Foi vérité tolérance 29

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Culture et vérité

 

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----- Depuis la colère de Dieu et de Moïse qui éclate contre le culte du veau d'or au Sinaï, jusqu'aux prophètes tardifs de la période postérieure à

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l'exil, Israel est à chaque fois arraché à sa propre identité culturelle et à ses souhaits religieux; il doit pour ainsi dire renoncer au culte de sa nationalité même, au culte « du sang et du sol «, pour se plier au Dieu tout autre, au Dieu qui n'est pas le sien, au Dieu qui a créé le ciel et la terre, le Dieu de tous les peuples.

 

La foi d'Israël signifie un permanent dépassement de soi et de sa culture spécifique pour s'ouvrir à la vérité universelle et l'accueillir dans toute son étendue. Les livres de l'Ancien Testament ------tiennent leur originalité de ce caractère combatif de la foi contre ce qui relève du particulier, de cette rupture avec le particulier qui fait sortir de soi‑même et qui débute avec la migration d'Abraham.

 

 La sortie de la Loi, que Paul veut obtenir en combattant, à partir de sa rencontre avec Jésus Christ, le Ressuscité, mène à son terme logique cette orientation fondamentale de l'Ancien Testament: elle signifie que s'achève l'universalisation de cette foi, désormais libérée de la spécificité attachée à un peuple.

 

 Tous les peuples peuvent entrer dans ce processus de dépassement de soi, qui a débuté en Israel. Ils sont invités à se tourner vers ce Dieu qui, sorti de soi en Jésus Christ, a abattu le « mur de l'inimitié » entre nous (cf. Ep 2, 14) et nous conduit dans le détachement de la croix66.

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   Croire en Jésus Christ est donc, par essence, permanente ouverture de soi afin que Dieu entre dans le monde des hommes et par là, en réponse, rupture de l'homme avec lui‑même pour aller en Dieu qui, en même temps, conduit les hommes ensemble.

 

Tout ce qui est personnel appartient désormais à tous, et en même temps, tout ce qui est autre devient aussi notre bien propre. Le tout est récapitulé par la parole du Père au Fils aîné: « Tout ce qui m'appartient est à toi » (Lc 15, 31), à laquelle répond le discours que Jésus adresse au Père dans la prière sacerdotale: «Tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi » (Jn 17, 10).

 

   Ce modèle fondamental s'applique également à la rencontre du message chrétien avec la culture grecque, rencontre qui bien sûr ne débute pas avec la mission chrétienne, mais qui déjà s'est développée à l'intérieur des écrits de l'Ancien Testament, en particulier grâce à sa traduction en grec, et à partir de là dans le judaïsme tardif.

 

Cette rencontre fut possible parce que, entre-temps, s'était dessiné dans le monde grec un mouvement comparable. Les Pères n'ont pas simplement fondu dans l'Évangile une culture grecque. Ils ont pu accepter le dialogue avec la philosophie grecque et en faire un instrument d'évangélisation là où, dans le monde hellénique, la culture et la pensée avaient entrepris, par la quête de Dieu, une autocritique.

 

 La foi ne lie pas les divers peuples ‑ à commencer par les Germains et les Slaves -----jusqu'aux peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique ‑ à la

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culture grecque en tant que telle, mais à son dépassement, qui fut le véritable point de départ pour l'essor du message chrétien. A partir de là, elle s'inscrit dans la dynamique du dépassement de soi.

 

A ce sujet, Richard Schaffler remarqua avec pertinence, que, dès l'origine, la prédication chrétienne exigea des peuples de l'Europe ‑ qui n'existait pas en tant que telle avant la mission chrétienne ‑ «l'abandon... de chaque divinité autochtone des Européens, bien avant que des cultures extra-européennes n'entrent dans leur champ visuel»67.

 

A partir de là, on comprend pourquoi l'annonce chrétienne est liée à la philosophie et non aux religions. Là où l'on tenta d'établir des liens entre annonce du Christ et religions, en essayant par exemple d'identifier le Christ comme le nouveau Dionysos, le nouvel Asklepios ou le nouvel Héraclès, semblables tentatives furent bien vite dépassées68.

 

En se rattachant à la philosophie et non à la religion, le christianisme n'a pas consacré une culture, mais il a pu la pénétrer au lieu même où elle était ouverte à la vérité universelle et avait abandonné le repli sur son particularisme. ------

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon