Constantin 3

Darras tome 9 P. 2


§ I. Constantin le Grand.

 

   1. Quand le voyageur a traversé la colonnade gigantesque qui sert d'avenue à la basilique de Saint-Pierre de Rome, le plus beau monument élevé ici-bas à la gloire du Dieu qui voulut naître dans une étable, il pénètre sous un vaste portique gardé à chaque extrémité par deux statues équestres, celle de Constantin et celle de Charlemagne. La personnification de l'universelle puissance associée à l'œuvre rédemptrice ne s'est manifestée au monde que deux fois dans tout le cours de l'histoire : sur le tombeau de l'empire romain et au berceau des sociétés modernes. Les âges futurs reverront-ils des figures aussi imposantes, nous ne le savons pas;

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c'est le secret de Dieu. Quoi qu'il en soit, si jamais un rôle historique pouvait être de nature à tenter le génie d'un homme, il faut convenir que nul idéal ne saurait être comparable à celui-ci. Posséder le monde et en faire hommage à Dieu, c'est là, dans sa simplicité majestueuse, la plus grande destinée qui se puisse réaliser ici-bas. Mais, d'une part, il n'est pas donné à tous de posséder l'univers; de l'autre, il est assez dans l'habitude des conquérants humains de tout rapporter à eux-mêmes. Voilà pourquoi des figures impériales comme celles de Constantin le Grand et de Charlemagne se reproduisent si rarement dans la suite des siècles. La France, l'Angleterre, l'Allemagne ont eu de grands souverains qui furent à la fois des saints illustres. Saint Louis, saint Alfred, saint Henri ont rehaussé l'éclat de leur diadème terrestre de toute la splendeur des vertus les plus surnaturelles. Aucun d'eux cependant ne réa-lisa la première condition d'une puissance comparable à celle de Constantin ou de Charlemagne, parce qu'aucun d'eux ne fut exclusivement le maître du monde. Charles-Quint, au XVe siècle; Napoléon Ier, au XIXe, réussirent à peu près à concentrer sur leur tête la domination universelle de l'Europe. Mais ni l'un ni l'autre n'eût consenti à mettre exclusivement au service de Dieu cette puissance gigantesque. Tous deux possédèrent un instant le monde, mais ils s'en tinrent là et gardèrent pour eux leur conquête. Dieu n'apparut point, au-dessus de leur majesté périssable, comme l'éternelle majesté, source de tous les pouvoirs et garantie de tous les droits humains. Notre siècle s'étonnera peut-être d'un tel langage. Qu'importe, si ce langage est celui de la vérité? Qu'on y réfléchisse sérieusement. L'abnégation avec laquelle un conquérant se met au service de Dieu est plus difficile et par conséquent plus glorieuse que la conquête même du monde. Amené par la victoire dans cette Rome qui ne l'avait jamais vu et où il n'avait pas encore posé le pied, Constantin le Grand devint pour toute la foule des Quirites un objet de curiosité respectueuse et avide. Chacun voulait contempler le héros inconnu. La pompe triomphale et le défilé en armes qui suivirent la défaite de Maxence n'avaient qu'à demi satisfait le vœu populaire. Un monarque passe si vite devant une

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foule immense dont les premiers rangs seuls peuvent saisir à la hâte quelques traits de sa physionomie ! Mais bientôt, on érigeait sur le Forum, en face du Capitule, une statue de marbre blanc où Constantin était représenté debout, en costume militaire, tenant de la main droite en guise de lance une croix. Sur le socle du monument, les Romains étonnés lisaient l'inscription suivante :

 

H0C   SALUTARI  SIGNO QVOD  YEItS  YIRTYTIS ARGYMENTVM EST VHBEM TYRANNISE DOMINATIONIS IYGO LIBERATAM SERYAVI. SEKATVI POPVLOQVE ROMANO IN LIBERTATEM ASSERTO PRISTINVM DECYS NOBILITATIS SPLENDOREMQVE RESTITVI.

 

« Par ce signe sacré du salut, gage de la véritable gloire, j'ai arraché la ville de Rome au joug d'une domination tyrannique. En rendant la liberté au sénat et au peuple, j'ai rétabli l'antique honneur et la gloire de la noblesse romaine 1. » Voilà tout le programme politique du règne de Constantin. C'est par ce côté qu'il fut grand. Dans le détail de sa vie, dans les diverses phases d'une existence aussi mêlée que la sienne aux orages de la politique, aux guerres d'une époque pleine d'agitations, de rivalités et de discordes, on pourra trouver quelques fautes à reprendre, quelques sévérités, quelques entraînements regrettables. Au foyer impérial du premier César chrétien, nous rencontrerons de sanglantes tragédies; nous ne les dissimulerons pas plus que le reste et nous ne nous croirons pas obligé à un panégyrique de parti pris. David, le plus grand et le plus saint des rois d'Israël, ne fut pas à l'abri des misères et des fautes de l'humaine faiblesse. Qu'y a-t-il d'étonnant que Constantin ait été dans le même cas? Encore une fois ce qui fait la grandeur de l'un et de l'autre, c'est d'avoir subordonné leur puissance souveraine à celle de Dieu. La déclaration solennelle de principes que Constantin faisait graver sur le piédestal de sa statue, étonna peut-être les Romains; mais elle les trouva dociles. Nous en avons la preuve dans la réponse lapidaire que le sénat et

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1. Euseb., Vila Constantin., lib. I, cap. XL.

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p5 CIIAP.   I.   —  CONSTANTIN   LE   GRAND.                              

 

le peuple inscrivirent sur la façade de l'arc de triomphe élevé précipitamment, en face du Capitole, à la gloire du jeune vainqueur. Nous reproduisons avec d'autant plus de confiance ce monument depuis longtemps connu, qu'en ces dernières années M. de Rossi, dans une savante dissertation 1, a prouvé son incontestable authen-

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1. Voici un extrait du curieux travail de M. de Rossi : « Les bas-reliefs de l'arc de Constantin, moulés sous la direction de M. Rosa, par ordre de S. M. l'empereur Napoléon III, avec les lettres les plus importants de la double inscription dédicatoire du même monument, nous invitent à examiner une question qui doit vivement intéresser les archéologues chrétiens. Plusieurs savants ont affirmé que les mots instinctv divinitatis, faisant allusion à la victoire de Constantin sur Maxence, ont été corrigés, et qu'originairement d'autres lettres d'un sens bien différent avaient été à leur place. « Les mots instinctv divinitatis, disait Nibby, sont postérieurs à l'inscription et remplacent d'autres mots qu'on a effacés, et dont on voit encore quelques vestiges. La pierre, contenant les trois premières lignes de l'inscription, a été anciennement renouvelée, car l'on voit clairement un changement dans la marge de la pierre qui se joint avec la première et dans laquelle sont gravées les extrémités inférieures des lettres qvod ins- tinctv divinitatis mentis. L'on croit donc que cette phrase a été substituée à une autre qui sentait trop le paganisme, lorsque Constantin fit profession de la foi chrétienne. » Le cardinal Mal, de célèbre mémoire, ne s'est pas départi de l'opinion de ces archéologues; il a pensé que l'auteur de l'inscription avait écrit non pas instinctv divinitatis , mais diis faventibvs. Enfin, le savant M. Henzen a récemment affirmé qu'un grand connaisseur en épigraphie, ayant pu approcher des lettres elles-mêmes à l'occasion d'une restauration du monument, avait retrouvé l'inscription païenne primitive ainsi conçue : nvtv iovis optimi maximi. Cependant M. Henzen, ayant plusieurs fois avec moi cherché, à l'aide d'un télescope, les traces de la prétendue correction, n'a jamais pu les retrouver, je n'en avais jamais pu moi-même découvrir le moindre indice. Or pendant le moulage de la double inscription, opéré par les soins de M. Rosa, sur l'une et l'autre face du monument, car on sait que cette inscription est ainsi répétée, il me fut permis de monter sur l'échafaudage construit à cet effet. L'inscription n'est pas, comme on l'avait cru, gravée sur deux plaques de marbre, mais sur d'énormes pierres qui font partie intégrante de l'arc de triomphe. De sorte que, dans l'hypothèse d'une substitution postérieure de lettres, ce n'est pas une simple plaque de marbre qu'il eut suffit de changer. Il aurait fallu démolir et remplacer les immenses blocs dont est composé le sommet de l'édifice. Quant aux lettres, celles de l'inscription du côté ouest, à la troisième ligne, occupent véritablement les pierres supérieures et touchent à peine par leurs bods aux bords des pierres inférieures. Ces bords sont brisés; mais, en examinant avec la plus minutieuse attention leurs éciats, ni moi, ni ceux qui m’ont  accompagné sur l'échafaudage,  nous n'avons pu apercevoir le

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ticité, et a répondu péremptoirement à tous les soupçons d'une critique exagérée. Voici cette inscription mémorable :

 

1MP. CAES. FL. CONSTANTINO MAXIMO

P. F. AVGVSTO S. P. 0. R.

QV0D INSTINCTV DIVINITATIS MENTIS

MAGNITVDINE CVM EXERCITV SVO

TAM DE TYRANNO QVAM DE OMNI EIVS

FACTIONE VNO TEMPORE IVSTIS

REMPVBLICAM VLTVS EST ARMIS

ARCVM TRIVMPHIS INSIGNEM DICAVIT.

 

« A l'empereur César Flavius Constantin le Grand, pieux, heureux, auguste, le sénat et le peuple romain ont consacié cet arc de triomphe. Par l'inspiration de la Divinité, par la grandeur de son génie, à la tête de son armée victorieuse, il a vengé la République des outrages d'un tyran et d'une faction criminelle. » Rome acceptait donc la royauté chrétienne que le vainqueur inaugurait si glo-rieusement. Des deux côtés, on savait le but vers lequel peuples et rois devaient tendre. Cette netteté de langage convenait à une situation voulue d'une part et acceptée de l'autre. Le nouvel empereur s'appuyait sur la croix et arborait le signe du salut. Le sénat et le peuple, sans comprendre peut-être encore toute la portée de cette transformation, devinèrent cependant qu'elle mettait fin au paganisme officiel. L'arc de triomphe ne porte aucun des titres idolâtriques jusque-là révérés. César n'est plus souverain pontife; il n'adore plus Jupiter; il n'invoque plus les dieux. C'était là un fait immense. On le nommerait de nos jours une révolution. Les fidèles

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moindre vestige d'autres mots que instinctv divinitatis. Nous avons cherché en vain la trace des mots diis faventibvs ou nvtv iovis optimi maximi. Dans l'inscription du côté est, l'impossibilité de la prétendue correction est encore plus évidente. Un tiers au moins de chaque lettre est gravé sur les pierres inférieures. Ces lettres sont claires, égales de la tête au pied et ne donnent pas le moindre prétexte d'y reconnaître un changement. Enfin, l'écriture des mots instinctv divinitatis ne diffère en rien des lettres précédentes ni de celles qui suivent; elle est évidemment originale et sans l'ombre d'altération. » (De Rossi, Bulletin d'archéologie chrétienne, Rome, juillet et août 1863, pag. 49-59.)

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p7 CHAP.   J.   —  CONSTANTIN  LE   GRAND.                                

 

y virent le commencement du règne de Jésus-Christ sur le monde. En ce sens, Eusèbe pouvait écrire : «Je renonce à louer dignement Constantin. Le Verbe de Dieu, celui qui a inspiré toutes ces merveilles, pourrait seul les raconter1. » Adulation absurde et impie ! disent quelques historiens qui n'ont pas saisi le point de vue auquel Eusèbe de Césarée se plaçait. Expression biblique, dirons-nous, par laquelle les chrétiens consacraient l'inauguration d'une monarchie qui voulait faire de son règne le règne de Dieu.

 

   2. Les médailles de Constantin nous ont fidèlement transmis les traits de ce héros. Figure à la fois douce et intelligente, œil de lion, nez d'aigle, comme dit Nicéphore, lèvres fines où l'habitude du commandement est tempérée par une singulière expression de bienveillance; taille élégante et bien proportionnée, attitude imposante, portant avec une égale aisance le laticlave du consul, la pourpre impériale, la lance et l'épée du soldat, tel était le nouvel empereur. Né en 274, à Naisse, dans la Dardanie, selon les uns dans les Gaules ou la Grande-Bretagne, selon quelques autres, il se rattachait très-certainement par son père à la famille de Claude II. La nièce de cet empereur, Claudia, avait épousé un Dardanien illustre, le sénateur Eutropius, et fut mère de Flavius Valerius Constantius, si connu sous le nom de Constance-Chlore 3. Par ce côté, la dynastie Constantinienne pouvait, sans supercherie généalogique, étaler avec l'orgueil si fréquent chez les Romains une suite assez brillante d'aïeux. Du côté maternel, il ne paraît pas qu'il en fût de même. On a prétendu qu'Hélène, première épouse de Constance-Chlore, était fille d'un chef de tribus bretonnes, nommé Coël. Les annalistes anglais du XVIe siècle, Alfordt, entre autres, cherchent à établir le fait. « Flavia Julia Helena, mère du grand Constantin, disent-ils, était fille du roi Coël et naquit à Colchester. La tradition immémoriale s'en est conservée jusqu'à ce jour. En souvenir de leur illustre compatriote qui retrouva le bois sacré de la vraie croix, les citoyens de Colchester ont adopté pour

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1 Euseb., Vit. Constant.,Hb. I, cap. il.— 2 Crevier, Hist. des emper., tom. VI, pag. 235. — 3Le surnom grec de Chlore (pâle) fut vraisemblablement une épithète donnée à ce prince en raison de la pâleur habituelle de son visage.

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p8 PONTIFICAT  DE  SAINT SYLVESTRE  I   (314-335).

 

armes une croix noueuse entre quatre couronnes 1. » La Chronique de Flavius Dexter appuierait ces prétentions britanniques, si l'on pouvait s'en rapporter à son témoignage. Mais, outre que la ville de Tèves revendique avec aussi peu de fondement l'honneur d'a-voir donné le jour à la mère du grand Constantin 2, nous sommes forcé d'accorder la préférence à la parole autorisée de saint Ambroise, cet ancien préfet de Milan, dont le père avait, sous Constantin lui-même, administré en qualité de gouverneur la Gaule Cisalpine. Or saint Ambroise ne songe nullement à grandir la naissance de l'impératrice sainte Hélène : il ne la rattache à aucune des branches royales connues. Voici ses paroles : « Hélène, première femme de Constance-Chlore, lequel ceignit depuis la pourpre impériale, était, dit-on, une fille d'étable. Noble slabularia qui chercha depuis avec tant de zèle la crèche du Seigneur! Noble stabularia qui eut le bonheur de connaître l'hôtelier divin dont la puissance guérit le blessé de Jéricho ! Noble stabularia qui préféra l'humilité de Jésus-Christ à toutes les grandeurs de ce monde ! Voilà pourquoi le Christ l’a choisie pour l'élever du fumier de l'étable à la royauté : de stercore ad regnum 3.» Cette noblesse chrétienne de la sainteté, si magnifiquement relevée dans la mère de Constantin par l'éloquent évêque de Milan, éclipse facilement à nos yeux les frivoles honneurs d'une naissance plus distinguée selon le monde. Constance-Chlore, le descendant d'une famille impériale, épousa donc l'humble stabularia destinée à porter une double couronne sur la terre et au ciel. A cette époque, Constance-Chlore n'était lui-même, malgré son illustre origine, qu'un simple général romain. Le brillant avenir qui lui était réservé ne pouvait encore se dessiner à ses regards. Au contraire, sa mauvaise fortune lui avait fait donner par ses compagnons d'armes le surnom de pauper.

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1 BoIIand., Acl. sanct. Helena, tom. III augusl., die J8. — * Id., ibid.

2. Stabutariam hanc primo fuisse asserunt, sic cognitam Constantic ieliiori, qui poslea regnum adeptus est. Bonn stabularia, quœ tant di/igenter prœsepe. Domini requisivit ! liona stabularia, quœ stabularium non ignoravit illum qui vulnera curavit a latronibus vulnerati ! liona stabularia quœ maluit œstimari stercora ut Christum lucrifaceret I Ideo iltam Christus de stercore levavit ad regnum. (S. Ambros., de Obitu Theodosii tenioris; Pattol. lat., tom. XVI, ool. 1899.)

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Hélène fut sa légitime épouse, en dépit des insinuations malveillantes de l'auteur païen Zozime, qui eût voulu infliger à Constantin le Grand la flétrissure d'une naissance illégale 1. Des monuments authentiques ont vengé la mémoire d'Hélène et fait justice de ces gros-sières calomnies 2. Selon l'opinion la plus accréditée, Hélène était chrétienne avant la conversion de son fils. Saint Ambroise lui rend ce témoignage « qu'elle a plus donné à Constantin qu'elle n’en a reçu 3. » Saint Paulin de Nole disait à la même époque; « Constantin doit à la piété de sa mère, plus encore qu'à la sienne, la gloire d'avoir été le premier des princes chrétiens4. » Cependant

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1. Voici les paroles de Zozime : Kmv<ttœvtw);, i\ ôntXotç ^waixôc »'•> avjx?&, où Si xatà •«j[iov <n>vsX6oû<rr,ç, Kwvo-tovtîw tij> pocOxî YEfevTi[iÉvo«. (Zozimus, lib. Il, Histor., pag. 67î, Francofurt., 159'J.)

2. Dans le recueil des Inscriptiones antiques de Gruter, pag. 1086, nous lisons ce magnifique éloge de la mère de Constantin :

 

PliSSIM«E ETCLF.MENT1SS1M/E

DOMINA NOSTItyE AVGVSTjK

HELENE MATH1

DOMIN1 NOS!RI VICTOBrS

SEMPER AVG. CONSTAN

T1N1 ET AVI/E

DOMINORVS1 NO.STRORVM

CiESARVM BEATORVM

VXORI DIV1 CONSTANTII

ORDO NEAPOLITANOnVM

ET PUPVLVS.

 

Le titre officiel vxori divi Constantii, inscrit sur ce monument lapidaire, rejette bien loin l'odieuse épilhète de concubina donné à la sainte impératrice par Zozime. Il faut en dire autant de ces paroles du panégyrique, prononcé en 307 à Trêves, lors du second mariage de Constantin avec Fausta fille de Maximien Hercule : Seque enim forma tantum in tepalris, Constantinesed etiam continentw sese votis oentium reprœsentut. Quo enim magis eontinentiam patris aquare poluisti, quam quoiJ le ab ipso fine pueritiœ illico malrimonii legibus tradidisti, ut primo ingressu adolesceniiœ 'formares imimum muritakm {Inm-ti uucioris panegyricus Maximiano et Constantino dictus, n. 3; Palrol, lat., loui. VIII, col. G12.)

2.Helena multo amplivs invenit quod imperatori conferret qVÎM qvod ab in/pe-ratore acciperet. (S. Ambros., de Obilu Theodosii, loc. citât.)

3.Constantinus princeps esse principibus Christianis non magis sud quam mairie Helenœ tde meruit. (Paulin,, Epist. xxxi ad Severum j Patr. lot., ton). LXi> 001.328.)

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p10                   KJXl'IFICAT   OE   SATÎTT  SYLVESTRE   I   (314-335.).

 

le témoignage contemporain d'Eusèbe semble contredire cette tradition : « Parmi toutes les vertus qui ont mérité à Constantin le titre de bienheureux, dit-il, nous devons mettre en première ligne son amour filial envers sa mère. Hélène n'était point d'abord théosèbès, mais Constantin la rendit si pieuse qu'elle fut à juste titre considérce comme la plus illustre conquête du Sauveur. » Cette expression de théosébès signifie-t-elle qu'avant la conversion de son fils, Hélène ne connaissait pas le vrai Dieu? Il serait assez difficile de le deviner. Même en ce cas, la donnée d'Eusèbe serait-elle véridique? C'est une autre question non moins délicate. Eusèbe de Césarée, arien dans le cœur, a pu donner au mot grec théosébès une signification fort différente de celle qu'on lui a prêtée. Sainte Hélène, attachée du fond de l'âme à l'orthodoxie catholique, ne pouvait sous ce rapport qu'être suspecte aux partisans de l'arianisme. Voilà pourquoi nous croyons avec saint Ambroise et saint Paulin que l'impératrice Hélène était déjà chrétienne lors de son mariage avec Constance-Chlore. L'opinion la plus vraisemblable donne à cette princesse la ville de Drépane pour patrie. On sait que plus tard Constantin agrandit cette cité et lui imposa le nom glorieux d'Hélénopolis. Quoi qu'il en soit, les dispositions de Constance-Chlore en faveur des chrétiens furent telles qu'il eût été difficile à Hélène d'y rester étrangère. « La conduite de ce prince, dit Eusèbe, trancha sur celle de ses collègues impériaux. Ses vertus faisaient l'admiration du monde. Il reconnaissait le dogme de l'unité de Dieu et condamnait hautement l'impiété do polythéisme. Il considérait les prières des saints qui peuplaient sa royale demeure comme le plus ferme appui de son trône. Toute sa politique se résumait en cette maxime : Ne point souffrir l'injustice d'autrui et n'en pas commettre soi-même. Tel était le senliment équitable qui le dirigeait dans sa vie publique et privée. Sa famille, son épouse, ses enfants, tous ses serviteurs devaient avant tout se montrer fidèles à Dieu. Son palais réglé ainsi ressemblait à une église. Pendant qu'au dehors le nom des chrétiens était proscrit, des ministres de Jésus-Christ, renfermés dans l'intérieur du palais, y priaient chaque jour pour la prospérité du prince. Dieu récom-================================

 

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pensa magnifiquement les vertus de Constance-Chlore. Il lui assigna le premier rang parmi ses collègues. Autour de lui une postérité nombreuse grandissait pour la gloire. Enfin quand après une heureuse vieillesse il dut quitter ce monde, Dieu permit que, du consentement unanime de ses autres fils, il désignât pour lui succéder le plus grand et le plus illustre des empereurs, Constantin 1.» Ce tableau de la cour de Constance-Chlore, tracé par Eusèbe, ne s'accorderait guère avec l'idée qu'Hélène, première épouse de ce prince, eût été engagée dans les liens du paganisme.

 

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