FOI CHRÉTIENNE
hier et aujourd'hui
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LE VISAGE ECCLÉSIAL DE LA FOI
1. REMARQUE PRÉLIMINAIRE SUR LA GENÈSE
ET LA STRUCTURE DU SYMBOLE DES APÔTRES16
Jusqu'à présent, nous en sommes restés à la question formelle de la foi en général; nous avons étudié son point d'insertion possible dans la pensée moderne et son rôle.
Les questions relatives à son contenu sont forcément restées ouvertes et peut‑être l'ensemble apparaît‑il encore trop pâle et trop imprécis.
Pour trouver les réponses, il faudra analyser la foi chrétienne dans sa forme concrète, que nous examinerons maintenant à l'aide du Symbole des Apôtres, qui nous servira de fil conducteur.
Il sera utile de donner d'abord quelques dates concernant son origine et sa structure. Cela permettra en même temps de souligner le bien‑fondé de notre façon de procéder.
La structure générale de notre Symbole s'est constituée au cours des IIe et IIIe siècles, en connexion avec la cérémonie du baptême. Pour ce qui est de son origine géographique, nous sommes en présence d'un texte romain.
Quant au milieu vital, où il a pris naissance, il s'agit du culte et plus précisément de la célébration du baptême.
La forme fondamentale de ce sacrement est
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inspirée à son tour par les paroles de Jésus ressuscité, rapportées en Matthieu 28, 19: «Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint‑Esprit”.
Trois questions, conformément à ce texte, sont posées au néophyte : « Crois‑tu en Dieu, le Père tout‑Puissant ? Crois‑tu en Jésus‑Christ, le Fils de Dieu... 7 Crois‑tu au Saint‑Esprit... 17? »
Le néophyte répond à chacune de ces trois questions « Je crois » et chaque fois on le plonge dans l'eau. La plus ancienne forme du Symbole est constituée par un dialogue en trois parties, avec question et réponse, intégré à la célébration du baptême.
Probablement dès le IIe, mais surtout au IIIe siècle, cette formule toute simple, calquée sur le texte de Matthieu, reçoit des ajouts en sa partie centrale, concernant le Christ.
Il s'agissait de ce qui était spécifiquement chrétien; c'était le moment de dire en résumé, dans ce cadre, ce que le Christ représente pour le chrétien.
De même, la troisième partie, celle relative au Saint‑Esprit, au présent et à l'avenir de la réalité chrétienne, fut explicitée et développée.
Au IVe siècle, nous trouvons un texte continu, débarrassé du schéma question‑réponse. Le fait d'une rédaction encore en langue grecque laisse supposer qu'il date du IIIe siècle, car au IVe siècle à Rome, le latin avait passé définitivement dans la liturgie.
Une traduction latine parut bientôt. En vertu de la position particulière dont l'Église de Rome jouissait dans tout l'Occident, la profession de foi baptismale romaine (appelée symbolum = symbole) se répandit rapidement dans tout le territoire de langue latine.
Cela entraîna encore une série de légères modifications du texte. Finalement, Charlemagne imposa pour tout son empire un texte ‑ sur la base du vieux texte romain ‑ qui avait reçu sa forme définitive en Gaule.
Ce texte fut adopté à Rome au IXe siècle. Dès le Ve siècle, peut‑être déjà au IVe, s'était créée la légende de l'origine apostolique du symbole, et bientôt (probablement encore au Ve siècle) on en vint à attribuer à chacun des Apôtres la composition de l'un des douze articles, que l'on distinguait désormais dans l'ensemble du symbole.