p69 Foi, PHILOSOPHIE ET THÉOLOGIE
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------------- La foi, lorsqu'elle affirme l'existence de Dieu, pose une assertion philosophique, et plus précisément ontologique. D'autant plus que ce Dieu a puissance sur la totalité du réel. Un Dieu impuissant est une contradiction en soi.
S'il ne peut ni agir, ni se manifester, ni être interpellé, et s'il n'est qu'une dernière hypothèse de pensée, il n'a aucun rapport avec celui que les homines religiosi appellent «Dieu”.
Par ailleurs, l'affirmation d'un Dieu créateur et sauveur de tous
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p70 DISCERNER ET AGIR
------- est une affirmation sur la réalité prise en elle‑même.
Cette prétention de la pensée «Dieu” à interpeller la raison humaine universellement, s'atteste dans la critique de la religion des prophètes d'Israël et des Livres sapientiaux de la Bible.
Si l'on y dénonce si durement les idoles faites de main d'homme, et si on leur oppose le seul Dieu réel, c'est le même mouvement qui est à l'oeuvre chez les présocratiques au premier âge des Lumières, dans la Grèce antique.
Lorsque les prophètes voient dans le Dieu d'Israël le principe créateur de toute réalité, leur critique de la religion soutient une juste compréhension de la réalité. La foi d'Israël transcende ici nettement les limites d'une religion populaire; elle prétend à l'universalité qui a trait à la raison qui s'y fait jour.
Sans cette critique prophétique de la religion, l'universalité du christianisme serait demeurée impensable. Par elle a été préparée, à l'intérieur d'Israël lui‑même, cette synthèse du grec et du biblique que les Pères ont ardemment promue. -------------
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p71 Foi, PHILOSOPHIE ET THÉOLOGIE
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------- On trouve chez saint Bonaventure deux réponses majeures à la question de savoir si et pourquoi il est légitime de tenter de comprendre le message de la Bible en usant des méthodes de la philosophie.
La première fait référence à un topos classique (1 Pierre 3, 15) sur lequel on fondait la théologie systématique « ... Toujours prêts à répondre à quiconque vous interroge sur les raisons de l'espérance qui est en vous --------
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p72 Fr‑DISCERNER ET AGIR
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On remarque chez Bonaventure une autre justification de la théologie, -------- il se peut que la foi veuille comprendre par amour pour ce à quoi elle consent14. L'amour veut comprendre; il veut toujours mieux comprendre ce qu'il aime. «Il cherche son visage», comme dit saint Augustin avec les Psaumes15.
Aimer, c'est vouloir connaître; aussi, chercher à comprendre peut être une exigence intérieure de l'amour. Autrement dit: il y a une relation entre amour et vérité aussi importante pour la théologie que pour la philosophie. La foi chrétienne peut dire d'elle‑même: j'ai trouvé l'amour.
Mais l'amour du Christ et l'amour du prochain à partir du Christ ne peuvent avoir pleine consistance que s'ils sont amour de la Vérité. La mission en reçoit un nouvel éclairage: le véritable amour du prochain cherche aussi à donner ce dont l'homme a le plus profond besoin: la connaissance et la vérité.
Nous sommes partis de la question de la mort, aiguillon philosophique de la foi. Puis nous avons découvert la question de Dieu et son universalité comme le lieu philosophique de la théologie.
A cela nous pouvons ajouter un troisième thème: l'amour, au centre de ce qui est chrétien et référence obligée de « la loi et les prophètes », est simultanément éros de la vérité; et ce n'est qu'ainsi qu'il peut prospérer comme agapè de Dieu et des hommes.
