Caritas in veritate 2

6. « Caritas in veritate » est un principe sur lequel se fonde la doctrine sociale de l’Église, un principe qui prend une forme opératoire par des critères d’orientation de l’action morale.  --------Je désire en rappeler deux de manière particulière; ils sont dictés principalement par l’engagement en faveur du développement dans une société en voie de mondialisation: la justice et le bien commun.

La justice tout d’abord. Ubi societas, ibi ius : toute société élabore un système propre de justice. La charité dépasse la justice, parce que aimer c’est donner, offrir du mien à l’autre; mais elle n’existe jamais sans la justice qui amène à donner à l’autre ce qui est sien, c’est-à-dire ce qui lui revient en raison de son être et de son agir. Je ne peux pas « donner» à l’autre du mien, sans lui avoir donné tout d’abord ce qui lui revient selon la justice. ---------------. La justice est la première voie de la charité ou, comme le disait Paul VI, son «minimum » [2], ------- la charité exige la justice: ------- D’autre part, la charité dépasse la justice et la complète dans la logique du don et du pardon [3]. La cité de l’homme n’est pas uniquement constituée par des rapports de droits et de devoirs, mais plus encore, et d’abord, par des relations de gratuité, de miséricorde et de communion. ----

7. ------ À côté du bien individuel, il y a un bien lié à la vie en société: le bien commun. C’est le bien du ‘nous-tous’, constitué d’individus, de familles et de groupes intermédiaires qui forment une communauté sociale [4]. Ce n’est pas un bien recherché pour lui-même, mais pour les personnes qui font partie de la communauté sociale et qui, en elle seule, peuvent arriver réellement et plus efficacement à leur bien. -------On aime d’autant plus efficacement le prochain que l’on travaille davantage en faveur du bien commun qui répond également à ses besoins réels. --------L’engagement pour le bien commun, quand la charité l’anime, a une valeur supérieure à celle de l’engagement purement séculier et politique. ------ Quand elle est inspirée et animée par la charité, l’action de l’homme contribue à l’édification de cette cité de Dieu universelle vers laquelle avance l’histoire de la famille humaine. --------

 

8. En publiant en 1967 l’encyclique Populorum progressio, mon vénérable prédécesseur Paul VI a éclairé le grand thème du développement des peuples de la splendeur de la vérité et de la douce lumière de la charité du Christ. Il a affirmé que l’annonce du Christ est le premier et le principal facteur de développement [6] --------

-------- j’exprime ma conviction que Populorum progressio mérite d’être considérée comme l’encyclique « Rerum novarum de l’époque contemporaine » qui éclaire le chemin de l’humanité en voie d’unification.

9. ----- --------

-------- La fidélité à l’homme exige la fidélité à la vérité qui, seule, est la garantie de la liberté (cf. Jn 8, 32) et de la possibilité d’un développement humain intégral. ---------

 

 

CHAPITRE I

LE MESSAGE DE

 
POPULORUM PROGRESSIO

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11. --------- Je désire moi aussi rappeler ici l’importance du Concile Vatican II pour l’encyclique de Paul VI ------- toute l’Église, dans tout son être et tout son agir, tend à promouvoir le développement intégral de l’homme quand elle annonce, célèbre et œuvre dans la charité. Elle a un rôle public --------. La seconde vérité est que le développement authentique de l’homme concerne unitairement la totalité de la personne dans chacune de ses dimensions [16]. Sans la perspective d’une vie éternelle, le progrès humain demeure en ce monde privé de souffle. ------- L’humanité perd ainsi le courage d’être disponible pour les biens plus élevés, pour les grandes initiatives désintéressées qu’exige la charité universelle. ---------- le développement intégral de l’homme est d’abord une vocation et suppose donc que tous prennent leurs responsabilités de manière libre et solidaire. Un tel développement demande, en outre, une vision transcendante de la personne; il a besoin de Dieu: sans Lui, le développement est nié ou confié aux seules mains de l’homme, qui s’expose à la présomption de se sauver par lui-même et finit par promouvoir un développement déshumanisé. D’autre part, seule la rencontre de Dieu permet de ne pas “voir dans l’autre que l’autre” [17], mais de reconnaître en lui l’image de Dieu, parvenant ainsi à découvrir vraiment l’autre et à développer un amour qui “devienne soin de l’autre pour l’autre” [18].

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon