Foi vérité tolérance 27 

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------ Pour conclure, je tenterai une échappée susceptible d'indiquer la direction. Nous avons vu que l'unité originelle du rapport entre rationalisme et foi -------- a été bien moins rompue par le développement de la foi que par les nouvelles avancées du rationalisme.

 

Comme relais de ce processus de divergence, on pourrait citer

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Descartes, Spinoza, Kant. La tentative d'une nouvelle synthèse globale chez Hegel ne restitue pas à la foi son lieu philosophique, mais vise à la convertir totalement en raison et à l'abolir en tant que foi.

 

A cet absolu de l'esprit, Marx oppose la singularité de la matière; la philosophie doit désormais être ramenée à une science exacte. Seule la connaissance scientifique exacte est encore une connaissance. Par ce moyen, la référence au divin est évacuée.

 

La déclaration d'Auguste Comte selon laquelle un jour viendrait où il y aurait une physique de l'homme et où l'on traiterait à l'avenir les grandes questions jusque‑là abandonnées à la métaphysique de façon «positive”, à l'instar de tout ce qui déjà est science positive, a trouvé au XXe siècle un écho impressionnant dans les sciences humaines.

 

La distinction opérée par la pensée chrétienne entre physique et métaphysique se rétrécit toujours davantage. Tout doit redevenir «physique”38. La théorie de l'évolution n'a cessé de se cristalliser comme la voie propre à faire disparaître enfin la métaphysique, à rendre superflue «l'hypothèse Dieu” (Laplace), et à formuler une explication du monde strictement «scientifique ». ---------

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------- l'idée chrétienne de Dieu doit être tenue pour non scientifique. Aucune theologia physica [grec] ne lui correspond plus: la seule theologia naturalis est, de ce point de vue, la doctrine de l'évolution, qui justement ne connaît plus de Dieu, ni comme créateur dans le sens du christianisme (du judaïsme et de l'islam), ni comme âme du monde ou force d'impulsion intérieure.

 

À la rigueur pourrait‑on, dans la perspective du bouddhisme, considérer tout l'univers comme apparence et le rien comme la seule réalité, et justifier dans ce sens des formes de religion mystiques, qui au moins ne rivaliseraient pas directement avec le rationalisme.

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------ Tout est dit avec un type de réponse que nous trouvons chez Popper, sous la formulation suivante: -------- La question est de savoir si la raison, ou plutôt le raisonnable, préside au début et à l'origine de toutes choses, ou non.

 

Le réel est‑il issu du hasard et de la nécessité (ou, pour parler comme Popper, à la suite de Butler, de luck et cunning ‑ d'heureux hasard et de probabilité), donc de l'irrationnel, et la raison est‑elle un produit accidentel de l'irrationnel, finalement sans signification, dans l'océan de l'irrationnel?

 

L'affirmation initiale de la foi et de la philosophie chrétiennes qui énonce: In principio erat Verbum ‑ à l'origine de toutes choses est la force créatrice de la raison demeure‑t‑elle vraie? La foi chrétienne prend, aujourd'hui comme autrefois, une option pour la priorité de

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la raison et du raisonnable. --------

 

   Nous avons vu que dans la conception de la chrétienté primitive, ------ L'orientation de la religion vers une vue de la réalité rationnelle avant tout, l'ethos comme partie de cette vision, et son exercice concret sous le primat de l'amour, se sont étroitement unis ensemble.

 

Le primat du Logos et le primat de l'amour

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se sont révélés identiques. Le Logos n'est pas apparu seulement comme raison mathématique à l'origine de toutes choses, mais comme amour créateur, au point de devenir com‑passion avec la créature.

 

L'aspect cosmique de la religion qui vénère le Créateur dans la puissance de son Être, et son aspect existentiel ‑ la question de la rédemption ‑ sont apparus ensemble comme étant Un. -----------

 

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