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----- On peut dire que la foi chrétienne qui
s'est développée à partir de la foi d'Abraham, pousse inexorablement vers la question de la vérité et ainsi vers ce qui concerne tous les hommes et les unit. Nous devons tous en effet être des pèlerins de la vérité.12
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----- la conception chrétienne de l'universalité qui considère comme point ultime ----------------cette unité mystérieuse que crée l'amour et qui se présente au‑delà de toutes nos catégories dans la trinité de Dieu13, laquelle est l'image suprême de la réconciliation entre unité et diversité.
Le « dernier mot” de l'être n'est plus l'absolument innommable, mais l'amour qui se rend concrètement visible en ce Dieu qui se fait créature et qui unit ainsi la créature avec le Créateur. --------
N'est‑il pas vrai -------------- qu'au fond tous nous comprenons que l'amour est le mot suprême, le véritable dernier mot de toute réalité? ---------------
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Le christianisme ‑ une religion européenne?
---------- Le christianisme, comme on le sait, n'est pas né en Europe, mais au Proche‑Orient, en Asie, au point géographique de contact entre les trois continents que sont l'Asie, l'Afrique et l'Europe.
Ce contact ne fut jamais exclusivement géographique; ce fut la rencontre des courants de pensée des trois continents. En ce sens, l' “interculturalité » fait partie de la forme originelle du christianisme.
Durant les
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premiers siècles, l'activité missionnaire s'est étendue aussi bien vers l'Est que vers l'Ouest. Le christianisme avait son foyer en Asie mineure, au Proche‑Orient, mais très tôt il a pénétré en Inde; la mission nestorienne s'est étendue jusqu'en Chine, et du point de vue du nombre des chrétiens, le christianisme asiatique égalait plus ou moins le christianisme européen.
C'est l'expansion de l'islam qui, dans une large mesure, a privé le christianisme au Proche‑Orient de sa force vitale et a coupé les communautés chrétiennes en Inde et en Asie des centres de Syrie, de Palestine, d'Asie mineure et les a ainsi largement conduites à disparaître.
« Mais, peut‑on dire, le christianisme est pourtant devenu européen à partir de ce moment‑là. » ------------Il y eut tout d'abord le processus d' “inculturation » dans le monde grec et dans le monde romain, suivi par l'“inculturation » dans les différentes expressions du monde germanique, du monde slave et dans les nouveaux peuples latins. -------------
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-------------- Pour les Grecs, le christianisme était une « folie” comme dit saint Paul, une barbarie face à leur propre grandeur culturelle. L'esprit grec a procuré au christianisme des formes essentielles de la pensée et du discours, non sans grandes résistances cependant: il fallait arracher la conception chrétienne à l'esprit grec dans des confrontations difficiles qui à la fois accueillaient l'héritage grec et en même temps le transformaient profondément.
Ce fut un processus de mort et de nouvelle naissance. Oui, il y a un Platon chrétien, mais il y a toujours eu aussi un Platon antichrétien: le platonisme, de Plotin jusque dans ses formes tardives, a opposé la plus grande résistance au christianisme, s'est compris comme son antipode.
Dans le monde latin, nous observons un phénomène semblable. Il suffit de rappeler l'histoire de la conversion de saint Augustin que nous avons déjà évoquée: la lecture du livre Hortensius de Cicéron avait ouvert en lui la brèche d'une nostalgie de la beauté éternelle, la nostalgie de la rencontre et du contact avec Dieu.
Par toute son éducation, il était clair pour lui que la réponse à cette nostalgie, éveillée par la philosophie, devait se trouver dans le christianisme. Il passa ainsi de Hortensius à la Bible et subit un choc culturel. Cicéron et la Bible ‑ deux mondes ‑ entrèrent en collision, deux cultures se heurtèrent. « Non, ce ne peut être ça”, telle était l'expérience d'Augustin.
La Bible lui apparut comme une pure barbarie qui ne pouvait atteindre la hauteur des exigences spirituelles instillées par la philosophie romaine.
Ce choc culturel chez Augustin peut être l'expression symptomatique de la
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nouveauté et de l'altérité du christianisme: ce dernier n'est certes pas né de ce qui était propre à l'esprit latin où se manifestait pourtant une attente du Christ.
Pour pouvoir devenir chrétien, Augustin ‑ le monde gréco-romain ‑ dut procéder à un exode, au cours duquel cependant ce qui avait été perdu lui fut à nouveau redonné.