Dieu de Jésus-Christ 17

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4. MORT ET RÉSURRECTION

 

Être homme signifie : être pour la mort. Être homme signifie devoir mourir. --------

 

   Vivre, en ce monde, veut dire mourir. « Il s'est fait homme» signifie donc aussi: Il est allé vers la mort. La contradiction qui est propre à la mort de l'homme atteint en Jésus son extrême acuité.

 

Car en lui, qui est dans une totale communion d'échange avec le Père, l'isolement absolu de la mort est une pure absurdité. D'autre part, en lui, la mort a aussi sa nécessité.

 

En

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effet, nous avons déjà vu que précisément le fait d'être avec le Père est à la source de l'incompréhension que les hommes lui témoignent, et donc de sa solitude parmi les foules.

 

Sa condamnation est l'acte ultime et conséquent de la non‑compréhension et du rejet de cet incompris dans une zone de silence.

 

--------- Le cri d'agonie du Psaume 21: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as‑tu abandonné ? » nous laisse percevoir quelque chose du caractère insondable de ce processus.

 

Mais de même que ce dialogue l'avait rendu solitaire et qu'il était à la base de la monstruosité de sa mort, de même en lui la Résurrection est déjà fondamentalement présente. Car par elle, sa condition d'homme s'insère dans l'échange trinitaire de l'amour éternel.

 

Elle ne peut plus jamais disparaître ; au‑delà du seuil de la mort, elle se lève à nouveau et recrée sa plénitude.

 

   Seule la Résurrection dévoile donc le caractère ultime et décisif de cet article de foi « Il s'est fait

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homme» ; à partir d'elle nous savons que cette phrase est à jamais valable : Il est homme. Il le reste pour toujours.

 

La condition humaine est entrée par lui dans le propre être de Dieu : c'est le fruit de sa mort. Nous sommes en Dieu. Dieu est à la fois le Tout‑Autre et le Non‑Autre (15). Quand avec lui nous disons Père, nous le disons en Dieu lui‑même.

 

Voilà l'espérance de l'homme, la joie chrétienne, la bonne nouvelle: aujourd'hui encore il est homme. En lui, Dieu est vraiment devenu le Non‑Autre. L'homme, cet être absurde, n'est plus absurde. L'homme, cet être désespéré, n'est plus désespéré: nous avons le droit de nous réjouir. Dieu nous aime. -----------

 

CONSUBSTANTIEL AU PÈRE

 

   En 1975, on a célébré en de nombreux endroits la mémoire du premier concile oecuménique, le concile

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de Nicée. Par ce concile la foi de l'Eglise s'assure définitivement de la divinité de Jésus en ajoutant au Credo un unique mot philosophique : homoousios, consubstantiel au Père. --------

 

-------- ce concile a défini la filiation divine de Jésus.Mais n'est‑ce pas elle qui éloigne Jésus de nous, en nous le rendant inaccessible ? --------- N'est‑il pas temps de se détourner de l'éclat de la divinité pour puiser, dans la passion pour l'homme Jésus, la passion pour la condition humaine qui convient à notre époque ?

 

Le mot principal du concile est homoousios- Jésus est consubstantiel au Père. Ceci ne confirme‑t‑il pas une fois de plus nos soupçons ? Cela ne signifie‑t‑il pas que l'on a fait de la foi une philosophie? -----

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-------- tout ce qui vient d'être dit, aussi clair que cela paraisse, n'est‑ce pas finalement une fuite face à la grandeur de celui qui vient à notre rencontre?

 

-------- Après le concile de Chalcédoine,-------Un des évêques -------dit qu'il leur importe à eux, évêques, de répondre « piscatorie et non aristotelice » ‑ comme des pêcheurs et non comme des philosophes (16). --------

 

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