Darras4-39

LES MIRACLES DE JÉSUS N’ONT PAS CONVERTI CAPHARNAUM.

Alors, Jésus fît entendre ces reproches sur les cités au milieu desquelles il avait accompli des miracles, et qui n'avaient pas voulu faire pénitence: Malheur à toi, Corozaïn! malheur à toi, Bethsaïda! Car si les villes de Tyr et de Sidon avaient été témoins des prodiges opérés parmi vous, depuis longtemps elles eussent fait pénitence sous la cendre et le cilice. Aussi, je vous le dis, au jour du jugement, Tyr et Sidon seront traitées plus favorablement que vous. Et toi, Capharnaûm, qui pouvais t'élever jusqu'aux cieux, tu seras abaissée jusqu'aux enfers, parce que si les miracles qui ont éclaté dans ton sein avaient eu lieu à Sodome, peut-être cette cité subsisterait-elle encore aujourd'hui! En vérité, je l'affirme, le jugement de Sodome sera moins rigoureux que le tien 1.»

  31. On cherche aujourd'huit sur les rives du lac de Tibériade, dans la Décapole antiqne, l'emplacement de Capharnaûm, de Corozaïn et de Bethsaïda. La solitude et le silence planent sur les villes ingrates. «Capharnaûm n'existe plus, dit le docteur Sepp 2.» Deux palmiers seulement qui croissent au milieu des ruines, et les vestiges d'un port sur le lac sont les seuls monuments de la

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1. Matth., XI, 16-24; Luc, vu, 29-35. 2. Sepp, Vie de Notre-Seigneur Jésut- Christ, tom. II, pag. 150, 131.

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cité galiléenne. Corozaïa et Bethsaïda ont entièrement disparu, et l'on ignore jusqu'à leur situation. La délicieuse contrée de Génésareth est habitée aujourd'hui par les Arabes du désert, qui vivent à demi nus sous des tentes. Le palmier, signe de victoire, qui faisait jadis l'ornement de toutes ces campagnes, a presque entièrement disparu d'un pays que Dieu a livré, comme une proie, à tous les peuples de la terre; il n'en reste plus qu'un seul de la forêt célèbre qui entourait autrefois Jéricho. Une tour, construite au temps des croisades, et quelques huttes arabes, indiquent, d'une manière assez douteuse, l'emplacement où fut située cette ville, fameuse par son amphithéâtre et les palais qu'Hérode y fît construire. On n'aperçoit plus çà et là que des cyprès ombrageant les tombeaux d'un peuple étranger. Les ronces et les épines ont remplacé l'arbuste qui fournissait un baume renommé jadis dans tout l'univers. La malédiction de Jésus-Christ s'est donc vérifiée au pied de la lettre. Les rationalistes de la Galilée qui insultaient le Sauveur, méprisèrent, sans doute, comme des exagérations sans valeur, l’anathème que Jésus portait contre leur patrie. Ils étaient puissants, riches et nombreux; l'abondance du sol, la douceur du climat, l'importance de leurs relations commerciales, le développement de leur industrie, tout cela leur semblait un gage d'avenir; et ils ne daignèrent pas se préoccuper de la condamnation solennelle qui venait de les frapper. Hélas! les rationalismes de tous les temps se ressemblent. Leur aveuglement est le même. La grâce divine s'épuise contre leur obstination. La trompette des jubilés de miséricorde ne les amène point aux fêtes du Seigneur; les lamentations et les cris d'alarme des prophètes ne les réveillent point de leur léthargie. Ainsi arrivent, sur les sociétés, les fléaux de la justice; ainsi passe sur les nations le niveau de la vengeance céleste!
  32. Cependant, l'incrédulité d'une race, d'une contrée ou d'une époque, n'arrêtera jamais l'essor de la parole divine: Le char de l'Évangile, est celui de la vision d'Ézéchiel; il marche toujours en avant, écrasant les résistances et portant sa lumière à des plages

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p524 HISTOIRE DE L'ÉGLISE. —lre ÉPOQUE (an 1-3I2).

nouvelles. «Le Seigneur, dit saint Luc, désigna soixante-douze de ses disciples, et les envoya parcourir les cités et les campagnes qu'il devait lui-même visiter. La moisson est immense, leur dit-il, et les ouvriers sont en petit nombre; priez donc le Maître du champ d'envoyer des ouvriers à sa moisson. Allez, guérissez les malades, et dites-leur: Le royaume de Dieu est proche. Si l'on refuse de vous donner l'hospitalité dans quelque ville, présentez-vous sur la place publique et dites aux habitants: Nous secouons sur vous jusqu'à la poussière de votre cité, qui s'est attachée à nos sandales: mais sachez que le royaume de Dieu est proche! — Ainsi vous me rendrez témoignage. Quiconque vous écoute, m'écoute. Qui vous méprise, me méprise. — Les soixante-douze partirent donc, et ils revinrent pleins de joie, disant à Jésus: Seigneur, les démons eux-mêmes nous sont soumis, quand nous leur parlons en votre nom! — Jésus leur répondit: Je vois Satan foudroyé tomber du ciel. Je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds les serpents et les scorpions, d'écraser la tête de l'ennemi. Cependant, ne vous réjouissez point de ce que les esprits du mal vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. — En ce moment, il parut tressaillir d'allégresse dans l'Esprit-Saint, et il dit: Je vous rends grâces, ô Père, Dieu de la terre et des cieux, parce que vous avez caché ces choses aux regards des sages et des prudents, et que vous les avez révélées aux petits. Il en est ainsi, ô Père, parce que tel est le conseil de votre Providence. Tout a été remis en mon pouvoir par mon Père. Or, nul ne connaît le Fils, sinon le Père, et nul ne connaît le Père sinon le Fils et ceux auxquels le Fils voudra le révéler.—Puis se tournant vers ses disciples, il reprit: Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez! Car, je vous le dis, les Prophètes et les rois ont désiré contempler les merveilles dont vous êtes témoins, et ils ne les ont pas vues. Ils ont souhaité entendre ce que vous entendez, et ils ne l'ont point entendu. Venez à moi, vous tous qui êtes accablés sous le poids du labeur et de la fatigue et je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vos épaules, et apprenez de moi que je suis doux et humble de

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cœur. Ainsi vous trouverez le repos de vos âmes, car mon joug est suave et mon fardeau est léger 1.»

LES MIRACLES DE JÉSUS N’ONT PAS CONVERTI CAPHARNAUM.

 

 

 

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