Foi vérité tolérance 8

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------------- pour le croyant, l'Église est un sujet culturel propre. -------------

 

-------- N'oublions pas que, déjà dans le Nouveau Testament, le christianisme porte en lui le fruit de toute une histoire culturelle, une histoire d'acceptation et de refus, de rencontre et de changement.

 

L'histoire de la foi d'Israël, qui se trouve conservée dans le christianisme, a trouvé sa forme dans la lutte avec les cultures égyptienne,

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hittite, sumérienne, babylonienne, perse et grecque.

 

Ces cultures étaient à la fois des religions, des formes de vie historiques et globales, qui, dans la lutte de Dieu avec Israel, dans la lutte de ses grandes figures prophétiques, ont été accueillies dans la souffrance et transformées, pour préparer un vase toujours plus pur pour la nouveauté de la révélation du Dieu unique.

 

 De leur côté, ces cultures y ont trouvé leur accomplissement: elles auraient toutes disparu il y a bien longtemps si elles n'étaient restées, purifiées et élevées, présentes dans la foi biblique.

 

Certes, l'histoire de la foi d'Israël commence par l'appel adressé à Abraham: «Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père » (Gn 12, 1) elle commence par une rupture culturelle. Une telle rupture avec l'histoire passée, un tel départ auront toujours lieu au début d'une nouvelle étape de l'histoire de la foi.

 

Ce nouveau commencement s'avère cependant être une force de salut qui crée un nouveau « centre » et attire tout ce qui est vraiment digne de l'homme et de Dieu. « Et moi, une fois élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12, 32).

 

Voilà à quoi correspond cette parole du Seigneur élevé: la croix est d'abord rupture, rejet par l'entourage, élévation de la terre, mais précisément elle devient ainsi le nouveau centre de gravité de l'histoire universelle qui attire vers le haut, le rassemblement de ce qui était séparé.

 

   Celui qui entre dans l'Église doit savoir qu'il entre dans un sujet culturel propre, qui possède une interculturalité4 propre développée au cours d'une histoire aux phases multiples. On ne peut devenir chrétien sans un

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certain exode, sans un bouleversement de toutes les réalités de la vie. En effet, la foi n'est pas un chemin privé menant à Dieu; elle nous fait entrer dans le peuple de Dieu et son histoire. Dieu s'est lui‑même lié à une histoire qui est maintenant aussi la sienne et dont nous ne pouvons nous défaire. Le Christ demeure homme pour l'éternité, il garde un corps pour l'éternité; l'humanité et la corporéité incluent histoire et culture, une histoire bien déterminée avec sa culture, que cela nous plaise ou non. Nous ne pouvons répéter le processus de l'Incarnation à notre guise en recommençant toujours à enlever sa chair au Christ pour lui en offrir une autre à la place. Le Christ demeure lui‑même, cela vaut aussi pour ce qui est de son corps. Mais il nous attire à lui. Cela signifie que, puisque le peuple de Dieu n'est pas une formation culturelle particulière mais qu'il rassemble tous les peuples, l'identité d'origine, ressuscitée de la rupture, a une place dans ce peuple. Plus encore, elle est nécessaire pour que l'Incarnation du Christ, du Logos, arrive à toute sa plénitude. --------------

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon