La célébration de la foi 2

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2. Où en est la Bible?

 

----------- la caractéristique première de la foi chrétienne est d'être une foi en Dieu. Et ce qui caractérise la conception chrétienne de Dieu, c'est que ce Dieu est Quelqu'un qui parle lui-même et à qui l'homme peut parler.

 

 Sa caractéristique est de se révéler par un discours et un agir avec lesquels il se tourne vers l'homme. A son tour la révélation est faite pour appeler une réponse, autrement dit un discours et un agir de l'homme qui élargissent la révélation en un dialogue entre le Créateur et la créature, et conduisent l'homme à l'union avec Dieu 10.

 

C'est pourquoi la prière n'est pas à la frange du concept chrétien de Dieu, elle le caractérise. La Bible tout entière est un dialogue: d'une part révélation, discours et agir de Dieu et d'autre part réponse de l'homme recevant la parole de Dieu et se laissant conduire par Dieu.

 

Supprimer la prière, le dialogue et justement ce dialogue que les deux parties mènent réellement à bien, c'est annuler toute la Bible.

 

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-------- la philosophie grecque avait établi qu'on ne pouvait prier Dieu parce que l'Éternel, du fait de son éternité, ne peut entrer en rapport avec le temps.

 

Elle avait été ainsi conduite à séparer totalement la philosophie de la religion, la raison de la piété, préparant du même coup la fin de la religion antique.

 

Il est vrai que plus tard, elle a visiblement essayé de sauver les vieilles religions en leur conférant une signification démythologisée, comme certains théologiens le font de nos jours pour le dogme et les sacrements.

 

Cet effort dénote une ultime nostalgie pour l'univers englouti des religions ‑ une tentative pour sauver ce qui était perdu, même si on ne pouvait plus reconnaître son sens primitif.

 

Mais si cette réaction romantique put peut‑être ralentir la chute des dieux, elle ne put l'empêcher: il lui manquait pour cela la vérité.

 

   Dans ce processus où toutes les questions actuelles se trouvaient déjà débattues, la foi chrétienne a pris une position d'un genre tout à fait particulier.

 

Elle s'est rangée, quant à la notion de Dieu, aux côtés des philosophes, des Lumières : les dieux sont des apparences, ils n'existent pas. Et ce que les philosophes appellent « l'être », le fondement ou même «Dieu », c'est précisément ce que les chrétiens appellent Dieu eux aussi.

 

Ces derniers n'hésitent pas à dire que seul le Dieu des philosophes est aussi leur Dieu. Mais ce qui dans leur position est inouï, c'est qu'ils confèrent au Dieu des philosophes la qualité fondamentale propre aux dieux des religions: la relation à l'homme ; sous une forme absolue, il est vrai, dans la mesure où ils appellent Dieu le Créateur.

 

C'est justement cette association paradoxale qui constitue la synthèse chrétienne, l'inouï et la nouveauté, mais aussi le risqué et le difficile de la position chrétienne dans l'histoire des religions:

 

seul « l'absolu est Dieu, mais cet absolu a précisément la qualité d'être “relatif», relatio ‑ Créateur et Révélateur, ou, comme le dira brièvement la tradition ultérieure une “personne », un quelqu'un qui se

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tourne vers la créature et vers qui la créature peut se tourner.

 

Cette synthèse distingue la foi chrétienne tant des religions « mythiques” que des religions asiatiques ; elle la relie au judaïsme et à l'Islam, même si cette synthèse a pris une forme propre caractéristique, celle de la foi en la Trinité. -----------

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon