L’unité de la foi et le réalisme théologique 4

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THESE VI

 

   L'Eglise est le sujet englobant dans lequel est donnée l'unité des théologies néotestamenatires comme aussi l'unité des dogmes à travers l'histoire. Elle se fonde sur la confession de Jésus‑Christ mort et ressuscité, qu'elle annonce et célèbre dans la puissance de l'Esprit.

 

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----------- le «Je » du Credo est l'Eglise ; l'individu ne tire pas la foi de son propre fonds; il croit en participant à la foi de l'Eglise entière (19). Cela trouve un analogue sur le plan profane, dans le fait que l'individu reçoit sa langue, sa manière de penser, sa formation culturelle, le modèle de son existence mentale, du milieu linguistique et historique au sein duquel il grandit et devient lui‑même. Quelque nouveauté qu'il apporte à cette histoire, à cette langue et à la pensée communes, si singulier et irremplaçable que soit son « Je », il ne continue pas moins d'être porté par un «sujet ». Celui‑ci est constitué par la communauté des expériences

fondamentales au cours de son histoire, par celle de la langue qui les exprime et, par‑dessus les vicissitudes du temps, il garde une certaine unité. En ce sens la « nation »

est une réalité et une grandeur concrètes; elle est bien plus qu'une abstraction construite sur une somme d'indi­vidus. ---------

 

   Quiconque assume le Je du Credo entre jusque dans ses réalisations sacramentelles et dans la configuration mentale qu'elles assurent et réclament. Déjà sur le plan simplement empirique, pour les hommes qui croient avec l'Eglise il y a, par l'effet du culte et de la parole de Dieu, des expériences

fondamentales communes, qui dominent les siècles et enve­loppent l'individu. Pour le croyant ce ne sont pas des expériences purement humaines, analogues à celles qui

constituent une histoire nationale: l'Eucharistie unit (de

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façon similaire à celle de la foi et des autres sacrements) à l'unique Seigneur. Ce qui se passe atteint la région la plus profonde et surtout, par la référence constante à l'unique et même Christ vivant hier et aujourd'hui, cela introduit à la communion avec tous ceux qui ont eu la même relation avec Lui. Le Je du Christ n'évacue pas l'Eglise, mais il la suscite comme unité. L'unité du Christ constitue l'Eglise comme unité, rassemble les expériences dispersées, et des sujets dispersés elle fait un « sujet » (20). ----------

 

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--------- on doit dire ce n'est pas le canon qui fonde l'unité de l'Eglise, mais l'unité de l'Eglise a constitué le canon comme unité. L'Eglise est toujours le présupposé requis pour que le canon reste unité et norme (22). --------

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--------- Sans la foi de l'Eglise antique et sans son unité, il n'existe pas de canon néotestamentaire, de même que sans cette foi il n'y a point unité entre l'Ancien Testament et le Nouveau. -----------

 

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   c) --------l'Ecriture n'existe comme telle que dans l'Eglise; elle n'a pas de sens contre l'Eglise. Cependant l'Eglise n'a pas inventé l'Ecriture, elle l'a reçue (23). L'Eglise doit tenir à l'Ecriture comme à ce qu'elle est de par elle‑même, afin de rester Eglise. Son magistère « n'est pas au‑dessus de la Parole de Dieu, mais à son service », dit la Constitution de Vatican II sur la Révélation (24). Là s'exprime l'essence de l'Eglise, qui ne s'est pas faite elle‑même. Elle possède précisément ce qu'elle a de plus propre en ce qui ne lui appartient pas à elle‑même, mais qu'elle a reçu.

 

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