MARIAGE DE JOSEPH ET DE MARIE.
19. Marie était revenue à Nazareth. Le délai des fiançailles était expiré; l'époque du mariage solennel approchait. «Or, il se trouva qu'avant d'être réunie à son époux, elle avait conçu du Saint-Esprit. Joseph était un homme juste; il ne voulut pas la traduire devant le tribunal des prêtres. Il se résolut à une séparation secrète. Pendant qu'il était en proie à cette préoccupation, l'Ange du Seigneur lui apparut en songe, et lui dit: Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre Marie pour épouse. Elle a conçu du Saint-Esprit, et enfantera un fils, que tu nommeras Jésus (Sauveur), car c'est lui qui sauvera son peuple du péché. Ainsi s'est accomplie la promesse divine, proclamée par la bouche du Prophète. Voici qu'une Vierge concevra et enfantera un fils, dont le nom sera Emmanuel (Dieu avec nous 1). — Joseph, à son réveil, obéit à la prescription de l'Ange; et prit Marie pour épouse 2.» La terrible anxiété de Joseph, forme avec la sérénité de Marie, en cette circonstance, un contraste, dont Origène s'emparait victorieusement contre les odieuses
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1. Isa., vu, U. — 2. Matth., I, 48-24.
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p276 HISTOIRE DE L'ÉGLISE. —lre ÉPOQUE (an 1-3I2).
calomnies de Celse. La loi mosaïque était formelle. Au tribunal des prêtres appartenait le jugement de la femme coupable. La sentence ne souffrait pas d'adoucissement. L'exemple de Suzanne nous l'a suffisamment appris; le supplice de la lapidation attendait l'épouse, ou la fiancée, convaincue de crime. On ne saurait trop insister sur ce fait capital; à lui seul, il forme une démonstration complète de la véracité de l'Évangile. Joseph, atteint dans son honneur, poursuivi par le plus cruel soupçon, est un témoin dont on ne saurait, à aucun titre, suspecter la déposition. Son caractère même est une garantie de plus. Il est «juste,» dit l'Évangéliste; c'est-à-dire qu'il joint, au sentiment de la rectitude et de l'honneur, une modération tendre et compatissante. Il a calculé la portée d'une dénonciation solennelle, devant le tribunal des prêtres, le Sanhédrin juif. La rigueur du châtiment légal, qui suivra sa plainte, répugne à sa douce nature. Cependant, il ne saurait, non plus, consentir à ce qu'il croit un déshonneur personnel. Marie ne sera point son épouse. Devant deux témoins, il lui remettra un libelle de séparation, et la jeune fille, qui a reçu son serment de fiancé, n'aura point à lui reprocher une mort infamante. Ce libelle de séparation est légal aussi, et il assure, à la fois, sans rien compromettre, la vie d'une femme et l’honneur d'un époux. Telle était cette situation, dont la délicatesse et le danger n'ont peut-être jamais eu rien d'égal, dans aucune histoire; cependant Marie se tait. Le silence enveloppe, d'un voile divin, sa maternité virginale. Aucune voix humaine ne retentit à l'oreille de Joseph, au milieu de ses déchirantes préoccupations; et cependant Joseph devint l'époux de Marie. Ce mariage, jamais les Juifs ne l'ont nié. Celse lui-même, et nos rationalistes peuvent l'en croire, Celse reconnaissait que Joseph avait solennellement épousé Marie. Donc, pouvons-nous dire avec Origène: Ce que les hommes n'ont point appris à Joseph, Dieu le lui a révélé; le secret que la Vierge Immaculée a gardé, au péril même de sa vie, l'Ange de l'Annonciation l'a déposé dans le sein de Joseph. Supprimez le miracle de la révélation angélique, et vous retombez dans le miraculeux consentement du ce «juste Joseph,» qui étouffe subitement ses anxiétés, ses soupçons, plus encore, qui ferme les yeux
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à l'évidence, et prend Marie pour épouse. Voilà comment la trame du récit Évangélique se dérobe aux attaques de l'incrédulité, défiant tous les efforts du rationalisme, et imposant la foi par sa divine simplicité. Les lignes suivantes vont nous en fournir une nouvelle preuve.
MARIAGE DE JOSEPH ET DE MARIE.