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Thomas d'Aquin a résumé métaphysiquement ces deux idées grâce aux principes de l'analogie et de la participation, rendant possible une philosophie ouverte capable d'accepter le phénomène biblique dans sa radicalité.
Il faudrait, face au dogme d'une vision du monde soi‑disant issue des sciences naturelles et physiques, recommencer à penser dans la perspective d'une telle philosophie, afin de retrouver les conditions nécessaires à une compréhension de la Bible35.
--------------- Le sens réside dans le seul Verbe, et là où les événements eux‑mêmes semblent chargés de sens, ils doivent être considérés comme simples illustrations du Verbe et rapportés à lui.
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Thomas d'Aquin, --- résume la pensée philosophique de plus d'un millénaire et demi, --------- Lorsque les choses ont atteint leur but, on peut découvrir le sens véritable qui était en quelque sorte caché en elles. Ce sens, qui apparaît à la fin du mouvement, surpasse celui que l'on pouvait détecter dans les portions prises isolément du trajet parcouru.
« Aussi ce sens nouveau présuppose‑t‑il l'existence d'une Providence divine, l'existence d'une histoire (du Salut) arrivant à son but36. » L'action de
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Dieu apparaît alors comme principe d'intelligibilité de l'histoire.
Le principe unificateur de toute l'histoire passée et présente, « ce qui lui donne sens, c'est l'événement historique christique. Celui‑ci confère également une unité au futur37 ».
“Les époques de l'histoire humaine sont unifiées par un acte38 » ‑ l'acte christique; c'est sur lui que repose la relation de l'homme à Dieu. « Toute l'histoire et toute l'Écriture doivent être vues à travers cet acte39. »
Cela signifie donc que les actes accomplis dans l'Ancien Testament reposent sur un acte futur et ne peuvent être réellement compris qu'à travers lui.
Cela indique aussi que le Verbe, la réalité et l'histoire ne sont pas séparés les uns des autres. « Car le Verbe de Dieu réalise ce qu'il désigne; il n'existe pas en lui de séparation entre l'acte et le Verbe40. »
En d'autres termes: l'événement lui‑même peut être un “Verbe » au sens terminologique de la Bible41. Il s'ensuit deux règles exégétiques fondamentales:
a) Il faut considérer le Verbe et l'événement comme également originels si l'on affirme vouloir
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rester dans l'optique propre à la Bible. -------
b) ----------Une fois que l'on abandonne la relation entre le Verbe et l'événement, il n'y a plus d'unité de l'Écriture. Pourtant, le Nouveau Testament ne peut être séparé de l'Ancien puisqu'il professe lui‑même n'exister que grâce à cette unité. -----