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--------- le rite exprime la communion de prière et d'action de l'Église dans une forme qui transcende l'histoire. Il concrétise le lien entre la liturgie et l'Église, laquelle garde le dépôt de la foi transmis par la tradition apostolique. Ce lien avec l'Église admet diverses structurations, permet un développement vivant, mais exclut
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absolument l'arbitraire (cela vaut pour l'individu, la communauté des fidèles, la hiérarchie et les laïcs).
--------- dans son interprétation de l'héritage biblique, qui dépasse les limites des rites particuliers, la liturgie participe de l'autorité normative de la foi de l'Église. On peut sans autre comparer les rites aux grandes professions de foi de l'ancienne Église, élaborés, comme elles, sous l'inspiration de l'Esprit Saint (Jn 16, 13). --------------- --------Reconstruire la liturgie à partir de la sola scriptura, en assimilant l'Écriture aux opinions exégétiques régnantes, comme on essaie de le faire aujourd'hui, est une absurdité. C'est confondre foi et opinion. Cela revient à fabriquer une liturgie bâtie sur le sable des discours humains ‑ une liturgie qui sonne creux, quel que soit l'art dont on parvient à l'orner. Seul le respect de la primauté de la foi dans la liturgie, en excluant tout arbitraire, peut nous offrir ce que nous espérons: une célébration où «le sublime» vient à notre rencontre, non de notre propre fait, mais dans toute la gratuité du don.
C'est dire que la créativité ne saurait constituer une catégorie authentique de la liturgie. Cette notion appartient d'ailleurs à la vision
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marxiste du monde. -------------- la liturgie. ------- ne vit pas de trouvailles artistiques ni de planification liturgique. Elle est le lieu de la descente de Dieu dans notre monde ‑ ce Dieu qui seul peut nous ouvrir la porte de la liberté. Dans la mesure même où les prêtres et les fidèles se donneront humblement à cette venue de Dieu, la liturgie sera toujours nouvelle, personnelle et authentique. On ne personnalise pas la liturgie, on ne la renouvelle pas en banalisant le vocabulaire et en multipliant les activités. Il faut aller «au‑delà», pénétrer dans cette réalité qui, dans le rite, toujours nous devance et qui toujours restera hors de notre portée.
---- Pour le chrétien, ------ Dieu a parlé à travers des hommes, Dieu est entré dans l'histoire. Cette interaction entre Dieu et l'homme fait que la Parole biblique n'est vivante que dans la réponse de l'Église à travers l'histoire, dans la Tradition; que les récits de la Sainte Cène ne sont actualisés que dans l'Église qui les célèbre. Et cette coopération permet à la «divine liturgie» d'évoluer sans hâte, sans intervention violente, de façon naturelle (cf Mc 4, 28).