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------ Ma thèse est que beaucoup d'exégètes pensent comme Hick et Knitter et reconstruisent l'histoire de Jésus à leur suite car ils partagent leur philosophie. -------
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Quand je sais a priori (pour parler comme Kant) que Jésus ne peut être Dieu, que les miracles, les mystères et les moyens de la grâce sont trois formes de chimères, je ne peux retrouver dans les livres saints des faits qui ne peuvent en être. Je ne peux qu'expliquer pourquoi on est parvenu à de telles affirmations, comment elles se sont progressivement constituées ainsi.
---- La méthode historico-critique ------ --------- veut saisir aussi exactement que possible le fait passé dans le passé, et elle présuppose que l'histoire est, dans son principe, uniforme: l'homme dans tout ce qui le différencie des autres, le monde en ses diverses distinctions, n'en sont pas moins définis par les mêmes lois et les mêmes limites, si bien que je suis en mesure de déterminer ce qui relève de l'impossible.
Ce qui aujourd'hui ne peut absolument pas se produire, n'a pas pu se produire hier, ni ne se produira demain.
---- On cherche ce que l'auteur d'autrefois a dit, et ce qu'il a pu avoir pensé. Cela tient à l'historique, au passé. C'est pourquoi l'exégèse historique‑critique ne me permet pas de faire entrer la Bible dans mon aujourd'hui, dans ma vie actuelle.
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------- elle est toujours incapable de montrer le Christ aujourd'hui, demain et dans l'éternité, car, si elle entend rester fidèle à elle‑même, elle ne peut montrer le Christ que dans son hier.
Puis vient la deuxième présupposition, l'identification du monde à l'histoire, ---------M. Waldstein a démontré, dans une analyse rigoureuse, que la théorie de la connaissance de Bultmann était entièrement déterminée par le néo‑kantisme de Marburgl8. À partir de là, il savait ce que cette affirmation peut entraîner.
Chez d'autres exégètes, la conscience philosophique sera moins accusée, mais le fond de la théorie de la connaissance de Kant est toujours présent de façon tacite, comme une herméneutique qui ouvre le chemin à la critique. Parce qu'il en est ainsi, l'autorité de l'Église ne peut pas simplement imposer de l'extérieur que l'on en vienne à une christologie de la filiation divine. --------
il y va dans la révélation de Dieu exactement de ce que
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celui‑ci, le Vivant et le Vrai, fait irruption dans notre monde et par là brise le carcan de nos théories, les barreaux des grilles avec lesquelles nous voulons nous-mêmes nous prémunir contre cette venue de Dieu dans notre vie. ----
------ La détresse de la philosophie, c'est‑à‑dire la détresse dans laquelle la raison a enfermé sa propre quête, est devenue détresse de notre foi. Celle‑ci ne peut devenir libre si la raison elle‑même ne s'ouvre pas sur des bases nouvelles.
Si la porte de la connaissance métaphysique reste close, si les limites de la connaissance humaine fixées par Kant sont infranchissables, la foi en vient à s'étioler: ------
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Perspective
À considérer l'histoire de la pensée telle que je l'ai esquissée, il semblerait miraculeux de croire encore ‑
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------- Pourquoi la foi a‑t‑elle encore une chance? Je dirais: parce qu'elle correspond à l'être de l'homme. Car l'homme est dimensionné bien plus largement que ne le voient Kant et les philosophies post‑kantiennes et dépasse les limites dans lesquelles ils veulent l'enfermer.
Kant lui‑même a dû, malgré ses postulats, en convenir. Dans l'homme vit, indélébile, l'aspiration à l'infini. Aucune des réponses apportées ne suffit: seul le Dieu qui s'est fait fini, pour déchirer notre finitude et nous conduire dans l'immensité de son infinitude, répond à la question de notre être.
C'est pourquoi, aujourd'hui encore, la foi chrétienne rencontrera de nouveau l'homme. Notre tâche consiste à la servir avec un humble courage, de toute la force de notre coeur et de notre raison.