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Abraham et Melchisédech
Dans le Canon Romain, à la première prière eucharistique du missel réformé par le pape Paul VI, on prie Dieu de regarder l'offrande de l'Église avec amour et... bienveillance comme il lui a plu « d'accueillir les présents d'Abel le juste, le sacrifice de notre père Abraham, et celui que [lui] offrit Melchisédech, [son] grand prêtre ». -----
L'Église ancienne, ------ Pour elle, il n'y avait pas de rupture entre la prière des nations, la prière d'Israël et la prière de l'Église. --
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Abel est le premier martyr ‑ quelqu'un qui n'a pas tué mais s'est fait tuer et est lui‑même devenu l' “agneau » anticipant le destin du Christ, véritable agneau pascal.
Abraham est prêt à sacrifier Isaac, son fils unique, et à faire ainsi don de son avenir, du contenu de la promesse; l'agneau, le bélier, remplacera le fils.
Dans de multiples réfractions brillent par avance les rayons de la lumière du Christ. Melchisédech, roi de Salem, est prêtre de El Elyôn, du « Dieu TrèsHaut »; il offre du pain et du vin.
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------ nous pouvons dire avec les Pères que dans ces figures, le Christ est en route dans l'histoire.
Nous devons observer encore autre chose à propos de ces figures: Abel et Melchisédech sont des « païens » ‑ selon la manière de parler classique, ils ne font pas directement partie de l'histoire d'Israël.
Abraham est le père du peuple d'Israël ‑ «notre père », dit pour cette
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raison le Canon à partir de la théologie paulinienne. Devenir chrétien signifie entrer dans l'histoire de la foi commencée avec Abraham et le recevoir ainsi comme père.
Le sacrifice d'Abraham visé par le Canon Romain désigne le passage des cultes “païens» vers le culte purifié d'Israël, et, avec le sacrifice de l'agneau (qui relie aussi Abraham et Abel), il désigne la marche vers le culte chrétien au centre duquel se trouve l'Agneau immolé (Ap 5, 6), le Christ qui, la veille de sa Passion, s'est offert à Dieu, qui nous réconcilie dans son amour et nous attire vers Dieu.
En ce sens, dans ce texte, c'est toute l'histoire des religions qui est concernée; elle est conduite d'abord vers Abraham (Israel) et ainsi vers le Christ, et elle est interprétée à partir du Christ: celui qui tout à la fois nous offre la mesure des discernements nécessaires et est lui‑même cette mesure.
------ Nous demandons pour nous la disposition intérieure d'Abel, d'Abraham, d'Isaac, nous prions ainsi Dieu de nous conduire à la rencontre du Christ, de nous faire entrer dans ses dispositions, de devenir un avec lui, comme Abel,
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Abraham, Isaac, Melchisédech, ses « types », sa présence anticipée dans l'histoire.
Et c'est ainsi que nous demandons à Dieu que son regard bienveillant, qui était et reste un regard sur le Christ, se pose aussi sur nous parce que nous sommes devenus un avec les sentiments du Christ (Ph 2, 5).
---- Abraham s'est séparé des dieux de sa patrie et s'est tenu à l'écart des dieux cananéens et de leurs cultes. Il a suivi « son Dieu », le Dieu qui l'a appelé. Or, il rencontre Melchisédech ‑ le roi prêtre du Dieu Très‑Haut et caractérisé par les attributs de justice et de paix.
Il reconnaît le culte de ce roi comme sien; il adore son Dieu, il reçoit de lui la bénédiction et c'est à lui qu'il donnera «la dîme de tout » (Gn 14, 18‑20), ce qu'on ne fait que face à un prêtre légitime. ------
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