Darras tome 32 p. 600
§ I. L'ILE DE RHODES PERDUE.
1. Le successeur de Léon X fut le cardinal Adrien Florent, évêque de Tortose en Catalogne. Son élection, que les uns ont regardée comme une œuvre miraculeuse, était procurée, selon les autres, par les intrigues de son ancien élève Charles-Quint. Ce prince, pour mieux cacher son dessein, avait promis sa protection à l'ambitieux cardinal de Volsey, primat et ministre d'Angleterre ; mais il fit agir si adroitement dans le conclave qu'Adrien, absent, étranger, sans naissance et sans qualités brillantes, obtint, le 9 janvier 1522, les deux tiers des voix d'abord, puis l'unanimité du plus nombreux conclave qu'on eût encore vu. Il s'y trouvait trente-neuf cardinaux. Adrien était né à Utrecht de parents obscurs et si peu fortunés qu'il ne put faire ses études qu'au moyen d'une fondation établie à Louvain pour de pauvres écoliers. Il parvint ensuite à une chaire de théologie dans cette université, à la dignité de vice-chancelier, au doyenné de l'Église de Saint-Pierre. C'est ce même doyen de Louvain que le cardinal Ximénès avait accepté comme adjoint dans la régence de Castille, et qui, après la mort de son illustre collègue, était demeuré seul vice-roi de ce royaume. Aussitôt qu'il eut appris la nouvelle de son élection ; il revêtit les habits pontificaux, et se fit nommer Adrien VI1. Il s'embarqua pour l'Italie le 2 août, fit son entrée au Vatican, le 30 du même mois, et le lendemain fut couronné dans la basilique de Saint-Pierre. On fondait, pour la répression du luthéranisme, de grandes espérances sur l'avènement de ce pontife. Elles ne seront pas réalisées.
2. Luther, ne pouvant pardonner à son disciple Carlostad d'avoir méprisé son autorité et de s'être érigé, à son préjudice, en chef de
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' Padl. Jov., Hadriani vita. — Gdicc. Stor. Ital. xiv. — Petb. Delphin, Epist. ni, 50. — Le nouveau pontife agit contrairement à un usage très-ancien parmi ses précédesseurs, qui depuis plus de cinq cents ans avaient tous changé de nom à leur avènement.
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parti, était retourné à Wittemberg, contre le gré de l'électeur de Saxe. Il le poussa sans aucun ménagement et le contraignit à se retirer à Orlamonde, ville de Thuringe encore soumise à l'électeur. Carlostad y fomenta la rébellion des paysans, que le livre de la Liberté chrétienne de Luther avait enfin soulevés contre leurs souverains, bien que ceux-ci fussent les protecteurs du nouvel évangile. L'électeur, pour calmer les esprits, envoya Luther, qui fut reçu à coups de pierres et couvert de boue. Il y eut toutefois, à l'auberge de «l'Ourse noire, » une conférence dans laquelle les antagonistes ne parvinrent nullement à s'entendre. Le 22 août 1524, ces deux hommes auront encore une entrevue dans cette même auberge si fameuse dans l'histoire des Luthériens. La conclusion en est à jamais mémorable. » Puissé-je te voir expirer sur la roue ! » dit Carlostad à Luther. « Puisse-tu, avant de quitter la ville, te rompre le cou ! » répond le second. « Voilà le nouvel Évangile, s'écrie Bossuet, voilà les Actes des nouveaux Apôtres ! » Pour revenir le moins qu'il se peut sur des choses dont le récit est à peine autorisé par la nécessité d'en lever le scandale, ajoutons ici, en devançant le cours des années, que banni de tous les Etats du duc Frédéric de Saxe, Carlostad se réfugia auprès de Zwingle, à Zurich, en Suisse. Mais celui-ci l'abandonna bientôt et le laissa tomber dans une misère extrême. Il fut contraint de recourir à son ancien maître, dont il fléchit l'orgueil à force de bassesses. Luther, en lui obtenant la permission de revenir à Wittemberg, ne paraît qu'avoir voulu mieux jouir du spectacle de son humiliation. Carlostad y fut si méprisé que, ne pouvant plus soutenir le contraste de ce qu'il était et de ce qu'il avait été, il alla reprendre à Bâle le métier de prédicateur dissident. C'est là qu'il mourut, si odieux au parti luthérien, que plusieurs écrivains protestants ont raconté qu'il avait été étranglé par le diable au sortir d'un prêche. Il laissait un fils nommé Jean qui eut le bonheur de rentrer dans le sein de l'Eglise et se fit gloire d'adhérer au concile de Trente1.
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1. Luth. tom. VII, fol. 273, 275, 501 et 502. — Inform. miss. tom. II, fol. 384 et 386. — Hospin. Sacram. part, n, fol. 32. — Erasu. Epist. six, 3. — Bossuet. Bist. des Variât, u, num. 11.
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3. Après avoir écrasé son rival, Luther
devint plus absolu et plus arrogant qu'il n'avait encore été. C'est alors qu'il
publia son livre contre l'état faussement
nommé ecclésiastique dans lequel
il voulait qu'après qu'on aurait exterminé les évêques, les abbés et les
moines, tous les fonds et tous les biens des évêchés, des abbayes
et des monastères fussent à la disposition des puissances séculières, dans la
domination desquelles ils se trouvaient. C'est également le fond de son livre
intitulé du fisc commun, qui, légitimant la cupidité des princes et des
magistrats, aida principalement à la fortune de sa réforme. Pour trouver plus
facilement des preuves de ces paradoxes dans l'Ecriture sainte, il fit paraître
vers le même temps sa traduction de la Bible, faite avec toute l'élégance et
toutes les finesses dont la langue allemande est susceptible. Mais des
théologiens profonds et non moins versés dans l'art d'écrire firent toucher
au doigt jusqu'à mille altérations criantes du texte sacré, dans la seule
version du nouveau Testament. Entre tous les autres, Jérôme Emser,
conseiller du prince Georges de Saxe, se dévouant avec une entière générosité
pour la cause commune de la religion, et ne craignant pas d'attirer sur lui
toute la fureur de la cabale
luthérienne, à la version qui en était l'idole opposa bientôt une traduction
qui rendait avec autant de précision que de fidélité le texte de la Vulgate, et qui faisait sauter aux yeux toutes les falsifications
de l'hérésiarque. Cet ouvrage engagea plusieurs princes ecclésiastiques et
laïques, notamment l'archiduc Ferdinand, frère de l'empereur, le duc de Bavière
et le prince George de Saxe, à proscrire par des édits rigoureux la version de
Luther et à la faire brûler publiquement. Ce qui mit Luther en une telle fureur
qu'il publia contre ces princes un libelle d'une insolence insensée1.
4. Pendant que l'hérésie et les guerres intestines désolaient l'Occident, Vile de Rhodes tombait au pouvoir des ennemis éternels du nom chrétien. Le sultan Soliman II, enorgueilli de la prise de Bel- grade, dont il s'était emparé l'année précédente, se flatta d'emporter de même le boulevard contre lequel avaient échoué jusque-là
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1 Luth. Lib. de Sxcular. potestat.
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les efforts de ses plus formidables prédécesseurs. Il regardait comme un opprobre pour l'empire du Croissant, un repaire de pirates et de larrons, ainsi nommait-il Rhodes, qui sans cesse alarmait ses ports, ses îles, ses meilleures places, et ravageait impunément toutes ses provinces maritimes. D'ailleurs il s'était fortement persuadé, sur les avis trouvés dans les mémoires de Sélim son père, que, pour se bien affermir dans ses Etats, il devait subjuguer Rhodes, après Belgrade. Le moment de l'entreprise lui semblait arrivé et l'exécution facile, tandis qu'il n'avait rien à craindre des princes chrétiens les plus puissants, l'empereur et le roi de France soutenant à peine le poids de la guerre qu'ils se faisaient avec une animosité sans égale et devant peu s'intéresser à ce qui se passerait aux extrémités du Levant. En effet, le grand-maître de Rhodes, instruit des projets du sultan, fit partir en vain des chevaliers pour réclamer l'assistance de toutes les cours de l'Europe. Ces envoyés ne s'étaient pas fait entendue, que le grand-maître se vit investi dans son île par une flotte de quatre cents voiles, galères ou autres vaisseaux, et par cent quarante mille hommes de débarquement. La valeur eût encore suffi contre la multitude, si la perfidie n'eût pas trouvé accès dans le sein même de l'Ordre. Villiers de l'Ile-Adam, élu grand-maître l'année précédente, avait eu pour compétiteur André d'Amaral, qui en était chancelier. L'ambition est capable de tout. Les noirceurs de la trahison ne firent pas horreur à d'Amaral. D'abord, il encouragea le sultan à venir assiéger Rhodes. Par l'entremise d'un Turc prisonnier de guerre, il l'instruisit exactement de l'état dans lequel se trouvait l'île, des endroits les plus faibles de la place et du petit nombre des combattants qui s'y rencontraient. D'Amaral était secondé par un médecin juif, qui servait habituellement d'espion au grand-seigneur et qui lui donnait des avis presque journaliers par l'un de ses coreligionnaires de Scio, chargé de les faire parvenir à
5. Les chevaliers se défendirent avec leur courage ordinaire pen-
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1 Continuât. Sabel. ann. 1623. — Belcair. xvii, nuui. 2. — Patjl; Jov. Ba-
drian. Vit. — Petr. Delphin. Epist. xii, 74. — Petr. Just. xii.
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dant près de six mois que dura le siège 1, avec des succès qui tournèrent quelquefois la fureur du sultan contre Mustapha son beau-frère, dont il avait principalement suivi les conseils dans cette entreprise. Peu s'en fallut même qu'un jour il ne le tuât de sa propre main. Et quand il fut revenu de son emportement, il fit défendre à Mustapha de ne plus jamais paraître devant lui et l'envoya gouverner l'Egypte, après lui avoir substitué Achmet dans le commandement du siège. Cette disgrâce fut la suite d'un assaut général donné depuis l'arrivée du sultan, qui, pour relever le courage abattu de l'armée, était venu en personne au siège avec un renfort de quinze mille hommes, les meilleures troupes de tout l'empire. Quoiqu'une artillerie formidable eût déjà foudroyé la place un mois durant, sans interruption ni le jour ni la nuit, les Rhodiens, attaqués aussitôt après par quatre endroits différents, firent partout des prodiges de valeur, dont le moindre dommage pour les Turcs fut le massacre d'un plus grand nombre de ces infidèles que Soliman n'en avait amenés. Leurs meilleurs capitaines y périrent, et toute leur armée parut découragée d'une manière plus irrémédiable qu'avant l'arrivée du sultan. Dans la place, au contraire, tout était devenu soldat, et les soldats autant de héros. Cependant les succès mêmes des Rhodiens leur devenaient funestes. Leurs victoires multipliées diminuaient leur petit nombre de jour en jour et les anéantissaient insensiblement. Après l'assaut général dont nous venons de parler et qui avait été précédé de plusieurs autres, Rhodes se trouva presque sans défenseurs et sans chefs. Le grand-maître d'artillerie, le général des galères, le grand gonfalonier étaient tués, sans compter une infinité de chevaliers. Parmi ceux qui survivaient il y en avait peu qui ne fussent blessés au point de ne pouvoir continuer leur service. Le secret seul pouvait sauver la place. Pendant quelque temps il fut en effet assez bien gardé pour que Soliman désespérât de la prendre et se déterminât à lever le siège. Déjà il se disposait à plier bagage, lorsqu'un misérable transfuge albanais de naissance, gagna le camp des Turcs et avertit le grand-seigneur de l'état désespéré dans lequel se trouvait l'armée chrétienne. Ceci ne portant que sur le témoignage intéressé d'un
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aventurier, n'eût peut-être rien changé aux dispositions du Sultan, s'il n'eût reçu en même temps une lettre du chancelier d'Amaral, qui confirmait de point en point le rapport de l'Albanais.
6. Cette nouvelle répandue dans le camp ralluma le courage des Turcs, à qui Soliman, pour le soutenir et l’animer de plus en plus, promit le pillage de la ville, s'ils l'emportaient d'assaut. Dos lors il se résolut à la prendre ou à périr sous ses murs. Alors aussi la trahison du chancelier fut découverte, assez tôt pour lui faire subir le supplice infamant qu'il méritait, mais trop tard pour sauver une place dont l'attaque et la réduction étaient désormais la même chose. Le domestique de confiance qu'il avait employé à transmettre ses correspondances à l'ennemi fut pendu, et lui-même, malgré son obstination à ne rien avouer, eut la tête tranchée publiquement, et son corps fut ensuite écartelé. Cependant le nouveau général de l'armée ottomane, Achmet, ingénieur habile, usa des précautions négligées par Mustapha son prédécesseur, mit sagement en usage la sape et la mine, fit bâtir au-devant de la tranchée un rempart comparable à ceux de la ville, et prit toutes les mesures propres à épargner le sang de ses troupes. Un assaut donné après cela fut encore inutile aux Infidèles, qui trouvèrent de nouveaux retranchement bordés d'artillerie. Ils y essuyèrent des pertes nouvelles et les Rhodiens y firent de nouveaux prodiges de valeur1. Malheureusement le noble Gabriel Martinengue, de Brescia, qui était accouru généreusement de Candie au secours de Rhodes, et qui en faisait la meilleure défense par son incomparable habileté dans le génie, reçut une blessure qui le tint trente-quatre jours dans l'impossibilité d'agir. Durant tout ce temps, le grand-maître demeura dans un retranchement, sans prendre de repos ni le jour ni la nuit. A son exemple, les chevaliers sacrifiaient de même leurs forces ou leur vie. Ils attendaient quelque secours des chevaliers français qui avaient armé deux vaisseaux à Marseille ; mais l'un fut englouti par la tempête quand il venait à peine de quitter la côte de France, et l'autre, après avoir résisté plus longtemps, alla échouer sur les
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1 Belcaib. xvii, num. 32. — Pétri Delphiîî. Epist. xn, 86.
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côtes de Sardaigne. Achmet, procédant toujours avec sa circonspection et son intelligence accoutumées, avait ruiné la plupart des bastions, pénétré par la mine jusque sous les nouveaux retranchements des assiégés, et conduit sa tranchée à plus de deux cents pas dans la ville, sur une largeur de soixante-dix. Soliman néanmoins, tremblant toujours pour le succès, fît proposer à plusieurs reprises des conditions qui furent toutes rejetées par le grand-maître. Le courage des citoyens n'eut pas la même persévérance. Comparant enfin les offres du sultan aux horreurs de leur ville emportée d'assaut, ne voyant plus que leurs foyers et leurs églises même inondées de sang, leurs filles et leurs femmes abandonnées à la brutalité des Infidèles, ils crièrent unanimement que, si le grand-maître ne capitulait pas, ils traiteraient à part et pour leur compte1. Forcé d'assembler le conseil, comme il opposait encore à la plupart des voix la juste défiance qu'il disait avoir de la foi des Turcs, on lui remit une lettre de Soliman, qui offrait pour la dernière fois des conditions honorables, et en cas de refus, menaçait des extrémités les plus affreuses,
7. Les conditions furent acceptées et exécutées de bonne foi. Elles portaient en substance : que les églises ne seraient ni profanées ni pillées ; que les chrétiens, soit latins, soit grecs, conserveraient le libre exercice de leur religion, qu'on ne prendrait point sur eux de tribut d'enfants pour la recrue des janissaires ; que les habitants seraient exempts d'impôts et de toute charge pendant cinq ans ; qu'ils auraient pendant trois ans la liberté de se retirer et d'emporter leurs effets avec eux ; le grand-seigneur fournirait aux chevaliers et aux officiers de l'Ordre les vaisseaux nécessaires à leur transfert sous bonne escorte dans l'île de Candie ; qu'ils auraient douze jours depuis la signature du traité pour embarquer les reliques des saints, les vases et les ornements sacrés, leurs propres effets, meubles, titres, et tout le canon qu'ils avaient coutume d'employer à l'armement de leurs galères. On tint si fidèlement la main à l'exécution de ces articles, que quelques janissaires ayant
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1 Laubeni. Subics. Comment, ann. 1523.
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fait du tumulte et commencé à piller, le général Achmet fit dire à l'aga que sa tête répondait de la conduite de ses gens, et le désordre cessait aussitôt1. Ce général assura aussi à l'Ile-Adam que le sultan le verrait avec plaisir. Le grand-maître se rendit dès le lendemain à la tente de Soliman, où, après qu'on l'eût revêtu d'une veste superbe, ainsi que les chevaliers qui l'accompagnaient, on l'introduisit à l'audience. Soliman le combla d'honneurs, lui dit pour le consoler que la perte ou la conquête des empires n'était que des jeux de la fortune, et tenta par de magnifiques promesses de le détacher des puissances chrétiennes, qui l'avaient abandonné si lâchement, et de l'engager à un prince plus juste estimateur de la valeur et de la grandeur d'âme. L'Ile-Adam, après l'avoir remercié, dit que, si la fortune était l'arbitre de la victoire, loin de l'accuser de caprice, il devait lui savoir gré de l'avoir accordée à un prince qu'il était plus honorable que honteux d'avoir pour vainqueur ; quant à son service, il ne pouvait s'y attacher sans trahir la religion chrétienne, ce qui serait une lâcheté qui lui assurerait son propre mépris. Confession noble et si digne de l'estime du sultan lui-même qu'il lui donna sur le champ sa main à baiser. Deux jours après, Soliman, faisant son entrée dans sa conquête, rendit visite au grand-maître encore logé dans son palais, l'honora jusqu'à le nommer son père, l'exhorta tendrement à ne point céder au chagrin, et à user de son grand courage pour mépriser les caprices du sort. On ajoute qu'il entra dans le palais sans gardes et avec un seul valet de chambre, disant qu'il avait la meilleure de toutes les escortes dans la foi et la magnanimité de cet illustre infortuné. Quand il eut rejoint Achmet : « Ce n'est pas sans douleur, ajouta-t-il, que je réduis ce vénérable vieillard à sortir de sa maison. » C'est ainsi que les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem perdirent l'île de Rhodes dans les derniers jours de l'an 1322.
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1 Jacob, de Bobboh. Hist. Rhod. pag. 681.