Gerbert 12

Darras tome 20 p. 373

 

   31. De ces hauteurs où planait le génie de Sylvestre II, il lui fallait redescendre pour lutter contre les passions mauvaises qui s'agitaient autour de lui, menaçant à la fois l'église et l'empire. Conon, évêque de Pérouse, éleva des prétentions sur l'abbaye de Saint-Pierre située dans son diocèse, mais relevant depuis sa fondation de l'autorité du saint-siège. L'abbé opposa une énergique résistance ; l'évâque le fit chasser à main armée et s'empara du monastère. Sylvestre II, dans un concile réuni an palais de Latran, fulmina contre Conon une sentence d'anathème et le belliqueux prélat fut contraint de se soumettre à la pénitence qui lui fut imposée. Une autre contestation du même genre survenue entre Wilhgise, archevêque de Mayence, et le saint évêque d'Hildesheim Bernward fut plus difficile à terminer. Le monastère de Gandersheim, où la pieuse Hroswita composait ces drames chrétiens qui l'ont immortalisée, avait toujours relevé des évêques d'Hildesheim.

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1. Gilbert, t'pi-t. ccix, p. 149'

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   Il avait alors pour abbesse une tante de l'empereur Othon III. La princesse Sophie, sœur d'Othon, venait elle-même d'y prendre le voile; mais elle ne voulut pas le recevoir des mains de l'évêque d'Hildesheim et appela pour cette cérémonie l'archevêque de Mayence. Bernward n'eut point à réclamer contre cette première mesure, qui ne dépassait ni le droit de l'abbesse ni celui de la postulante. Mais il dut bientôt intervenir pour un objet plus grave. La princesse Sophie, dont la vocation religieuse ne paraît pas avoir été très-solide, porta dans le cloître les passions du monde. Sa conduite légère lui attira les reproches du saint évêque. Elle n'en tint aucun compte, et profitant d'une maladie de l'abbesse sa tante pour usurper les fonctions de supérieure, elle invita l'archevêque Willigise à consacrer l'église récemment construite au sein du monastère. Bernward s'opposa à cet empiétement sur sa propre juridiction. Willigise eut le tort de passer outre : non-seulement il consacra l'église d'Hildesheim, mais déclarant que l'abbaye relevait de son pouvoir métropolitain, il y exerça dès lors tous les droits juridictionnels. Bernward porta l'affaire à Rome où il fut accueilli avec déférence par le pape et l'empereur. Dans un synode tenu le 5 janvier 1001 au parloir (in parlare) de l'église de Saint-Sébastien. Sylvestre II fit entendre des paroles sévères contre l'archevêque de Mayence. Sans toutefois se prononcer définitivement, il remit la solution à un concile provincial qui devrait se réunir le 21 juin à Palitho (Polden) en Allemagne, sous la présidence d'un légat du saint-siége. Willigise prit cette condescendance paternelle pour un acte de faiblesse. Il fit confirmer ses prétendus droits dans une assemblée d'évêques à Gandersheim, surexcita en sa faveur les principaux seigneurs germains et se disposa à une révolte ouverte. Lorsque le cardinal-prêtre Frédéric, légat du pape, se rendit au concile de Palitho, il fut accueilli par des cris et des injures. Les évêques allemands s'étaient fait accompagner d'hommes d'armes prêts à trancher à coups de sabre la question canonique. Le légat obtint avec peine qu'on voulût bien l'entendre; il adressa quelques paroles pleines de douceur à l'assemblée pour l'engager au calme et pacifier les esprits. Après quoi, il

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présenta à l'archevêque de Mayence une lettre du souverain pontife. Willigise refusa de la recevoir, et le légat se vit contraint d'en donner lui-même lecture à haute voix. Le rescrit apostolique contenait des reproches pour le métropolitain rebelle, et avertissait de se soumettre aux décisions de l'Église. En ce moment les vassaux de l'archevêque firent irruption dans la salle des séances en criant : Mort à l'évêque Bernward ! mort au légat Frédéric ! Dans ce tumulte, le représentant du saint-siége demeura impassible, opposant aux furieux, avec le calme d'une âme héroïque, un courage qui n'eût pas reculé devant le martyre. Les évêques parvinrent à le dégager; on fit évacuer la salle, mais Willigise n'y voulut pas rester après le départ de ses adhérents. Il sortit sans vouloir écouter le légat, qui le suivit jusqu'à la porte et le somma, au nom de l'autorité apostolique, d'assister à la séance du lendemain. Sourd à toutes les exhortations, Willigise quitta Palitho la nuit suivante, et le légat se vit contraint de lui écrire qu'en vertu du pouvoir des princes des apôtres Pierre et Paul ainsi qu'au nom du pape Sylvestre II, il demeurerait suspens de ses fonctions jusqu'à ce qu'il eût comparu en personne devant le saint-siége.

 

   32. Quand le légat fut revenu en Italie pour rendre compte de sa pénible mission au pape et à l'empereur, tous deux avaient quitté Rome, à la suite de nouveaux soulèvements dont Grégoire de Tus- culum s'était fait l'instigateur. Tibur s'était encore une fois révoltée. Othon III avec ses troupes en fit le siège, réussit à s'en rendre maitre  et voulait anéantir ce foyer d'insurrection. Mais sur les instances du pape, il consentit à épargner la cité rebelle, se bornant à en raser les murs et à exiger des otages pour garantir la fidélité des habitants. A peine de retour à Rome, il s'y vit assiégé lui-même dans son palais du mont Aventin. Les séides de Grégoire de Tusculum fermèrent toutes les portes et couvrirent les rues de barricades. Toutes les communications avec le dehors étaient rompues. L'armée allemande commandée par Henri de Bavière  s'était dirigée sur la province de Bénévent, où une insurrection venait aussi d'éclater. La situation semblait donc désespérée.  L'empereur et le personnel de sa garde resté près de lui manquaient de vivres. Ils se prépa-

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raient à tenter une vigoureuse sortie et à mourir glorieusement le fer à la main, lorsqu'on annonça l'approche du duc de Bavière. Celui-ci à la première nouvelle des événements avait rebroussé chemin et volait au secours de l'empereur. Ce fut au tour des Romains de trembler. Ils vinrent se prosterner aux pieds d'Othon et demander grâce. La clémence prévalut dans l'esprit du jeune prince. Il accorda généreusement le pardon aux rebelles et se contenta de leur adresser ces paroles touchantes : « N'êtes-vous donc plus mes Romains? Par amour pour vous, j'ai renoncé à mes compatriotes Saxons et Germains, à ma famille, à mon pays. Sous mes drapeaux vos guerriers ont parcouru en maîtres les contrées les plus lointaines, les provinces où vos aïeux, quand le monde leur était soumis, ne posèrent jamais le pied. J'ai fait tout cela pour porter votre nom et votre gloire jusqu'aux extrémités du globe. La prédilection que je vous ai témoignée excitait l'envie de mes autres sujets ; et voilà que, repoussant ma tendresse paternelle, vous avez égorgé  mes plus fidèles serviteurs. Si j'ai, par la grâce de Dieu, échappé à vos coups, vous n'en avez pas moins ourdi contre moi vos complots parricides 1. »

 

   33. Après cette harangue empreinte d'une tristesse si profonde Othon lII et le pape Sylvestre quittèrent Rome au milieu des larmes de la population repentante.  Ils allèrent d'abord camper à quelques milles de l'ingrate cité que leur absence consternait et s'éloignèrent bientôt pour se rendre à Pavie. Ce fut là  que Frédéric vint les  rejoindre. Les nouvelles dont il était porteur n'étaient pas de nature à les consoler des disgrâces qu'ils venaient d'éprouver eux-mêmes. La révolte  de l'archevêque de Mayence soutenue par un parti puissant en Germanie compliquait les difficultés de la situation. Le pape prit des mesures pour convoquer les évêques d'Allemagne et Willigise en particulier à un concile qui devait se tenir à Todi, aux prochaines fêtes de Noël (1001). De son côté, l'empereur leur mandait d'amener avec eux une nombreuse armée, dont il avait besoin pour réprimer l'insurrection

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1.  Thangmar. Vit. S. Bernwardi. cap. xxv, Pair. Lai., tom. CXL, col  414.

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de la province de Bénévent. Le concile s'ouvrit en effet le 27 décembre au lieu indiqué, mais il ne s'y présenta que trois évêques allemands. Il fallut donc le proroger pour attendre l'arrivée des autres prélats. On annonçait l'approche de l’archevêque de Cologne et de l'évêque de Constance avec une  nombreuse armée.  Cette nouvelle rendit quelque espérance à l'empereur  Othon III.  Ce prince dont les forces physiques étaient épuisées par une fièvra lente et  continue, tombait dans un profond découragement.  Il voyait s'évanouir comme un songe ses magnifiques projets. Rome lui fermait ses portes et l'Allemagne prenait parti contre lui  en faveur de l'archevêque de Mayence.    La   révolte  de   ce dernier contre le saint-siége  devait  durer   plus   longtemps   que la vie du pape et de l'empereur. Willigise ne se soumit définitivement qu'en l'an 1007, repentir bien tardif pour un homme qui avait commencé par être l'un des plus fidèles amis de Gerbert et d'Othon lui-même. Enfin,  le 19 janvier 1002,  l'archevêque de Cologne et l'évêque de Constance amenèrent l'armée si longtemps attendue. Sans perdre un instant Othon III, malgré le délabrement de sa santé, se mit à la tête des troupes et s'avança vers le sud de l'Italie. Mais  l'intensité de la maladie le contraignit de s'arrêter à quelque distance de Rome, au pied du mont Soracte, dans la bourgade de Paterno. « Le jour à jamais funeste qui allait nous ravir le plus doux des empereurs, dit le chroniqueur Thangmar, était proche. Othon sentit qu'il allait mourir; il voulut faire sa confession à un prêtre qui se rencontra par hasard. L'humble ministre du Seigneur lui demanda s'il se trouvait plus mal. Non, répondit l'empereur. Mais il ne faut pas à la fièvre du corps joindre celle de l'âme. — Et il se confessa dévotement. Le mal fit des progrès rapides. Le pape et les évêques accoururent à Paterno. L'auguste malade reçut avec une ferveur inexprimable le corps du Seigneur, et il s'endormit dans la paix1 (23 janvier 4002). »  Sylvestre ferma en pleurant les yeux de cet  empereur de vingt-deux ans, dont il avait  fait un  Constantin nouveau. Il perdait avec

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1Thangmar. loc. cit.. cap. xxxvn.

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Othon III le bras et le cœur sur lesquels il avait compté pour la restauration d'un empire vraiment chrétien. Par surcroit de douleur, il dut prendre lui-même des mesures de prudence afin d'éviter aux dépouilles mortelles du jeune César les outrages des populations voisines. On dut cacher sa mort et transporter furtivement le cercueil impérial sous l'escorte d'une troupe dévouée. Malgré ces précautions, le cortège funèbre fut attaqué par les bandes italiennes et il fallut forcer le passage les armes à la main. Après sept jours d'une marche pénible, sans cesse interrompue par de nouveaux combats, on atteignit Vérone, d'où l'on s'engagea dans les défilés des Alpes. Le voyage dès lors se continua à petites journées à travers des populations émues, qui s'empressaient de rendre les plus magnifiques hommages au souverain qu'elles avaient aimé. Ce fut seulement le dimanche des Rameaux (29 mars 1002) que le cortège à la fois triomphal et funèbre arriva à Aix-la-Chapelle, où tous les princes d'Allemagne et une foule immense accueillirent en pleurant les restes du dernier représentant direct de la maison de Saxe. Ils les déposèrent dans le chœur de l'église de Sainte-Marie, non loin du tombeau qu'Othon III avait élevé à Charlemagne.

 

   34. Cette mort prématurée fut le signal d'un ébranlement général en Allemagne et en Italie. Trois concurrents Henry de Bavière, le margrave de Misnie et de Thuriuge Eckard, Herman II duc d'Alémanie, se disputèrent le trône les armes à la main. La Bohême et la Pologne étaient en feu. Les seigneurs italiens, dans une diète tenue à Pavie, se séparèrent de l'empire et choisirent pour roi Hardoin d'Ivrée. La récente constitution impériale, œuvre du grand pontife, était ainsi foulée aux pieds. Le nouveau roi d'Italie, Hardoin, marquis d'Ivrée, était fort indigne de l'honneur qui lui fut fait alors. Le choix de sa personne par les seigneurs féodaux constituait une véritable insulte pour le pape. L'année précédente, Hordoin avait mis à mort l'évêque Pierre de Verceil. Un tel forfait commis publiquement, sous un empereur qui s'appelait Othon III et un pape qui s'appelait Sylvestre II, ne pouvait rester impuni. Le meurtrier fut cité à Rome, et voici le texte récemment découvert de la sentence fulminée contre lui le 5 janvier 1001.

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«  Pénitence imposée au marquis Hardoin dans la basilique de Saint-Pierre de Rome par le seigneur pape Sylvestre, l'empereur auguste Othon III et les pontifes de la catholique Italie synodiquement assemblés. Sachent tous qu'Hardoin a confessé devant le concile que les hommes d'armes qui ont assassiné l'évêque Pierre de Verceil étaient à sa solde, qu'il les dirigeait en personne, qu'il a présidé au meurtre et qu'il a ensuite ramené et gardé à son service les assassins. Comme il s'est spontanément déterminé à cet aveu et qu'il l'a fait publiquement, le saint synode a voulu lui imposer la même pénitence qu'il aurait eue à accomplir s'il se fût, dans une confession secrète, accusé d'avoir mis à mort un évêque. En conséquence il ne portera plus jamais les armes, ne mangera plus de viande, ne recevra plus le baiser d'aucun ami, renoncera à l'usage du mariage, ne gardera pour tout vêtement qu'un cilice. Tant qu'il sera en santé il ne pourra rester plus de deux nuits dans le même lieu, et ne recevra le corps du Seigneur qu'à la fin de sa vie. Il peut cependant échanger cette pénitence contre la profession monastique, à la condition de se déterminer immédiatement 1

 

   35. On voit que le marquis d'Ivrée ne se crut pas longtemps lié par les engagements qu'il dut prendre au concile de Rome, à la suite de cette sentence. En se faisant conférer le titre de roi, il se donnait un brevet d'absolution que d'ailleurs les événements ne devaient pas rattifier. Sylvestre II n'eut point à intervenir dans ces conflits qui firent plus tard répandre des torrents de sang. Plus forte que la douleur, sa grande âme subissait sans fléchir des coups si terribles, mais son corps épuisé par de précoces infirmités et par l'approche de la vieillesse était déjà atteint d'une maladie mortelle. Dieu lui réservait pourtant en ce monde une dernière joie. La couronne d'Allemagne fut enfin solennel-

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1. Le document dont nous donnons la traduction est resté inconnu à tous les historiens de Gerbert et à M. Olleris lui-même. Il a été retrouvé naguère dans un manuscrit appartenant à la bibliothèque du chapitre d'Ivrée et publié par M. Amédée Peyron (Notizia deiC archivio delreverendisiimo copitolo d'lurent p. 9;. Les Tavole cranologiche en reproduisent le texte, Secolo xi, p. 133.

2. Olleris. Gerbert, p. 176.

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lement déposée sur un front digne de la porter. Le duc de Bavière, celui que l'Église devait plus tard honorer d'un culte public sous la nom de saint Henri, reçut la soumission de toutes les provinces ger-maniques et régna sans conteste. Les Saxons avaient été les derniers à lui rendre hommage. Henri conquit leur cœur dans une diète  tenue à Mersebourg en  septembre  1002. Comme le duc saxon Berhard lui exposait les vœux du peuple et lui demandait ce qu'il voulait octroyer à ses sujets :   «Je ne veux  d'autre règne que celui de Dieu, répondit Henri. Je sais comment vous avez toujours été fidèles à vos rois, toute mon ambition est de mériter par mon dévouement pour vous une semblable fidélité pour moi. Ma vie entière sera vouée à votre bonheur, au règne de la justice et des lois.» Ces nobles paroles émurent les Saxons qui s'écrièrent : Vive le roi ! Le duc Bernhard lui remit la sainte lance, conservée en  Saxe depuis Charlemagne. Henri baisa pieusement cet insigne auguste et sut le faire respecter. Son règne fut une suite de triomphes soit sur les grands vassaux allemands et italiens qui cherchaient à se rendre indépendants, soit sur les Slaves  qu'il voulait soumettre et convertir. Sa piété, son zèle pour la propagation  de la foi chrétienne, sa soumission à l'autorité de l'Eglise faisaient l'édification de ses contemporains.  Le saint et le héros se  trouvaient  par  une heureuse alliance réunis en sa personne, et  ses brillantes qualités rappelaient Charlemagne dont sa famille prétendait   descendre. La reine   Cunégonde, se montrait par sa modestie, sa vertu et une charité inépuisable la digne épouse d'un saint couronné. Il vécurent tous deux, d'un mutuel consente-ment, dans la continence parfaite, et donnèrent ainsi l'un des plus illustres exemples de ces mariages de la virginité si féconds en fruits de salut et de grâce.

 

   36. Quand Sylvestre II apprit ces heureuses nouvelles, il était à Rome au milieu d'un peuple qui, appréciant enfin les bienfaits de son administration paternelle, entourait ses derniers jours d'une vénération d'autant plus profonde qu'elle était plus tardive. « Les rares documents de l'époque, dit M. Olleris, nous le représentent octroyant ou confirmant des privilèges à divers monastères, répon-

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dant aux questions délicates, aux cas de conscience sur lesquels on l'interrogeait. Il portait dans ses relations un grand esprit de douceur acquis par la dure expérience des affaires; il savait compatir aux faiblesses de la nature humaine, tout en condamnant ses erreurs. 1 » Nous n'avons sur cette période du pontificat de Sylvestre II aucun détail circonstancié. Les légendes injurieuses qui circulèrent depuis, et qui attribuaient à sa mort un caractère tragique appartiennent au roman non à l'histoire. Les dernières pensées du grand pontife furent pour le ciel. Nous en avons la preuve dans les hymnes au Saint-Esprit et aux saints anges qu'il composa sur son lit de douleur. Bien qu'il ne fût pas encore arrivé à la vieillsse proprement dite, l'étude et les nombreuses vicissitudes de son existence avaient brisé l'énergie de sa robuste nature. Sa tendre piété envers la sainte Vierge, attestée par son épitaphe1, dut consoler les tristesses de ses derniers jours. Il mourut le 12 mai de l'année 1002, après avoir saintement gouverné l'Église pendant quatre ans, trois mois, dix jours. Après lui la majesté du siège apostolique devait déchoir encore de la hauteur où son génie l'avait portée, pour redevenir le jouet des factieux ; mais l'impulsion était donnée et Grégoire VII  n'était pas loin.

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1. Quem dedei-at mtmdo celebrem doctissima Virgo.

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