en ai fait l’expérience.’’ Et de la sorte il peut intervenir pour l’honneur de Dieu, et être un soutien pour les autres.[6]
[1] BENOÎT XVI – R. SARAH, Des profondeurs de nos coeurs, p. 148.
[2] A. –C. BERNARD, Traité de théologie spirituelle, p. 370.
[3] Ibid.
[4] GUIGUES LE Chartreux, Lettre sur la vie contemplative (L’Échelle des moines), SC II, 35.
[5] T. MWITEGERE, « Qu’est-il écrit dans la loi ? Comment lis-tu ? (Lc 10, 26 » in Urunana 149 (Pâques 2018), p. 66.
[6] R. GUARDINI, Initiation à la prière, pp. 163-164.