Il faut prier au cours de toute activité missionnaire
De nos jours, il y a des missionnaires –clercs et laïcs– qui désirent que leur vie devienne la prière et que celle-ci devienne aussi leur vie. C’est un idéal splendide, mais beaucoup de monde le considère comme un rêve irréalisable. Est-ce que ces missionnaires qui se sacrifient au jour le jour pour l’annonce de l’Évangile dans leur milieu de travail, de profession, d’étude, d’habitation, de loisir et collectivité sociale, sont-ils capables de prier au cours de leurs activités débordantes qui ne leur réservent que quelques instants de répit ? Assurément, ils en sont capables. Autrement, sainte Catherine de Sienne, sainte Jeanne d’Arc, sainte Faustine Kowalska, sainte Thérèse de Calcuta, saint Charles de Foucauld et saint Jean-Paul II n’auraient pu être des contemplatifs en action si nous tenons compte de leurs agendas souvent surchargés. Ces exemples susmentionnés nous apprennent qu’il est possible de vaquer à la prière au cours de nos activités missionnaires à ce point que le missionnaire peut être toujours et partout en contact avec Dieu.
Les missionnaires peuvent, par exemple, prendre un instant de prière pendant l’activité missionnaire à l’exemple de Jésus-Christ qui interrompt son discours pour prier (Mt 11, 25-26). On peut s’arrêter donc au cours de nos activités missionnaires pour vaquer à la prière, par exemple à la quinzième heure pour contempler du moins un petit moment la passion de Jésus-Christ et implorer sa miséricorde. Bien plus, les missionnaires –clercs ou laïcs– peuvent profiter des moments de recréation et de pause pour contempler Dieu qui les a appelés, choisis et envoyés. À ce sujet, sainte Faustine Kowalska s’était fixée le programme suivant : « Je ne me permettrai pas que le tourbillon du travail m’absorbe au point d’oublier Dieu. Je passerai tous mes moments libres aux pieds du Maître, caché dans le Très saint sacrement. Là, il m’enseigne depuis mes plus jeunes années »[1]. À notre avis, ce n’est pas difficile d’imiter cette sainte, on peut même faire de surplus. S’il est facilement possible d’utiliser fréquemment aujourd’hui les réseaux sociaux même pendant la messe, comment n’est-il pas possible de prier sans cesse au cours de toutes nos activités ? À ce propos, écoutons un auteur riche d’expérience et de doctrine, Romano Guardini.
En général, l’homme n’aime pas prier. Il éprouve facilement à l’égard de la prière de l’ennui, de l’embarras, de la répugnance, et à proprement parler de l’hostilité. Tout le reste lui semble alors plus attirant et plus important. Il dit qu’il n’a pas le temps, que ceci ou cela est urgent, et pourtant dès qu’il a abandonné la prière sous ce prétexte, il est capable de faire les choses les plus superflues. Il faut que l’homme cesse de tromper Dieu et de se tromper lui-même.[2]
Tout bien considéré, ces paroles interpellent les missionnaires à se convertir tout à Dieu et demeurer continuellement en lui afin qu’ils puissent faire non seulement les choses utiles mais aussi et surtout nécessaires. Ainsi les clercs et les laïcs peuvent-ils bien accomplir leurs devoirs missionnaires et portent beaucoup de fruits parce qu’ils demeurent unis en Dieu au cours de toutes leurs occupations. Cela est une vérité que Jésus-Christ lui-même nous enseigne en ces termes : « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5). Mais alors, comment demeurer en Dieu si l’on déserte la prière pendant l’action sous prétexte que ceci ou cela est urgent ? N’est-il pas plutôt vrai qu’il faut la prolonger même après les activités si nous voulons demeurer vraiment en Lui ?
Abbé Gratien KWIHANGANA
[1] FAUSTINE KOWALSKA, Petit journal. La miséricorde divine dans mon âme, s.e., Paris 2007, p. 63.
[2] R. GUARDINI, Initiation à la prière, Alsatia, Paris 1951, p. 15-16.