Voici quel est notre Dieu 7

p157 La lumière

 

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   C'est pourquoi la vraie originalité de Jésus, c'est lui‑même comme union de Dieu et de l'homme.

 

Ce Dieu et homme dit aussi: «Je suis venu apporter le feu sur la terre, et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé!», ----- «Pensez‑vous que je sois venu pour apporter la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais la division.

 

   Quelle force dans cette parole! En parlant de feu, il fait d'abord allusion à sa passion, qui est une passion de l'amour et donc un feu: elle est le nouveau buisson ardent qui brûle sans se consumer, un feu qui doit se répandre.

 

   Jésus ne vient pas pour rendre la vie facile, mais il apporte le feu sur la terre, le grand feu vivant de l'amour de Dieu, qu'est le Saint‑Esprit, un feu qui brûle. Origène rapporte une parole apocryphe de Jésus : « Qui m'approche, approche du feu. » Celui‑là donc qui l'approche doit être prêt à se laisser enflammer. --------

 

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p158 JÉSUS‑CHRIST

 

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---- «Apprenez de moi !» car ainsi « vous trouverez le repos pour vos âmes». En vérité il est «doux et humble de coeur », et encore, « mon joug est aisé et mon fardeau léger ». ----

 

   Jésus incarne la grande bonté de Dieu. Il ne veut pas nous rendre la tâche difficile, mais il vient porter le joug avec nous. Il ne nous déleste pas du poids de l'existence humaine, qui reste suffisamment lourde. Sauf que nous ne sommes plus seuls à porter: il porte avec nous. Le Christ n'est ni la facilité, ni la banalité, mais en lui nous trouvons le repos intérieur parce que nous nous savons portés par l'ultime bonté et l'ultime sécurité.

 

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p162 JÉSUS‑CHRIST

 

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p160 p161

 

LES ÉVANGILES

 

 

-- Les textes, dans leur totalité, reflètent une réalité qui se démarque de l'histoire ordinaire. Cette réalité a sa logique propre, ce qui justifie toujours qu'on leur fasse confiance dans leur totalité.

 

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p163 Le chemin

 

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   De nos jours, la naissance des Évangiles nous apparaît globalement comme un processus très complexe. Il y eut au début des collections de paroles de Jésus, mémorisées et transmises oralement, mais très vite fixées par écrit. C'est l'exégète d'Erfurt, récemment disparu, Heinz Schurmann, qui a montré que la mémorisation des paroles de Jésus par les disciples remonte probablement à l'époque même de la vie de Jésus. Au début il y eut la tradition orale. A côté de la transmission des paroles, il y a celle rapportant des faits, les traditions locales et ainsi de suite. Le sujet de ces traditions n'est pas l'individu, mais les communautés croyantes et en elles l'Église comme telle. Arrive ensuite le processus de la mise par écrit, qui se base sur une tradition déjà très riche et qui est tout autre chose qu'une écriture privée, même si la rédaction du matériel par les évangélistes prend une grande signification. Cette rédaction exprime chaque fois une vision théologique. En ce qui concerne les Évangiles en particulier, on part aujourd'hui du fait que c'est l'Évangile de Marc et non de Matthieu qui est le plus ancien. Matthieu et Luc ont repris le fond commun de Marc et l'ont enrichi d'autres traditions existantes. L'Évangile de Jean a une histoire tout à fait particulière et fut élaboré d'un seul jet. Ce qui est important, c'est que les trois Évangiles ne furent pas simplement écrits par un seul auteur, mais qu'ils sont le résultat d'un processus de transmission par l'Église croyante; il s'agit donc d'un processus où, dès le début, se cristallisent lentement des traditions, finalement rassemblées en textes d'évangile.

 

----- Une question non encore résolue aujourd'hui, c'est de savoir à qui attribuer la rédaction finale de l'Évangile de Matthieu. L'important est qu'il se base sur la transmission orale si caractéristique en Orient. Cela assure la proximité de l'origine historique. Les textes issus d'une tradition orale comportent un contrôle communautaire (qui, selon les communautés particulières qui recevaient ces traditions, a conduit à des colorations particulières, sans pour autant mettre en cause leur fidélité fondamentale.)

 

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p164 JÉSUS‑CHRIST

 

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Mais venons‑en à l'Evangile de jean------ Je m'imagine qu'il est votre évangéliste préféré.

 

   Je l'aime beaucoup et je dois avouer que j'aime aussi beaucoup Luc. Là, nous trouvons les merveilleuses paraboles du pauvre Lazare, du Samaritain, du fils perdu. C'est un grand conteur qui nous rapporte des perles toutes particulières. Il y a aussi l'histoire de l'enfance de Jésus. Chaque évangéliste a son visage propre. Je dois dire que j'aime particulièrement Luc à cause de la profonde humanité qui en émane et qui, en même temps, ouvre des horizons d'éternité. Je considère les synoptiques, dans leur unité globale, d'une irremplaçable beauté, précisément parce qu'il ne s'agit pas de compositions individuelles et parce que nous sentons la transmission d'une tradition dans la vivante Église, qui peu à peu se condense en un texte cohérent. Mais Jean reste sans aucun doute d'une profondeur insondable, qui me fascine.

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon