LE DIEU DE JESUS‑CHRIST
Méditations sur Dieu‑Trinité
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DIEU A DES NOMS
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-------- ce senti-
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ment angoissant de l'absence de Dieu, qui nous caractérise tous aujourd'hui, est formulé dans une fable juive plusieurs fois séculaire, cette fable la voici : Un jour, le prophète Jérémie réussit, avec son fils, par une certaine combinaison de mots et de lettres, à créer un homme vivant.
Sur le front du Golem ‑ l'Homme fait par lui‑même ‑ étaient inscrites les lettres qui avaient servi à dévoiler le mystère de la création: Yahvé est la Vérité. Le Golem retira une des sept lettres qui forment cette phrase en hébreu, et voici que l'inscription disait ceci : Dieu est mort.
Le prophète et son fils, remplis de terreur, demandèrent au Golem ce qu'il faisait là. Voici quelle fut la réponse de l'Homme nouveau: «Depuis que vous savez créer l'Homme, Dieu est mort (1). Ma vie, c'est la mort de Dieu. Là où l'Homme a toute puissance, Dieu n'a plus aucune puissance. »
------- L'homme a toute puissance sur le monde. ------- le monde est pour lui un assemblage fonctionnel qu'il utilise et qu'il met de force à son service. Dans un monde ainsi percé à jour, il n'y a plus de place pour une intervention de Dieu.
Toute aide apportée à l'homme ne peut venir que de
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l'homme ; parce que la puissance sur le monde n'existe que chez l'homme, il n'y a plus de Dieu.
--------- la connaissance de Dieu ------ dépend du rapport que l'homme établit entre soi et le monde, entre soi et sa propre vie. -------- Ces expériences et ces décisions fondamentales, dans les imbrications réciproques du je, du tu et du nous, déterminent si l'homme voit ou non, dans le fait que le Tout‑Autre est déjà là et préexiste, une concurrence, un danger ou un motif de confiance. --------
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Dans l'histoire religieuse de l'humanité, qui s'identifie tout à fait, jusque dans les grandes civilisations,
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à leur histoire culturelle, Dieu apparaît partout comme l'Etre qui est tout yeux, comme la Vision même (2). L'image de l'Oeil divin, que l'art chrétien nous a rendue familière, a conservé cette conception archaïque
------ l'homme: ------se sait reconnu. Il sait qu'il n'est jamais totalement à l'abri, que sa vie est ouverte, projetée dans une Vue, et cela en tous lieux, sans la possibilité de se protéger ou d'y échapper -------
« Seigneur, tu m'as scruté et tu me connais.
Que je sois assis ou debout, tu en as connaissance, Tu discernes de loin mes pensées.
Que je marche ou sois allongé, cela t'est connu ; Mes voies te sont toutes familières.
La parole n'est pas encore sur ma langue Toi Seigneur, déjà tu la sais.
Tu m'enserres de toutes parts, Tu mets sur moi ta main...
Où fuirais‑je loin de ton esprit, où m'enfuirais‑je de devant ta face ? Si je monte au ciel, tu t'y trouves ;
Si je fais ma couche dans le monde souterrain, t'y voilà.
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Si je prends les ailes de l'aurore
Et si je vais m'établir aux confins des mers,
Même là ta main me prendra,
Ta droite me saisira.
Si je disais « Que la ténèbre me recouvre,
Qu'au lieu de lumière la nuit m'environne»,
Même les ténèbres ne seraient pour toi point
ténébreuses,
La nuit serait lumineuse comme le jour
Les ténèbres seraient comme la lumière... » (Ps. 139 (138) 1‑12.)