Païens du Nord

Darrad tome 28 p. 614


§ V. IDOLATRIE ET MAHOMÉTISME.

 

41. Grégoire IX déployait un zèle tout aussi grand contre l'idolâ­trie, qui dominait encore chez les peuples du nord de l'Europe. En 1230, il enflammait le zèle des Dominicains d'Allemagne, les exci-

-----------

1. Gregor., Epist., îv, 85, 86, 87.

2 Godefr., Annal., ann. 1230. — Joas. Marias., de Reb. Hisp., xi, 14.

3 Gregor., Epist., iv, 91.

4. Sorita, in Jacob, reg. Arag., m, 8, 9. — Joax. Marias., de Reb. Hisp.,  ni, 14. — Bertard., Chron. Rom. Pont., ann. 1229.

5 Gregor., Epist., iv, 92.

6. Gregor., Epist., v, 22.

==========================================


p615 CHAP.   X.   —   IDOLATHIE   ET   MAHOMÉTISME.               

 

tant à porter le flambeau de la Foi chez les païens des bords de  la Baltique. Il écrivait en même temps à tous les fidèles des provinces de Magdebourg, de Brème, de la Pologne, de la Poméranie, de la Moravie, du Holstein et du Gothland, pour leur ordonner de prêter leur concours aux missiounaires, qui allaient travailler à  la  con­version de ces barbares dont les continuelles hostilités causaient les plus grands dommages aux naissantes chrétientés voisines de  leur territoire1. Les chevaliers Teutoniques  recevaient des exhortations semblables, et le Pape, dans une lettre qu'il leur adresse à ce sujet, donne de chaleureux éloges à Conrad, duc de Mazovie, pour  avoir appelé dans ses États des Frères Prêcheurs, qui s'emploieront à con­vertir et à civiliser les Rutènes2. Conrad, dont la principauté tou­chait aux terres de ces peuples barbares, avait à  souffrir chaque jour de leurs incursions. Il avait donc fait également venir sept frè­res de l'Ordre des chevaliers Teutoniques, et les avait d'abord éta­blis au château de Dobrzin. Plus tard il avait donné à cet Ordre Nieschon avec quelques dépendances. Puis encore, ayant remporté, grâce à leur concours, une grande victoire sur les Butènes, il les enrichit des territoires de Chelma et de la Lubanie, sur  l'avis  des évêques et des princes, avec l'assentiment de sa femme Alafra et de ses fils Boleslas, Casimir et Sémovit3. Grâce au zèle infatigable des apôtres envoyés dans ces lointaines contrées par la famille domini­caine, la propagation de la Foi dans le  Nord de  l'Europe faisait d'incontestables  progrès. L'Église  de Poméranie, par exemple, comptait à cette époque un nombre de fidèles assez grand pour pou­voir s'affirmer au grand jour et se défendre en lutte ouverte contre les sectateurs des idoles. Grégoire IX consacrait alors cette récente conquête de Jésus-Christ, en la recevant sous la tutelle du siège de Pierre. L'année 1231 fut également marquée  en  Russie par  une éclatante victoire du catholicisme romain sur le schisme grec.  Le roi de Russie, qui suivait le rit grec et le faisait  suivre  dans son royaume, en y mêlant des pratiques et des superstitions  païennes,

-----------

1 Ghegor., Epist., iv, 61, 62.

2 Gregor., Epist., m, 111 ; iv, 63.

3 DuiGoscn.,  Hist.  Polon., ann.   1230. — Gregor., Epist.,  vm, 229, 289, 290.

==========================================

 

p616       PONTIFICAT DE  GRÉGOIRE  IX   (1227-1241).

 

que toléraient les ministres de l'Eglise schismatique, manifestait le vif désir de se dépouiller de toutes ces erreurs et d'en délivrer ses sujets. Cette heureuse nouvelle combla de joie le cœur du Souve­rain Pontife ; il écrivit aussitôt à ce prince pour l'affermir dans ce pieux dessein1.

 

   42. Pour donner à la propagation de la foi l'unité de direction qui devait en rendre les fruits plus abondants et plus durables, le Pape nomma légat chez les peuples de la Baltique l'évêque de Sémigallie qui avait été, avant d’être élevé a ce siège, l’un des apôtres les plus zélés de l'Evangile dans ces contrées. La province confiée à ses soins embrassait la Livonie, la Gothie, la Finlande, l'Estonie, la Sémigallie et la Courlande 2. Entre autres peuples qui rejetèrent à cette époque les superstitions du paganisme pour s'attacher à la Foi catholique, il faut citer les Curons. Le Saint-Siège leur conféra, en 1232, de remarquables privilèges, notamment celui de demeurer indépendants des rois de Danemark et de Suède, tant qu'ils persévé­reraient dans la pureté de la foi. Il confirma la charte que leur avait accordée le cardina-légat Othon dans le temps de sa légation en Danemark. Cette charte prouve trop bien que les missionnaires, outre qu'ils étaient les apôtres de la vérité religieuse, étaient aussi les généreux pionniers de la civilisation, pour qu'il ne soit pas utile d'en faire ressortir un trait essentiel. Ce document établit d'abord que le roi Lammechin et les Curons ses sujets, dont il énumère les territoires et les possessions, se sont offerts pour recevoir la foi catholique, remettant par l'entremise du légat entre les mains du Pape leurs personnes et leurs biens et promettant obéissance per­pétuelle aux ordres du Saint-Siège. Il continue ensuite : «Et nous, vicaire du Pape dans ces contrées, du commun avis de l'Eglise, de l'abbé de Dunemund, de tous les marchands, des soldats de Jésus-Christ, des pèlerins et des citoyens, nous avons fait avec eux le pacte suivant. » Une charte presque identique fut accordée aux Curons qui n'étaient pas sujets de Lammechin3. L'intervention des marchands

---------------

1. Gregor., Epist., v, 97, 99.

2. Gregor., Epist., v, 172 et 1S2.

3 Gregor., Epist., y, 186.

========================================

 

p617  CHAP. X.   —  IDOLATRIE  ET  MAIIOJIÉTISME.                                                 

 

et des citoyens de Riga dans le pacte ne prouve-t-elle pas surabon­damment jusqu'à quel point les relations internationales et le com­merce étaient intéressés dans la question ? Il y a là autant un traité de commerce de peuple à peuple qu'une convention religieuse ; on peut dire que la naissance de la ligue hanséatique et sa mer­veilleuse prospérité au moyen-âge furent l'œuvre des missionnaires chrétiens. Les chartes accordées aux néophytes du Nord les obli­geaient à prendre les armes tant pour la défense de leurs terres que pour la propagation de la foi.

 

   43. Cette mesure n'était-elle pas des plus sages à une époque et dans des contrées où les idolâtres complotaient sans cesse contre la religion nouvelle et faisaient une guerre sanglante à ceux qui l'avaient embrassée. Les Rulènes, chez lesquels la prédication de l'Evangile avait donné des espérances que l'apostasie des néophytes avait bientôt renversées, réunirent toutes leurs forces et se jetèrent en 1232 sur la Prusse chrétienne, livrant au pillage et à l'incendie les cloîtres, les églises, et jusqu'à dix mille paroisses. Plus de vingt mille chrétiens périrent par le glaive ou dans les tortures de supplices inouis ; plus de cinq mille furent faits esclaves, et le reste des habitants de la Mazovie, de la Cujavie et de la Poméranie dut chercher un asile dans les profondeurs des forêts. Les païens avaient juré leur extermination. Les jeunes hommes qui tombaient en leur pouvoir étaient condamnés à d'intolérables et continuels travaux, qui ne tardaient pas à briser leurs forces et à les épuiser. Les jeunes filles, après avoir été profanées indignement, étaient cou­ronnées de fleurs, puis au milieu des sarcasmes et des outrages d'une soldatesque en délire, jetées dans les flammes du bûcher en l'honneur des idoles. Les vieillards étaient empalés, les enfants écrasés conlre Us rochers ou les libres. Seuls les chevaliers Teutoniques osaient tenir la campagne et tâchaient d'opposer une digue à ce débordement de la barbarie qui menaçait de tout engloutir. Mais, réduits à leurs seules forces, comment eussent-ils fait pour n'être pas accablés sous ce choc formidable ? Il était de la dernière urgence d'appeler une croisade à leur secours. Ce furent les habi­tants de la Bohème que le Saint-Siège chargea de cette expédition,

=========================================

 

p18           PONTIFICAT  DE  GRÉGOIRE  IX   (1227-1241).

 

en tournant vers les barbares du Nord tous ceux de ce royaume qui avaient fait vœu d'aller combattre en Terre-Sainte 1. L'année d'après, 1233, les chevaliersTeutoniques, avec l'aide des croisés de Bohème, avaient vaincu et repoussé cette terrible invasion. Les Rutènes ouvrirent alors des pourparlers avec leurs vainqueurs, et leur demandèrent d'annoncer au Pape qu'ils étaient dans la ferme inten­tion de recevoir le baptême et d'embrasser le Christianisme. Gré­goire, s'abandonnant à la joie que lui causait l'espérance de leur conversion, leur écrivit aussitôt, les exhortant à persévérer dans leur dessein et à lui envoyer des ambassadeurs avec lesquels il con­duirait à bonne fin cette importante affaire2. Mais, les perfides n'avaient pris que le masque de la piété, dans le but d'obtenir de la ruse ce que n'avait pu leur donner la force. La fraude parut au grand jour, ils chargèrent de fers l'évêque de Prusse, qu'ils avaient attiré sous le prétexte de recevoir de lui le baptême ; ils massa­crèrent toute la suite du prélat3.

 

   44. Heureusement la Prusse était alors sous la protection d'une armée considérable de croisés accourus de tous les royaumes voisins, les forteresses avaient été relevées de toutes parts, et les soldats de Jésus-Christ, dont la parole ardente des Dominicains entretenait le zèle, opposaient aux entreprises des Rutènes une barrière difficile à renverser. Mais, pendant qu'on avait à contenir les Rutènes idolâtres, il fallait en même temps réfréner les fureurs des Stettingiens apostats, dans le diocèse de Brème. La lutte avait commencé en 1230. Hermann, seigneur de Lippe et frère de l'arche­vêque de Brème, ayant pris les armes contre eux; avait péri dès le premier choc, et l'armée chrétienne était en complète déroute4. Cette victoire doubla l'insolence  des apostats ; foulant aux pieds toutes lois, humaines et divines, ils répandaient le sang comme l'eau. Leur cruauté s'acharnait surtout contre les ecclésiastiques et les moines. Ils en étaient revenus aux superstitionslesplus absurdes

---------------------------

1 Gregor., Epist., v, 168.

2 Gregor., Epist., vi, 232.
3.
Gregor.,Epist., vu, 308.

4 Abb. Stad., Chron., ann. 1230.

==========================================

 

p619 CHAP. x. — îDOLATKiE et mauométisme.

 

et les plus abominables du paganisme 1. En 1232, ils détruisent de fond en comble la forteresse de Sluter, que venait à peine de cons­truire l'archevêque de Brème2. Alors le Souverain Pontife provo­que la prédication d'une croisade chez les peuples voisins pour mettre fin à leurs excès impies ; il s'adresse notamment aux évêques de Minden, de Racemburg et de Lubeck3. L'hérésie des Sttetingiens avait d'ailleurs sous diverses formes étendu ses ramifications dans tout le nord de la Germanie. Grégoire ne se contenta donc point d'écrire aux archevêques et aux évêques contre les hérétiques, qui abjuraient pour se soustraire aux peines édictées contre eux, et qui retournaient ensuite à leurs anciennes superstitions4 ; il s'adressa pareillement à l'un des orateurs sacrés les plus éloquents de cette époque, à Conrad de Marburg, le chargeant d'apporter tout son zèle à la conversion de ces malheureux, et de recourir à la force des armes, si la persuasion était impuissante contre leur entête­ment5. Mais le mal était trop invétéré pour que la prédication de la vérité fût un remède suffisant. C'est pourquoi le Saint-Siège, en 1233, s'adresse encore à l'archevêque de Mayence, à l'.vêque d'Hildesheim et au même Conrad de Marburg, pour que la force des armes temporelles soit immédiatement déchaînée contre les Stettingiens. Les mêmes exhortations furent adressées aux suffragants de l'archevêque de Mayence. Enfin Grégoire supplia Frédéric de pous­ser les barons allemands à s'armer pour cette guerre sainte, et s'efforça de mettre le fils de l'empereur à la tête de celle levée de boucliers6.

 

45. Les Stettingiens n'étaient que les rénovateurs des plus repoussantes impuretés de l'antique secte des Gnostiques, désormais alliés  

----------

1. Albert, abbé de Stade, raconte les  événements d'Allemagne de visu, pour    ainsi dire. C'est en  cette  année 1232 qu'il fut revêtu de la  dignité  abbatiale comme  successeur de Chuspbore, qui venait de  mourir. J'aurai(s ?)  souvent recours à sa chronique, l'un  des  plus précieux .monuments  historiques de l'époque.

2. Abb. Stad., Chron., 1232.

3 Gregok., Epist., vi, 131 et 28G.

4 Gregor., Epist., vi, 333.
5.
Gregor., Epist., vi, 173.

6.  Gregor., Epist., vu, 177, 178, 179, ISO.

==========================================

 

620   PONTIFICAT  DE  GRÉGOIRE  IX  (1227-1241).

 

aux manichéens ; la monstruosité de cette doctrine explique l'énergie qui fut mise à la réprimer 1. Leur puissance était d'ailleurs déjà fort redoutable, et Conrad de Warburg, qui après avoir été le con­fesseur d'Elisabeth de Thuringe du vivant de cette sainte princesse, avait eu le courage d'accepter maintenant du Saint-Siège la mis-

---------------

1. Nous demandons d'avance pardon de la note suivante, qu'on ne devra jamais lire en public; mais il importe, aujourd'hui surtout, de bien établir quelle abjecte créature devieut celui qui renouce à la foi, quels horribles mystères remplacent fatalement les mystères si purs et si lumineux du Christianisme. On peut juger les Stettingiens par la cérémonie d'initiation. Au novice, dès son premier pas dans le conciliabule, apparaissait un monstrueux crapaud, de la grosseur d'une oie ou d'un canard. Il voyait les membres de l'assemblée, groupés autour de cette bête hideuse, la baiser les uns sur le derrière et les autres à la gueule. Ceux-ci recevaient même dans la bouche sa langue et sa salive. Le novice faisant quelques pas de plus se trouvait soudain en face d'un homme d'une pâleur cadavérique, aux yeux d'un noir d'ébène, si angu­leux et si maigre, que les chairs semblaient s'être desséchées pour ne laisser que la peau sur les os. Ce squelette vivant pressait le novice dans ses bras et appuyait longuement sur ses lèvres des lèvres plus froides que la glace. Si le novice ne prenait pas la fuite, toute mémoire de la foi catholique était bien éteinte en lui; il avait subi les premières épreuves de l'initiation. On s'asseyait ensuite à un copieux banquet. Quand le repas était fini, le long d'une haute statue, comme il y en avait toujours une dans ces sortes de réunions, descen­dait à reculons, à la manière d'un chien le long d'une échelle, un petit chat tout noir, la queue haute et recourbée; et le novice devait lui donner le baiser au-dessous de la naissance de la queue. Puis le maître répétait la même dégoû­tante pratique, et, suivant son rang dans la secte, chacun des disciples après lui, ceux-là seuls toutefois qui étaient appelés parfaits. Pour les imparfaits, qui ne se jugeaient pas dignes de toucher de leurs lèvres l'orifice sacré de l'animal, les lèvres privilégiées du maitre leur transmettaient le baiser de paix. Alors, chacun étant à son rang, et après qu'on avait psalmodié certaines incantations, tous se tenant la tête profondément inclinée devant la bête : Epargne-nous, disait le maître ; et il donnait à voix basse à ses deux voisins à droite et à gauche, un ordre qu'ils transmettaient à ceux qui occupaient le troisième rang, lesquels répondaient : Nous savons, maître ; à quoi ceux qui occupaient le quatrième rang ajoutaient : Et nous devons obéir. Après cette cérémonie, les lumières étaient éteintes. Après des turpitudes sans nom 2, les flambeaux étant rallumées, chacun reprenait son rang, et d'un angle obscur

-----------

2 « Coitiones perprelrautes, » disent les lettres pontificales, « quae stuporem inferuDt meditata, et fletus materiam potius offerunt, quam relalus. » Les aveux faits par les Stettingiens devant les juges firent d'ailleurs pleinement connaître les « horrenda libidiuum genera » auxquels ils avaient coutume de se livrer dans leurs conciliabules.

========================================

 

p621 CHAP. X.   —  IDOLATRIE  ET JIAUOMÉT1&ME.                                                  

 

sion de prêcher la croisade contre eux, n'échappa point à leur ven­geance. Le 30 juin 1233 il tomba martyr sous leurs coups avec un compagnon de ses travaux apostoliques, le franciscain Gérard. Il avait cité le comte de Sein à comparaître le 25 juillet précédent devant une assemblée solennelle des prélats et des princes, à Mayence. Le comte, impuissant à se disculper, ne comparut pas, et Conrad prêcha la croisade contre lui. Trente-cinq jours après, les satellites du comte de Sein massacraient dans un odieux guet-apens le courageux apôtre et son compagnon 1. Le duc Henri de Brabant et le comte Florent de Hollande furent des premiers à prendre la croix contre les Stettingiens. La campagne s'ouvrit à la fin de juin de l'an 1234, et la première rencontre mit fin à la guerre, parce que tous les hérétiques avaient marché au combat. Il eut lieu dans la plaine d'Oldenech. Au début, les croisés du duc de Brabant et du comte de Hollande, faisant irruption sur l'ennemi, trouvèrent une telle résistance qu'ils durent se replier vers leurs positions. Le comte, reprenant l'élan avec ses troupes du haut de la colline qu'elles occupaient, parvint enfin à faire une trouée dans les rangs des hérétiques. La mêlée devint horrible. En quelques heures plus  de  six  mille  Stettingiens avaient mordu la  pous-

--------------

de la salle sortait un homme resplendissant de lumière depuis la ceinture jusqu'au dessus de la tête, plus brillant que le soleil au dire des adeptes, tan­dis que de la ceinture aux pieds il était couvert d'un long poil hérissé comme celui d'un chat de gouttière. L'éclat de cet homme illuminait toute la salle. Alors le chef de la loge coupant un coin de l'habit du novice, disait à l'homme lumineux : Maître, ceci m'a été donné, je te le donne ; à quoi il était répondu : Tu m'as bien servi un grand nombre de fois, et tu me serviras mieux; je con­fie à ta garde ce que tu m'as donné. Aussitôt l'apparition s'évanouissait. — Les Stettingiens affirmaient que c'était par violence et par dol, contre toute justice, que Lucifer avait été précipité dans les enfers. Ils regardaieut Lucifer comme le créateur de toutes choses, prétendant qu'il devait recouvrer sa première gloire après avoir précipité le Seigneur de son trône usurpé, et disant qu'il ne faut rien pratiquer de ce qui plaît à Dieu, et pratiquer tout ce qui lui déplaît. — Nous faisons de l'histoire, et non un procès. Si la morale indépendante, la guerre à Dieu, le culte du démon et celui de la matière sont là, qu'ont inventé nos sociétés secrètes? Pas même le crapaud.

---------------

1 Grbgor., Epiât., vu, 347. — Anonym. Erford. in anonym. continuât. Scha-phnaburg., Ckron., ann. 1233. — Godefr., in Annal., Albreic. in C/tron., et Tkitûem, iu Chron. Sponli-, anu. 1233, — Gaamprat., u, 57, nuin. 23.

=========================================

 

622          P0NT1FICAT  DE  GRÉGOIRE  IX   (1227-1241).

 

sière, le reste fut poussé dans le Wéser et s'y noya. S'il en échappa quelques-uns, ils furent dispersés aux quatre vents du ciel. Les croisés eurent à pleurer la perte d'une dizaine de barons, entre autres de Henri de Oldenborg, un des plus braves chevaliers de son temps. Ils eurent surtout, et avec eux la Chrétienté tout entière, à déplorer la fin tragique du héros d'Oldenech, Florent de Hollande, qui fut traîtreusement assassiné pendant qu'il retour­nait dans ses Etats 1.

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon