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------- la Pentecôte dans les Actes ; ce
n’est que là que la question ouverte de Babel sera reprise, là que la Bible
retourne à l’histoire universelle. -----
------- L’unité de Babel, c’est une uniformité. Les hommes n’y sont qu’un seul peuple et ils n’ont qu’une seule langue. La diversité voulue par le Créateur se trouve réprimée en une forme fausse d’unité. C’est une unité qui vise la puissance, l’affirmation de soi et la «gloire». Les hommes construisent eux-mêmes le chemin menant au ciel. Ils créent dans
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la gloire leur propre immortalité. Ils n’ont pas besoin de Dieu, mais se suffisent à eux-mêmes dans leur puissance et leur savoir-faire. -------- C’est une unité techniciste. Voyons-nous comment aujourd’hui nous avons Babel? Le monde qui pense et vit seulement en termes techniques, rend uniforme, il crée une langue unitaire, une culture unitaire : tous pensent pareil, parlent pareil, s’habillent pareil, se comportent pareil. Or, c’est précisément cette uniformité qui provoque la rébellion qui peut s’exprimer dans le terrorisme, dans des insurrections variées contre une existence qui semble tout donner, mais qui, pourtant, retient tout, qui fixe l’homme sur la puissance et le plaisir et qui le rend ainsi impuissant et triste. L’unité de la Pentecôte est d’une tout autre nature : tous entendent leur langue. Elle réunit dans la diversité. Son unité ne réside pas dans l’unité du faire et du pouvoir extérieur, mais dans un contact de l’intérieur qui ne détruit pas la diversité, mais les enrichit tous dans un don et une réception mutuels. En effet, dès ce moment, tout appartient à tous ------ « D’entendre cela, ils eurent le cœur transpercé », disent les Actes (2,37). Le texte emploie pour cette touche le mot katanyssomai - ce qui signifie « être transpercé » : leur cœur est déchiré. Et les cœurs se trouvent ainsi ouverts pour le Seigneur qui les ouvre en même temps les uns aux autres. De cette façon, le peuple nouveau se forme à partir de l’événement de la Pentecôte, un peuple qui ne construit pas
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une tour pour atteindre le ciel par lui-même
et se créer sa propre éternité. Le peuple de la Pentecôte se caractérise
précisément par l’ouverture de l’être en relation. C’est de lui qu’il est dit:
«Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (2,21). ---------« C’est pour vous qu’est la
promesse, ainsi que pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en
aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera » (2,39).
------ Nous nous trouvons aujourd’hui sous la pression de l’uniformisation technique du monde ------- On parle de la collision des cultures comme d’un événement inévitable qui pourrait détruire l’humanité. En même temps on dénonce le modèle biblique d’une unité qui ne dissout pas les cultures, mais les fait se comprendre les unes les autres, comme violation des cultures; la mission qui doit prolonger l’événement de la Pentecôte - la prédication de Pierre et des autres apôtres, est accusée d’imposer la dominance d’une seule culture, comme si une unité intérieure des cultures ne pouvait et ne devait exister sans la destruction de celles-ci. -------
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- la « catholicité », --------- C’est une unité de par le cœur, du cœur que Dieu a ouvert et qui est ouvert pour lui ; une unité dans laquelle toute la richesse de l’humanité a place et où ce qui nous est propre ne se trouve plus opposé à ce qui lui est étranger, puisque tout est à Dieu et ainsi à plus forte raison à nous tous. Le peuple nouveau préfigure, dans sa catholicité avec la signification quantitative et extensive, la maison qui a de nombreuses demeures (cf. Jn 14,2) dont le Seigneur parle comme promesse du monde à venir. Ce n’est pas la tour de l’affirmation de soi, mais la patrie et la demeure de la multitude. --------
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