Caritas in veritate 4

20. ---- Populorum progressio souligne ensuite à plusieurs reprises l’urgence des réformes [54] et demande que, face aux grands problèmes de l’injustice dans le développement des peuples, on agisse avec courage et sans retard. Cette urgence est dictée aussi par l’amour dans la vérité. C’est la charité du Christ qui nous pousse: « Caritas Christi urget nos » (2 Co 5, 14). ---------

 

CHAPITRE II

LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN


AUJOURD’HUI

21. Paul VI avait une vision structurée du développement. Par le terme «développement», il voulait désigner avant tout l’objectif de faire sortir les peuples de la faim, de la misère, des maladies endémiques et de l’analphabétisme. Du point de vue économique, cela signifiait leur participation active, dans des conditions de parité, à la vie économique internationale; du point de vue social, leur évolution vers des sociétés instruites et solidaires; du point de vue politique, la consolidation de régimes démocratiques capables d’assurer la paix et la liberté. -------. La visée exclusive du profit, ------ risque de détruire la richesse et d’engendrer la pauvreté. ---------

22. ----------La richesse mondiale croît en termes absolus, mais les inégalités augmentent. -------. « Le scandale de disparités criantes » [56] demeure. ------Les aides internationales ont souvent été détournées de leur destination, -----. Il existe des formes excessives de protection des connaissances de la part des pays riches à travers l’utilisation trop stricte du droit à la propriété intellectuelle, particulièrement dans le domaine de la santé. -------

23. ------ Il faut néanmoins souligner qu’il n’est pas suffisant de progresser du seul point de vue économique et technologique. Il faut avant tout que le développement soit vrai et intégral. ------

24. -----------

--------- il est souhaitable que grandissent de la part des citoyens une attention et une participation plus larges à la res publica.

25. -------- le marché a encouragé des formes nouvelles de compétition entre les États dans le but d’attirer les centres de production des entreprises étrangères, à travers divers moyens, au nombre desquels une fiscalité avantageuse et la dérégulation du monde du travail. Ces processus ont entraîné l’affaiblissement des réseaux de protection sociale en contrepartie de la recherche de plus grands avantages de compétitivité sur le marché mondial, faisant peser de graves menaces sur les droits des travailleurs, sur les droits fondamentaux de l’homme et sur la solidarité mise en œuvre par les formes traditionnelles de l’État social. ----------

--------La mise à l’écart du travail pendant une longue période, tout comme la dépendance prolongée vis-à-vis de l’assistance publique ou privée, minent la liberté et la créativité de la personne ainsi que ses rapports familiaux et sociaux avec de fortes souffrances sur le plan psychologique et spirituel. Je voudrais rappeler à tous, --------que l’homme, la personne, dans son intégrité, est le premier capital à sauvegarder et à valoriser: «En effet, c’est l’homme qui est l’auteur, le centre et la fin de toute la vie économico-sociale » [61].

26. -------- la marchandisation accrue des échanges culturels favorise aujourd’hui un double danger. On note, en premier lieu, un éclectisme culturel assumé souvent de façon non-critique: les cultures sont simplement mises côte à côte et considérées comme substantiellement équivalentes et interchangeables entre elles. Cela favorise un glissement vers un relativisme qui n’encourage pas le vrai dialogue interculturel; sur le plan social, le relativisme culturel conduit effectivement les groupes culturels à se rapprocher et à coexister, mais sans dialogue authentique et, donc, sans véritable intégration. En second lieu, il existe un danger constitué par le nivellement culturel et par l’uniformisation des comportements et des styles de vie. De cette manière, la signification profonde de la culture des différentes nations, des traditions des divers peuples, à l’intérieur desquelles la personne affronte les questions fondamentales de l’existence en vient à disparaître [62]. Éclectisme et nivellement culturel ont en commun de séparer la culture de la nature humaine. Ainsi, les cultures ne savent plus trouver leur mesure dans une nature qui les transcende [63], et elles finissent par réduire l’homme à un donné purement culturel. Quand cela advient, l’humanité court de nouveaux périls d’asservissement et de manipulation.

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon