La communion de la foi 6

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---------- Avec Martin Luther s'ouvre une ère nouvelle de l'opposition à la philosophie au nom de la seule Parole de Dieu. Sa devise Sola Scriptura n'était pas seulement un cri de guerre dirigé contre l'exégèse traditionnelle et contre le Magistère de l'Église; c'était aussi un défi radical à la scolastique, à l'aristotélisme et au platonisme en théologie.

 

 Introduire la philosophie en théologie, c'était à son sens détruire la doctrine de la grâce, donc atteindre l'Évangile à sa racine. Pour Luther, la philosophie est l'expression même de l'homme qui ignore tout de la grâce et qui tente de produire par lui‑même sa sagesse et sa justice.

 

La différence entre la justification par les oeuvres et la justification par la grâce, qui représente pour Luther la ligne de séparation entre le Christ et l'Antéchrist, s'identifie ainsi à l'opposition entre la philosophie et une pensée issue de la Bible. S'il en est ainsi, la philosophie entraîne purement et simplement la ruine de la théologie10.

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p66 DISCERNER ET AGIR

 

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------- Depuis Platon, la philosophie a toujours vécu du dialogue critique avec les grandes traditions religieuses. Elle doit son rang à celui des traditions auxquelles elle se réfère dans sa recherche de la vérité. Et là où elle renonce à ce dialogue, elle va rapidement s'éteindre comme philosophie.

 

A l'inverse, la théologie, en réfléchissant sur le texte de la révélation, ne peut pas simplement renoncer à procéder more philosophico. Dès qu'elle ne se contente pas de réciter ‑ de reciter ‑, dès qu'elle fait plus que rassembler des faits historiques, mais cherche réellement à comprendre, elle entre en philosophie. --------

 

------ Le refus, en ses diverses variantes, qui rebondit de Luther à Barth concerne non pas la

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philosophie en général, mais la métaphysique dans la forme que lui donnèrent Platon et Aristote

 

------- Dans ce procès, le motif dominant est le refus de toute métaphysique--------On peut dire que la progressive substitution de la philosophie de l'histoire à la métaphysique qui s'opéra après Kant, , fut autant une conséquence de développements théologiques précédents qu'une condition de nouvelles options théologiques12.

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p68 DISCERNER ET AGIR

 

-------- Dans le passé comme aujourd'hui, l'opposition des théologiens à la philosophie est pour l'essentiel une opposition à la métaphysique, -------Néanmoins, le théologien moins que tout autre ne peut légitimement séparer l'un de l'autre.

 

Inversement, un philosophe qui va jusqu'au fond des choses n'a pas le droit de se débarrasser de l'aiguillon de la question de Dieu, de la question du fondement et de la fin de l'être.

 

Recherche d'une nouvelle relation

 

--------- la philosophie est portée à rejeter l'ontologie, c'est‑à‑dire son propre questionnement originaire. Et à son tour la théologie, dans ce processus, se donne à elle‑même les fondements qui l'avaient rendue possible selon sa double attache à la révélation et à la raison.

 

   Face à cette double évolution, nous disons que la philosophie, en tant que telle, ne peut renoncer à l'ontologie, et que la théologie n'y fait pas moins référence.

 

L'exclusion de l'ontologie hors du champ théologique ne libère pas la pensée philosophique mais la paralyse. La victoire sur l'ontologie ne purifie pas la théologie mais la livre aux abîmes. ---------

 

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--------- la foi comme la philosophie est ordonnée aux questions fondamentales que la mort adresse à l'homme. La question de la mort n'est que la forme radicale de la question du comment d'une vie droite.

 

C'est la question: d'où vient l'homme et où va‑t‑il? C'est la question de l'origine et de la fin. La mort est la question finalement inéluctable que l'homme ressent comme un aiguillon métaphysique.

 

L'homme doit demander ce qu'il en est de cette fin. D'autre part, tout homme de réflexion voit que ne peut répondre à cette question que celui qui connaît l'au‑delà de la mort. ------

 

--------Lorsque la foi parle de la résurrection des morts, il ne s'agit pas d'un énoncé plus ou moins obscur sur un lieu futur incontrôlable, mais de comprendre l'être de l'homme dans l'ensemble de la réalité.

 

Avec cette compréhension est mise en jeu la question fondamentale de la justice, elle‑même inséparable de celle de l'espérance.

 

 Il y va de la relation entre éthos et histoire, de la relation entre l'agir de l'homme et l'immodifiabilité du réel. Il y va des questions qui, toujours nouvellement formulées, sont en définitive éternelles, -------

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon