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CONFÉRENCE DANS LE CIEL.

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  27. « Alors Jésus, dit l'Évangéliste, commença à découvrir à ses disciples qu'il fallait que le Fils de l'homme se rendit à Jérusalem, pour y souffrir les plus cruels tourments, subir la condamnation
des Anciens, du Grand-Prêtre et des Scribes, être mis à mort et ressusciter le troisième jour. Il leur fit cette déclaration en termes explicites. Pierre le prenant à part lui dit: A Dieu ne plaise qu'il en soit ainsi! Seigneur, cela ne vous arrivera point! — Jésus se retourna vers les disciples, et d'une voix menaçante il dit à Pierre: Retirez-vous, Satan! Vous êtes pour moi un scandale, car vous ne discernez point les choses de Dieu, et n'avez de goût que pour celles des hommes. — Puis s'adressant à eux tous, il leur dit: Si quelqu'un veut venir après moi qu'il se renonce soi-même, qu'il porte sa croix chaque jour, et me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra; mais celui qui la perdra pour moi et pour l'Évangile la sauvera. Que sert à l'homme de conquérir le monde, s'il vient à perdre son âme? Par quelle compensation rachètera-t-il une telle perte? Si quelqu'un rougit de moi et de ma parole, le Fils de l'homme rougira de lui, alors qu'il viendra dans sa majesté, dans la gloire du Père, avec l'escorte des saints Anges. Car le Fils de l'homme fera ainsi son avènement, et c'est alors qu'il rendra à chacun selon ses œuvres. — Puis il ajouta: En vérité, je vous le dis, il en est quelques-uns, parmi ceux qui m'entourent, qui ne mourront pas avant d'avoir vu le Fils de l'homme dans sa gloire 1.»

 

§ V1. La Transfiguration.

 

  28. «Environ, huit jours après, Jésus prit Pierre, Jacques et Jean son frère, et les conduisit à l'écart sur une montagne fort élevée.

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Porte. En Orient, il servait, au temps de Notre-Seigneur, à désigner la puissance, l’imperium. C'est pour cette raison que, de nos jours encore, on donne au gouvernement de Constantinople le nom de Porte ottomane. L'autheuti- cité de cette parole est donc incontestable. Une locution pareille ne se fût jamais rencontrée sous la plume d'un légendaire grec ou romain. Quant à l'explication du rationalisme, elle se borne à dire que «Jésus avait au suprême degré l'art de jouer sur les mots.» Un jeu de mots qui fonde un empire immortel frappera tous les esprits raisonnables en dépit de tous les rationalistes. — 1. Matth., xvi, 21-28; Marc, vni, 31-39; Luc, ix, 22-27.

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Il se mit en prière, et pendant qu'il priait, il fut transfiguré devant eux. Son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la neige. Or, Moïse et Élie leur apparurent conversant avec lui. Ils s'entretenaient de la mort qu'il devait subir à Jérusalem. Pierre dit alors à Jésus: Seigneur, il nous est bon de demeurer ici. Si vous le permettez, dressons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, et l'autre pour Élie. —Pierre tenait ce langage, sans se comprendre lui-même, car ils étaient saisis de crainte. II parlait encore, lorsqu'une nuée lumineuse les enveloppa, et redoubla leur terreur. Une voix, sortant de la nuée, disait: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances; écoutez-le! — En entendant cette voix, les disciples tombèrent le visage contre terre. Mais Jésus s'approchant, les toucha et leur dit: Levez-vous, ne craignez point. — S'étant relevés, et regardant autour d’eux, ils ne virent plus que Jésus seul. Ils redescendirent avec lui la montagne et il leur donna cet ordre: Ne parlez à personne de cette vision, avant que le Fils de l'homme soit ressusité d'entre les morts.—Ils gardèrent, en effet, le silence et ne dirent à personne, en ces jours-là, ce qu'ils venaient de voir, réservant pour eux seuls le secret de cette merveille, et se demandant ce que Jésus avait voulu dire par ces mots: Avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. — Cependant ils interrogèrent le Seigneur et lui dirent: Pourquoi donc les Pharisiens et les Docteurs de la loi disent-ils qu'Élie doit réapparaître, avant l'avènement du Fils de l'homme?—Jésus leur répondit: Élie viendra en effet, et il rétablira toutes choses. Il en sera de lui comme du Fils de l'homme, dont il est écrit qu'il doit être accablé de souffrances et d'outrages. Or, je vous dis qu'Élie a déjà fait son avènement, mais ils ne l'ont point connu, ils ont exercé sur lui leur cruauté, selon qu'il avait été prédit par les Prophètes. Le Fils de l'homme sera traité par eux de la même manière. — Les disciples comprirent alors qu'il parlait de Jean-Baptiste 1.»

  29. Le Thabor est le point culminant où la divinité de Jésus-

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1. Luc, IX, 28-36; Matth., xvn, 1-9; Marc, li,i-« ;

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Christ rayonne aux yeux du monde entier, comme le Calvaire sera le sommet où son humilité s'affirmera, dans l'excès de la souffrance et de l'ignominie. Ces deux montagnes sont les deux pôles de la rédemption du genre humain. Pierre, investi de la primauté suprême de l’Église, se révolte à l'idée des tourments, de la mort et de la résurrection de son divin Maître. Un Dieu peut-il souffrir et mourir? Or, Pierre a confessé, dans l'ardeur de sa foi, que Jésus était le Christ, Fils du Dieu vivant. Donc, le Christ ne saurait mourir. Il va fonder enfin cet Empire, que les Juifs attendent, et qui devait relever, au profit de Jérusalem, le sceptre de la domination de l'univers. Telles étaient encore en ce moment les espérances des disciples eux-mêmes. Cependant Jésus les entretient des opprobres et de la douloureuse passion qu'il doit bientôt subir à Jérusalem. Il déroule à leurs regards la série lamentable des tortures qui lui sont réservées. Il sera condamné par le Sanhédrin, par le tribunal des Grands-prêtres, par le témoignage des Scribes. Il subira le dernier supplice; il mourra, mais pour ressusciter le troisième jour. Ce ne sont point là des éventualités auxquelles il veuille se sous-traire. «Il faut» qu'il se rende lui-même à Jérusalem, et il s'y rendra volontairement, pour y épuiser, jusqu'à la dernière goutte, ce calice d'amertume. Le chef des Apôtres s'indigne à cette seule pensée; et Jésus le repousse avec indignation, en lui reprochant son zèle tout humain, qui ne sait pas comprendre les choses de Dieu. «Retirez-vous, Satan, vous êtes pour moi un sujet de scandale!» Telle était la divine éducation de Pierre, que Jésus-Christ élevait, par degrés, à cette hauteur sublime, où les choses de la terre ne devaient plus lui apparaître qu'à travers le miroir des choses du ciel. Cette dure parole, c'est Pierre lui-même qui la dicte à son disciple saint Marc, dans son Évangile, afin qu'elle perpétue, d'âge en âge, le souvenir de son humiliation. Il prend soin de faire inscrire toutes les erreurs, toutes les faiblesses, toutes les fautes par lesquelles il passera successivement, jusqu'à ce que s'accomplisse pour lui la promesse d'infaillibilité du Sauveur: Voici que j'ai prié pour que votre foi ne défaille point; ainsi, quand vous serez relevé, vous aurez le privilège d'affermir vos frères.» C'est

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l'Évangile de saint Marc qui, dans le récit de la Transfiguration, nous dit: «Pierre ne se rendait pas compte de son propre langage, car ils étaient saisis de crainte.» Saint Matthieu et saint Luc n’enregistrent pas cette réflexion. Nous aurons l'occasion de faire la même remarque dans l'histoire de la Passion. L'Évangile, écrit sous la dictée de saint Pierre, est une confession continuelle des fautes de saint Pierre, et, par un sentiment d'ineffable humilité, tout ce qui pourrait relever la grandeur personnelle du prince des Apôtres y est passé sous silence.
  30. Au contraire, les autres Évangélistes donnent toujours à Pierre la primauté dans la foi, dans le dévouement, et dans le privilège glorieux dont son divin Maître l'a investi. C'est saint Matthieu qui nous apprend la marche glorieuse de saint Pierre sur les eaux du lac de Tibériade. Saint Marc, qui n'omet aucun autre détail de l'apparition de Jésus-Christ sur les flots, ne parle pas de celui-là. Saint Matthieu et saint Luc inscrivent le glorieux éloge de la foi du prince des Apôtres, et les immortelles paroles qui lui sont adressées: «Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église.» Saint Marc s'arrête à ce point précis, et garde le silence sur la réponse de Notre-Seigneur. Voilà des caractères d'authenticité qui dépasseront à jamais la portée de toutes les œuvres humaines. Les recherches d'amour-propre des historiens profanes sont comme la signature de leurs ouvrages. L'Évangile est un monument d'humilité divine, et l'empreinte de 1’auteur n'y apparaît que par son absence. On n'a pas rougi d'affirmer, en ces derniers temps, que saint Pierre manquait de grandeur, et que la vulgarité du pêcheur galiléen était au dessous de l'admiration. Vraiment, il sied bien à un siècle, qui a poussé l'idolâtria de soi-même au point où nous la voyons, d'oser tenir un pareil langage! Mais on ne réussira pas à effacer du récit évangélique les témoignages illustres rendus au sublime caractère du prince des Apôtres. C'est lui que le divin Maître désigne le premier, avec Jacques et Jean, pour assister à la Transfiguration. Lui seul, en présence de la manifestation du Fils de l'homme dans sa gloire, sait dominer la terreur d'un tel spectacle. «Seigneur, il nous est bon de demeurer ici, s'écrie-t-il.

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Dressons-y trois tentes, une pour vous, l'autre pour Moïse, et la troisième pour Élie.» Cette exclamation du prince des Apôtres, l'Église catholique l'a réalisée. La loi judaïque, les prophéties du Testament Ancien, la révélation de l'Évangile, sont les trois pavillons sous lesquels s'abriteront, jusqu'à la fin des âges, les générations chrétiennes. L'Arche du Tabernacle n'a pas survécu aux désastres de l'invasion babylonienne; les tables de pierre du Décalogue, la verge fleurie d'Aaron et le vase rempli de la manne du désert ont disparu, après le pillage du Temple, sous Nabuchodonosor; mais les trois tentes que la main de Pierre devait dresser au milieu des nations subsistent aujourd'hui. Elles ont résisté à tout l'effort des tempêtes; la surface du monde se renouvelle; chaque siècle amène, avec des progrès inattendus, des situations diverses; les tabernacles de saint Pierre suffisent aux ambitions et aux besoins de toutes les époques; tout vieillit autour d'eux; les gouvernements tombent; les formes sociales se succèdent; les législations humaines, atteintes d'une caducité native, s'écroulent les unes sur les autres. Mais les générations nouvelles se transfigurent toujours, sous les tentes de Pierre; elles trouvent, dans cette atmosphère divine, un élément de jeunesse et de vie immortelle. La Transfiguration sur le Thabor est devenue un phénomène de tous les instants, au sein de 1’Église catholique, dont Pierre est le chef.

  31. Qu'importent les dénégations du rationalisme! Il a essayé de réduire le miracle aux proportions vulgaires d'un effet d'optique. Sur les sommets du Pambamarca, dans l'Amérique Méridionale, un voyageur espagnol fut témoin d'un phénomène que la science incrédule voudrait assimiler au prodige de la Transfiguration de Notre-Seigneur. Laissons la parole au savant Antonio d'Ulloa, qui a consigné, dans son Journal de voyage 1, cet intéressant épisode: «Je me trouvais, dit-il, au point du jour, sur le Pambamarca, avec six de mes compagnons; le sommet de la montagne était entièrement couvert de nuages épais; le soleil, en se

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1. Antonio d'Ulloa, Reilacion del viage à la America méridional, 1770.

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levant les dissipa; il ne resta, à leur place, que des vapeurs si légères, qu'il était presque impossible de les distinguer. Tout à coup, au côté opposé de celui où se levait le soleil, chacun de nous aperçut, à une douzaine de toises de la place qu'il occupait, son image réfléchie dans l'air comme dans un miroir; l'image était au centre de trois arcs-en-ciel, nuancés de diverses couleurs, et entourés à une certaine distance par un quatrième arc d'une seule couleur. La couleur la plus extérieure de chaque arc était incarnat ou rouge; la nuance voisine était orangée; la troisième était jaune, la quatrième paille, la dernière verte. Tous ces arcs étaient perpendiculaires à l'horizon; ils se mouvaient et suivaient, dans toutes les directions, la personne dont ils entouraient l'image, comme une gloire. Ce qu'il y avait de plus remarquable, c'est que, bien que les sept voyageurs fussent réunis en un seul groupe, chacun d'eux ne voyait le phénomène que relativement à lui, et était disposé à nier qu'il fût répété pour les autres. L'étendue des arcs augmenta progressivement en proportion avec la hauteur du soleil; en même temps, les couleurs des arcs s'évanouirent, les spectres devinrent de plus en plus pâles et vagues, et enfin le phénomène disparut entièrement. Au commencement, la figure des arcs était ovale; vers la fin, elle était parfaitement circulaire.» Tel est le récit de l'illustre voyageur. On pourrait y joindre des faits analogues, observés par la science moderne, sur les hauteurs du Brocken, ou dans les eaux transparentes de Naples et de la Sicile. Mais, en vérité, le rationalisme, qui croit y trouver les éléments d'une assimilation avec le prodige du Thabor, oublie que l'Orient est la patrie du mirage! Sur les eaux du lac de Génézareth, où ils conduisaient leurs barques, Pierre, Jacques et Jean avaient été vingt fois témoins de ce phénomène naturel, que toutes nos caravanes ont encore aujourd'hui l'occasion de constater. La reproduction, à distance, des objets, dans le miroir rayonnant de l'air ou des eaux, n'a jamais passé pour un fait surnaturel. Les spectres répercutés ainsi n'ont pas de voix; ils ne s'entretiennent pas entre eux, dans un langage que l'on puisse entendre. Ils sont ce qu'est l’ombre d'une personne dans une glace; ils en suivent les moindres

 

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mouvements. Supposez le phénoméne de Pambamurca sur le Thabor, les quatre spectateurs, savoir: Jésus-Christ, Pierre, Jacques et Jean, formeront quatre images représentées à distance, et, si l'on pressait la comparaison, visibles seulement une à une pour chacun d'eux. Cela ne constitue point une transfiguration. Les sept couleurs de l'arc-en-ciel ou du spectre n'ont rien de commun avec le visage de Jésus, qui, pendant sa prière, devint étincelant comme le soleil. Les dégradations de l'incarnat, de l'orangé, du jaune et du vert ne ressemblent en rien à la blancheur de neige qui resplendit sur les vêtements du Sauveur. Enfin, la voix sortie de la nuée, qui dit: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toutes mes complaisances, écoutez-le!» cette voix, distincte de celle des trois interlocuteurs, et qui fait tomber la face contre terre les Apôtres épouvantés, par quelle illusion d'acoustique a-t-elle retenti sur les sommets de la montagne?

  32. Le mirage du rationalisme se trouve d'ailleurs en face d'une réalité plus éloquente que tous les raisonnements. Pierre, Jacques et Jean ont subi le martyre pour attester la divinité de Jésus-Christ. On ne meurt pas sur une croix, on ne se laisse pas décapiter, ni plonger dans une chaudière d'huile bouillante, pour l'honneur du plus habile des physiciens. La transfiguration des pêcheurs de Galilée en apôtres est aussi miraculeuse que la transfiguration de Jésus-Christ lui-même, et la transformation du monde, opérée par l'Évangile, ne passera jamais pour une illusion d'optique ou une réfraction des rayons lumineux dans un nuage. Ici encore les souvenirs évangéliques se sont gravés sur des monuments qui leur donnent un corps. Le texte sacré ne désigne point, par son nom, la montagne qui fut le théâtre de ce grand événement. Cependant, la tradition a suppléé à ce silence. Saint Cyrille, évêque de Jérusalem, en 350; Eusèbe de Césarée, vers la même époque, savent le lieu précis du miracle. Ils nomment le Thabor, l’ltabirion des Grecs, le Djebel-Nour (Montagne de lumière) des Arabes modernes 1. L'im- 

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1. Voir la réponse aux difficultés proposées contre cette identification de la montagne désignée par l’Évangile avec le mont THabor. (Mgr Misliu . Les Saints Lieux, tom. III, pag. 406-410.}

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pératrice Hélène, la mère de Constantin le Grand, fait construire une basilique, à l'endroit même où Jésus fut transfiguré. Depuis lors, tous les pèlerins qui visitent la Palestine sont venus prosterner leur front au lieu où Pierre, Jacques et Jean «tombèrent la face contre terre.» Voici la description qui nous est fournie par l'un d'eux. «Le sommet du Thabor est un plateau d'une demi-lieue de circonférence, légèrement incliné à l'ouest, tout recouvert de chênes verts, de lierres, de bosquets odorants, de ruines antiques et de souvenirs. A la partie sud-est du plateau, trois autels, protégés par de petites voûtes, marquent l'emplacement où Jésus apparut dans sa gloire, escorté de Moïse et d'Elie. Le côté méridional de la montagne offre le plus beau spectacle de la terre. Le regard s'étend au loin vers le sud, à travers les montagnes de Gelboë, sur les chaînes bleuâtres de Juda et d'Éphraïm; les hauteurs plus sombres du Carmel arrêtent la vue au couchant; au nord, elle se promène sur la Galilée, tout imprégnée des pas et des miracles du Sauveur; elle descend dans l'ombre de ses vallées, pour se porter ensuite sur la cime la plus élevée de l'Anti-Liban, le grand Hermon, ancien asile des lions et des léopards 1, presque toujours couronné de neiges; puis viennent les déserts du Hauran, le miroir si profondément encadré du lac de Tibériade, la vallée du Jourdain avec son fleuve sacré, où les cieux se sont ouverts, comme sur le Thabor, pour laisser descendre les complaisances du Très-Haut sur le Fils d'une Vierge de Nazareth. L'immense plaine d'Esdrelon, où les guerriers de toutes les nations qui respirent sous le ciel ont planté leurs tentes dans la suite des âges, se déploie, comme un tapis éclatant d'or digne des splendeurs d'un tel lieu. En contemplant cette magnificence on se sent pris d'un saint enthousiasme; on croit voir encore la nuée lumineuse, et entendre la voix de l’Éternel. Le chrétien qui a vu les merveilles du Thabor croit pouvoir dire, avec le prince des Apôtres 2: Ce n'est point en suivant d'ingénieuses fictions que nous avons fait connaître la puissance et l'avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ; mais après avoir été nous-mêmes les spectateurs de

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1.      Cantic. Cantic, iIV, 8. — • 11 Petr., l, 16-18.

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sa majesté, nous avons entendu cette voix qui venait du ciel, lorsque nous étions avec lui sur la montagne sainte 1.»

CONFÉRENCE DANS LE CIEL.

 

 

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