Charlemagne 24

Darras tome 18 p. 85

 

   3. Charlemagne était un roi chrétien ; il goûtait profondément les pieuses considérations que lui soumettait Alcuin. Les bonnes oeuvres, les aumônes ne furent point oubliées et portèrent jusqu’aux extrémités de ses Etats avec le souvenir de Luitgarde l’obligation de prier pour elle. Charlemagne voulut faire construire en entier avec une magnificence vraiment royale le monastère fondé par Benoît d’Aniane. Jusque-là, l’humble religieux s’était contenté pour lui et les moines ses frères de pauvres cabanes élevées dans l’enceinte de son domaine paternel. Son amour de la pauvreté était tel qu’il s’effraya d’abord des somptueux projets de Charlemagne. Mais il lui fallut céder et le monastère d’Aniane devint l’un des plus riches établissements de ce genre. Le cloître était soutenu par une colonnade de marbre et décoré de sculptures et de fresques. Deux églises, véritables basiliques, furent élevées dans l’intérieur de l’abbaye et une troisième au centre du cimetière, comme un monument impérissable de la mort de Luitgarde. Touché sans doute de l’allusion faite par Alcuin à « l’eau du salut, sacrement de régénération » qui avait marqué pour le ciel l’âme de sa chère morte, il voulut que l’église du cimetière d’Aniane fut placée sous l’invocation de saint Jean-Baptiste. Enfin le jour même de la mort de Luitgarde, Charlemagne signait un diplôme pour l’érection d’un nouveau monastère suffragant de l’abbaye de Tours à Connery, et faisait demander par Alcuin à saint Benoît d’Aniane, vingt-deux de ses moines pour inaugurer la nouvelle fondation.

 

   4. Après avoir rendu les derniers devoirs à cette épouse blen-aimée, dont les restes furent ensevelis à Tours, Charlemagne dut faire taire ses douleurs personnelles pour s’occuper des affaires de l’Etat. « Reprenant sa route par Orléans et Paris 1, dit Eginhard, il

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Psalm. cxlv, 1.— Alcuin, Ejn'sl. cvi, Pair, lai,, tom C.col. 321.

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se Pendit à Aix-la-Chapelle, afin d'y préparer la tenue d’une grande assemblée des Francs convoquée pour le mois d’août à Mayence. Un phénomène extraordinaire eut lieu alors. La veille des nones de juillet (6 juillet 800), malgré la chaleur de la saison, les campagnes se trouvèrent au matin couvertes d'une épaisse gelée blanche ; et, chose plus extraordinaire encore, cette gelée insolite ne fit aucun mal aux fruits de lu terre. Dans les premiers jours d’août, le plaid national eut lieu à Mayence. Charlemagne déclara sa résolution «de partir pour l'Italie, afin d’assurer par sa présence la sécurité du pape Léon III à Rome, de procéder au jugement de ses bourreaux et de réduire le duc de Bénévent à l’obéissance.» Ce duc de Bénévent, dont parle ici l’annaliste, n’était autre que Grimoald, fils d’Arigise, dont une réponse heureuse avait fait la fortune 1 et dont la reconnaissance envers Charlemagne, son bienfaiteur, n’avait duré guère plus d’une année. Croyant avoir suffisament payé sa dette par le concours prêté par lui aux armées franques dans la bataille de Capoue contre le prétendant Adalgise 2, il n’avait pas tardé à reprendre les traditions paternelles et à proclamer l’indépendance de son duché. L’une des conditions de son investiture stipulait que les monnaies de Bénévent devaient être frappées à l’effigie de Charlemagne. Grimoald tourna la difficulté en faisant frapper d’un côté son image et son nom, de l’autre ceux du roi des Francs. Cette première infidélité fut bientôt suivie d’une série d’entreprises sur les villes et territoires de l’Etat pontifical. Secrètement appuyé dans sa lutte par la cour de Byzance, il entretenait une armée aguerrie, bravait l’autorité du roi Pépin et recommençait la tactique perfide et usurpatrice des princes Lombards. Peut-être son influence ne fut- elle pas étrangère au crime de Maurus de Népi et de ses complices Paschal et Campulus. On serait d’autant plus autorisé à le croire

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1 Encore un démenti à nos modernes historiens qui mettaient une sorte d'amour-propre à soutenir que jamais durant tout son règne Charlemagne n'était venu à Paris. Ce fut le Genevois Sismondi qui le premier avança cette assertion complètement erronée. Nous ne savons trop pourquoi nos écrivains français se sont obstinés à la maintenir.

2. Cf., tom. XVII de cette histoire, p. SOS.

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que le récit d’Eginhard semble rattacher l'expédition préparée par Charlemagne contre le duc de Bénévent à l’idée générale et déterminante d’assurer la tranquilité de Rome et la sécurité personnelle du souverain pontife.


   5.  «A la tête de son armée, reprend Éginhard, Charlemagne, accompagné de son fils Pépin roi d’Italie se rendit à Ravenne, où il s’arrêta sept jours. Laissant ensuite Pépin avec la plus forte partie des troupes se porter sur Bénévent, il continua avec le reste des guerriers sa marche sur Rome. Le pape Léon suivi de la foule immense des Romains vint à sa rencontre jusqu’à Nomentum (Lamentana) au douzième milliaire de la ville, et le reçut en grand honneur et vénération. Le pape et le roi s’assirent ensemble à la table du festin, après quoi le pontife retourna à Rome pour préparer l’entrée solennelle que Charles devait y faire le lendemain. Ce fut le 24 novembre qu’eut lieu cette réception mémorable. Pendant que toute la milice romaine, bannières déployées, suivie du clergé avec les bannières, et du peuple entier disposé par groupes, chantant les hymnes d’allégresse, allaient à la rencontre du roi, le pape l’attendait debout entouré d’évêques sur les degrés de la basilique vaticane. Charles descendit de cheval, au bas des degrés, et le pape vint le recevoir. Ils montèrent ensemble jusqu'à la plate-forme du portique et s’agenouillant tous deux ils prièrent. Puis se relevant, ils entrèrent dans la basilique du bienheureux Pierre apôtre, pendant que la foule entonnait les cantiques d’action de grâces 1. »

 

   6. Au milieu de ces transports d’allégresse d’un peuple qui avait l’année précédente applaudi aux assassins du pape qu’il acclamait en ce jour, Charlemagne dut avoir l'idée de ces revirements de l’opinion populaire auxquels les modernes révolutions nous ont depuis accoutumés. Trop grand pour mépriser les hommes, mais trop sensé pour croire à leurs vaines démonstrations, il se préoccupait uniquement de rechercher les véritables causes de l’émeute dont Léon lII avait été victime et des moyens à prendre pour en prévenir le retour. Derrière chaque triomphe se cachent des ennemis

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1. Eginhard, Annal, ad ann. 800, Pair, lut., tom CIV, col. 45S.

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D’autant plus dangereux qu’ils se font plus invisibles, se réservant d'apparaître en temps plus opportun. Charlemagne savait ces choses; notre moderne expérience n’aurait absolument rien à lui apprendre en ce genre. Sa grandeur consista à vaincre des difficultés vis-à-vis desquelles tant d’autres rois, princes, hommes d’Etat de quelque titre qu’on les décore, ne savent que reculer ou s'enfuir. Charles laissa une semaine entière s’écouler dans la joie des fêtes et les acclamations dont sa présence était l’objet. Puis il convoqua dans la basilique vaticane le peuple romain tout entier. Tous les archevêques, évêques, abbés et principaux dignitaires du clergé d'Italie et des Gaules, tous les leudes francs de sa suite avec le sénat et les patriciens de Rome prirent place autour d'une estrade sur laquelle le pape et le roi vinrent s’asseoir. Charlemagne prit la parole.

 

   Il exposa, dit Eginhard, les motifs de son voyage, parmi lesquels celui qu’il considérait comme le plus grave et le plus important était de rechercher les auteurs de la sédition parricide dont le vicaire de Jésus-Christ avait été l’innocente victime. « Léon, ajouta-t-il, aurait pu se renfermer dans un noble silence ; mais il consent pour son propre honneur et pour celui du siège sacré qu’il occupe à ce que l’on procède à l’enquête la plus minutieuse. Il veut que ses accusateurs, s’il s'en présente, soient publiquement entendus.» À ces mots, tous les archevêques, évêques et abbés firent solennellement la déclaration suivante : « Il ne nous est pas permis de juger le siège apostolique, institué par Notre-Seigneur lui-même pour être le chef de toutes les autres églises. Nous relevons tous de son jugement, mais il ne peut être jugé par personne. Tels sont l’usage et la tradition de tous les siècles. Cependant nous voulons, selon les constitutions et les lois ecclésiastiques, obéir en tout à ce que le vicaire de Jésus-Christ croira devoir nous ordonner. » Léon III, selon que nous l'apprend le Liber pontificale, s’exprima alors en ces termes : « Je veux suivre l'exemple de ceux de mes vénérables prédécesseurs qui furent comme moi l'objet d’accusations calomnieuses. En conséquence je suis prêt à me justifier de toutes et chacune des fausses imputa- tions qui ont été si odieusement dirigées contre moi. » Aucun des calomniateurs ne releva ce noble défi : afin de leur laisser le temps

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de formuler en liberté leurs griefs, une seconde séance fut indiquée pour le lendemain. Cette fois encore nulle voix n’osa s’élever contre le vicaire de Jésus-Christ. Prenant alors dans ses mains le livre des Evangiles, le pape monta à l’ambon, et après avoir invoqué par le signe de la croix le nom de l’auguste Trinité, il parla ainsi : « On ne sait que trop, frères bien-aimés, et l’univers en a retenti, les tragiques événements dont Rome fut le théâtre. Des séditieux se sont insurgés contre moi, ils ont porté sur ma personne leurs mains sacrilèges, ils ont articulé contre moi les griefs les plus infamants. Tel est le motif qui amène dans cette ville le très-clément et sérénissime seigneur roi Charles avec les évêques et les optimates de ses États. Or, moi Léon, pontife de la sainte Eglise romaine, sans être jugé ni contraint par qui que ce soit, je viens spontanément et de ma propre volonté attester et jurer ici ma complète innocence, devant vous tous, devant Dieu qui connaît le fond des cœurs, devant ses anges, devant le bienheureux Pierre, prince des apôtres, sur le tombeau duquel nous sommes assemblés. Je déclare et j’en fais le serment que je n’ai commis, ni voulu, ni faire commettre jamais aucun des crimes, aucune des scélératesses dont on m’a gratuitement et faussement accusé. J’en prends à témoin Dieu qui nous entend en ce moment et qui un jour doit nous juger tous. J’ai voulu prêter ce serment solennel afin de mettre un terme à d’injurieux soupçons, mais je déclare qu’en me déterminant à cet acte, je ne prétends en rien créer un précédent ni imposer pour l’avenir aucune obligation de ce genre aux pontifes romains mes successeurs, pas plus qu’à mes frères les évêques des diverses églises de Jésus-Christ. Je veux seulement faire disparaître du milieu d'entre vous les pensées de rébellion qui pourraient subsister encore au fond des cœurs 1. » À peine le pontife eut-il cessé de parler que la basilique retentit d’acclamations et d'actions de grâces rendues an Seigneur, à là Sainte Vierge, aux apôtres Pierre et Paul et à tous les saints du ciel protecteurs de l’Église de la terre (15 décembre 800).

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1. Cette formule du serment de Léon III abrégée par le Liber pontificalis a été intégralement reproduite dans l’Historia Romanorum Pontificum, Patr, lat, tom. CCXIII, col. 1021. Baronius l’avait également retrouvée dans un ancien Ordo Romanus de la bibliotli. vaticane.

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p90 PONTIFICAT DE SAINT LÉON III (79.1-816).

 

   7. Ce jour même, le prêtre Zacharie, envoyé l’année précédente comme ambassadeur de Charlemagne près du calife Haroun-al-Raschid, arrivait à Rome, accompagné de deux moines orientaux délégués par le patriarche de Jérusalem, ils apportaient au roi des Francs de la part du successeur de Mahomet un étendard de soie brodé d'or, et les clefs du saint sépulcre dont le calife lui cédait la possession «à perpétuité pour lui et ses successeurs. C’est en effet, de cette époque que date le protectorat de la France sur les lieux saints. Toutes les croisades avec leurs péripéties diverses étaient renfermées dans les plis de la robe du prêtre ambassadeur Zacharie. Haroun-al-Raschid l’avait reçu avec la magnificence orientale qu’aimaient à déployer les califes. Il lui avait dit que de tous les princes portant couronne dans le monde entier, le seul dont il ambitionnât non-seulement l’alliance mais l’amitié était le roi Charles, parce qu’en effet, seul il en était digne. « A un roi chrétien, avait-il ajouté, le présent le plus agréable que je puisse offrir, ce sont les clefs du saint sépulcre. Portez-les-lui de ma part et dites-lui qu’en toute occasion il peut compter sur le fidèle dévouement d’Haroun-al-Raschid, fils de Mohammed-al-Mahdi. » Ces récits que les ambassadeurs d’Orient eurent bientôt semés dans toute la ville de Rome exaltèrent encore l'enthousiasme populaire. Charlemagne, roi des Francs, patrice des Romains, apparaissait comme le bouclier vivant de l’Europe chrétienne. Tous les cœurs, toutes les voix saluaient en sa personne un nouveau Constantin le Grand.

 

   8. « Or, dit la Chronique de Moissac, durant ces jours une ambassade venue de Constantinople apporta la nouvelle que les Grecs venaient de déposer leur empereur et de remettre aux mains d’une femme le sceptre des Césars. On disait que, nouvelle Athalie, Irène, après avoir fait crever les yeux de son propre fils, l'avait relégué dans un cloître pour régner à sa place. C’était donc la déchéance du titre d'empereur, tombé aux mains débiles d’une femme. L’apostolique Léon, avec tous les pères du précédent concile 1 et les pa-

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1 Cum nniversis patribusqui m ipso concilia aderant. Le choniqneur donne ici le nom de concile à l'assemblée devant laquelle Léon III avait, par serment, attesté son innocence et repoussé les accusations calomnieuses formulées contre lui.

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triciens de Home, concerta les mesures à prendre en pareille occurence. Unanimement ils furent d'avis que Charles, roi des Francs, devait être proclamé empereur. C’était lui en effet dont les armes et la puissance protégeaient la ville de Rome, métropole de l'empire, résidence officielle des anciens Césars et empereurs. En Italie, dans les Gaules, en Germanie, tout lui ohéissait. Dieu lui-même, en donnant à Charles pour la défense du peuple contre les infidèles, un pouvoir jusque-là sans précédent, indiquait ainsi sa volonté de faire revivre le titre impérial dans la personne du roi des Francs. Il paraissait juste que le nom fut attaché à la charge, et tels étaient les vœux de tout le peuple chrétien1. » Cette importante délibération dont la Chronique de Moissac nous fait connaître la teneur eut lieu sans que Charlemagne y prît aucune part. Nous savons d’ailleurs par le témoignage d’Eginhard que s'il y avait assisté, il en aurait énergiquement repoussé les conclusions. Le moine de Saint-Gall, non moins explicite, affirme que Charlemagne ne se doutait absolument de rien, Nihil minus suspicantem. La fête de Noël approchait. « Des points les plus reculés de l’Italie, ajoute le moine de Saint-Gall, l’apostolique Léon avait convoqué le plus grand nombre possible d’évêques 2. » Charlemagne lui-même avait à sa suite une partie de la noblesse et de l’épiscopat des Francs, une foule de leudes et de guerriers allemands, avares, huns, boariens, saxons, frisons, bavarois, aquitains et visigoths d’Espagne. L’armée de son fils Pépin, après une rapide et victorieuse expédition, venait elle-même, sous les ordres du jeune roi, de prendre ses quartiers d’hiver à Rome et dans la campagne voisine. A cette immense agglomération d'hommes représentant toutes les races occidentales, il faut joindre le nombre prodigieux de pèlerins et d’étrangers que la présence du héros avait attiré à Rome et la double ambassade d’Irène et d’Haronn-al-Raschid, simultanément venue des rives du Bosphore et de celles du Tigre, de Constantinople et de Badgad. On arrive ainsi à

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1 Chronie. Moissiac. Histoire des Gaules, tom. V, p. 78.

- Monarh. San-Gall, uegesi. Corot. Magn., Pair, ta!., tom. XCVIII, col. 1387.

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p92      PONTIFICAT DE SAINT LÉON III (795-816).

 

comprendre l’exactitude textuelle de l’expression de nos annalistes nationaux qui comparent la nuit de Noël de l’an 800 à celle même de la nativité du Sauveur à Bethléem : au berceau du nouvel empire Romain, comme au berceau de Jésus-Christ, les rois de l’Orient apportèrent le tribut de leurs hommages.

 

   9. L’heure était donc venue, mais Charlemagne ne l’avait point préparée. Une grande, une immense institution sociale allait naître au profit du roi des Francs, mais sans son concours, en dehors de toutes ses prévisions et, l’on peut l’affirmer, malgré lui. La papauté seule prit l’initiative, seule elle fut responsable devant Dieu et devant les hommes. Son autorité créatrice lui assurait pour toute la durée de l’empire qu’elle avait fondé un droit inaliénable sur cet empire lui-même. Voilà ce qu’il faut comprendre et savoir dès maintenant pour se rendre compte plus tard de l’autorité directe, souveraine, absolue, des papes sur les princes qui acceptèrent l’héritage impérial de Charlemagne et reçurent comme lui, par la même onction sacrée, des mains du vicaire de Jésus-Christ, successeurs de Léon III, le titre, la dignité, les prérogatives et la couronne du saint empire romain d'Occident. Ce point de vue paraîtra nouveau peut-être, mais il est complètement exact; tous les monuments de l’histoire sérieuse le confirment. Que nous importe donc que, de nos jours, on l’ait obscurci à plaisir? Hélas ! depuis trois siècles, l’histoire n’est qu’une vaste conjuration contre la vérité, un perpétuel démenti infligé à tous les documents historiques, ou, ce qui est pire, une ignorance absolue de ces documents eux-mêmes. Qui se doute, en plein XIXe siècle, que Charlemagne, non-seulement fut étranger à la restauration de l’empire romain d’Occident en sa personne, mais qu’il y fut complètement opposé ; que, loin d’être une création du génie de Charlemagne, le saint empire romain fut l’institution propre, personnelle, de la papauté; que dès lors tout ce qu’on a dit plus tard de l’indépendance souveraine et du prétendu laïcisme du pouvoir des empereurs d’Allemagne constitue en histoire un véritable mensonge? Léon III prévoyait-il dans le lointain des âges des titulaires du saint empire romain d'Occident tels que furent Henry IV d’Allemagne ou Frédé-

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ric Barberousse persécuteurs acharnés de Rome et de l’Eglise ? Nous ne le savons et il importe peu. Rien de grand n’aurait été fait dans le monde si les abus possibles avaient arrêté le génie ou découragé les efforts des bienfaiteurs de l’humanité.

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon