p97 IMAGE ET LITURGIE
------- Pour les premiers chrétiens, le berger était ------ une allégorie du Logos: le Logos, par qui tout a été fait, porte en lui les archétypes de tout ce qui existe, il est le gardien de la Création. En s'incarnant, il prend sur ses épaules la brebis perdue, c'est‑à‑dire la nature humaine, l'humanité tout entière, et la ramène au Père. ----------
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p98 L'ESPRIT DE LA LITURGIE
L'iconographie chrétienne connut un tournant décisif quand, pour la première fois, apparut un Archeiropoietos, une représentation de la face du Christ, qui, disait‑on, n'était pas faite de main d'homme. ------ le mandylion, comme on le nomma plus tard, fut probablement apporté de Syrie à Constantinople, et serait, d'après certains chercheurs, le linceul de Turin. --------- Il était enfin possible de contempler le visage du Seigneur, caché jusque‑là. La promesse s'accomplissait: «Celui qui m'a vu a vu le Père» (Jn 14, 9). --------------
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p99 IMAGE ET LITURGIE
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------ il n'y a pas de «portrait» du Ressuscité. ------ Le récit le plus significatif est celui des disciples d'Emmaus. Ce n'est qu'une fois leur coeur transformé qu'ils peuvent discerner, à travers les événements extérieurs de l'Écriture, le centre intérieur d'où tout procède et où tout converge: la croix et la résurrection de Jésus-Christ. Ils ont retenu leur mystérieux compagnon de route et lui ont offert l'hospitalité. Lorsque celui‑ci rompt le pain, il leur arrive ce que connurent Adam et Eve après avoir goûté du fruit de l'arbre de la connaissance: leurs yeux s'ouvrent. --------: le Seigneur, vivant d'une vie nouvelle, est là, devant leurs yeux. ------- L'icône est d'abord une image intérieure, perçue par les sens spirituels. --------- -------
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p100 L'ESPRIT DE LA LITURGIE
L'icône vient de la prière et mène à la prière. Elle nous libère de cette fermeture des sens qui, parce qu'ils ne perçoivent plus que l'extériorité, la surface matérielle des choses, restent insensibles à la transparence de l'Esprit, à la transparence du Logos. ------- --------- Dans une dynamique spirituelle semblable à celle qui anime la liturgie dirigée vers l'est, l'icône nous attire sur un chemin intérieur, le chemin de l'«Orient », à la rencontre du Christ qui vient. Sa théologie est trinitaire: l'Esprit Saint ouvre notre regard et ce faisant nous entraîne toujours dans un mouvement vers le Christ. «Ivres de l'Esprit, nous buvons le Christ», dit saint Athanase (Evdokimov, p. 176). Ce regard, qui nous apprend à voir le Christ non «selon la chair” mais par l'Esprit (2 Co 5, 16), nous donne de voir en même temps le Père.
--------- Par l'incarnation ------ Dieu est entré dans le monde visible pour que nous, qui sommes liés à la matière, puissions le reconnaître. ------- ------- De sorte que vouloir réduire la figure du Christ
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p101 IMAGE ET LITURGIE
à un «Jésus historique», à un Jésus confiné dans le passé, c'est manquer la signification de sa présence corporelle parmi nous, c'est passer à côté du motif de l'incarnation. Avec le corps, les sens ne doivent pas être rejetés mais "élevés", développés dans toutes leurs possibilités. Nous ne verrons bien le Christ que lorsque nous dirons avec Thomas: «Mon Seigneur et mon Dieu»,
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p102 L'ESPRIT DE LA LITURGIE
------- Evdokimov souligne que si Dieu est radicalement transcendant dans son essence, il peut et veut se faire connaître à nous, dans son existence, comme le Vivant. Tout en sachant que Dieu est le Tout‑Autre, il est possible de concevoir que ce Tout‑Autre a la puissance de se manifester à l'homme, et qu'il a façonné l'homme de telle sorte qu'il soit capable de le «voir» et de l'aimer.