L’Église en chemin 21

p157 CONSCIENCE ET VÉRIT

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--------- Nous pouvons dire maintenant : on ne peut identifier la conscience de l'homme avec l'auto-conscience du moi, avec la certitude subjective de soi et de son propre comportement moral.

 

Cette conscience de soi peut n'être qu'un simple reflet du milieu environnant et des opinions qui y règnent. Elle peut aussi dériver d'une carence d'autocritique, d'une incapacité d'écouter les profondeurs de son propre esprit.

 

   Tout ce qui a émergé après l'écroulement du système marxiste en Europe orientale confirme ce diagnostic. Les personnalités les plus attentives et les plus nobles des

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peuples finalement libérés parlent d'une immense dévastation spirituelle qui s'est produite pendant les années de la déformation intellectuelle.

 

Ils relèvent un obscurcissement du sens moral, qui représente une perte et un péril beaucoup plus grave que les dégâts économiques provoqués.

 

Le nouveau patriarche de Moscou le dénonça en termes impressionnants au début de son ministère, pendant l'été 1990: la capacité de perception des hommes qui avaient vécu dans un système de mensonge s'était, selon lui, obscurcie.

 

La société avait perdu toute capacité de miséricorde et les sentiments humains avaient disparu. Une génération entière était perdue pour le bien, pour des actions dignes de l'homme.

 

 « Nous avons la tâche de ramener la société vers les valeurs morales éternelles », c'est‑à‑dire : la tâche de développer de nouveau dans le coeur des hommes la capacité désormais quasi éteinte d'entendre la voix, les suggestions de Dieu.

 

L'erreur, la « conscience erronée », n'est commode qu'à première vue. Car si on ne réagit pas, le silence de la conscience porte à la déshumanisation du monde et à un danger mortel.

 

   En d'autres termes, identifier la conscience avec la perception superficielle de son propre moi, réduire l'homme à sa subjectivité, ne libère aucunement ‑ mais au contraire rend esclave. Cela nous rend totalement dépendants des opinions dominantes, et abaisse également le niveau de ces opinions jour après jour.

 

Qui fait coïncider la conscience avec des convictions superficielles, l'identifie avec une assurance pseudo‑rationnelle, imprégnée d'auto-justification, de conformisme et de paresse.

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   La conscience se dégrade en un pur mécanisme de déculpabilisation, alors qu'elle représente justement la transparence du sujet pour le divin et, par conséquent, pour la dignité et la grandeur spécifique de l'homme.

 

Réduire la conscience à la certitude subjective signifie dans le même temps renoncer à la vérité. Lorsque l'auteur du psaume, anticipant la vision de Jésus sur le péché et la justice, prie pour être libéré des fautes dont il n'est pas conscient, il attire l'attention sur cette connexion.

 

Il faut certes suivre la conscience erronée. Mais ce renoncement à la vérité qui la précède et qui maintenant prend sa revanche, est la véritable faute; une faute qui, tout d'abord, berce l'homme d'une fausse sécurité, avant de l'abandonner dans un désert dépourvu de tout sentier.

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon