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Images du “Jésus historique” et leur provenance
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Au début du XXe siècle, se dresse donc l'image du Jésus de la théologie libérale qui se trouve dessinée de manière impressionnante dans « l'essence du christianisme de Harnack. Pour Harnack il est essentiel que Jésus situe la morale à la place du culte et l'individu à la place de la collectivité.
------ «Jésus n'a en vue que l'individu et comme ferme conviction du coeur l'amour5. » -------- Un demi‑siècle plus tard, le Jésus existentialiste de Bultmann a à son tour déterminé la pensée. -------- la relation entre Dieu et l'homme est arrachée aux liens de l'histoire du monde ---------
Puis la Théologie de l'espérance (1966) de Moltmann introduira une nouvelle image de Jésus entièrement orientée vers l'avenir et la promesse:
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--------- Ce qui est pensé chez Moltmann encore avec grand sérieux théologique dégénère bien vite en Jésus marxiste, Jésus le révolutionnaire qui meurt comme combattant engagé dans une libération politique et sociale: Jésus a pris ainsi la place de Barabbas, voire de Bar Kochba9.
Depuis, il y a eu de nouvelles images de Jésus, plus modernes, qui le rangent dans les catégories du New Age et qui veulent de la sorte le rendre contemporain.
---- la critique historique.
------- dans cette critique se trouve intégré un présupposé philosophique de grande portée. Il est en effet présupposé que l'histoire est fondamentalement toujours homogène et que de ce fait il ne peut y avoir en elle que ce qui est possible à partir de ce que nous savons des lois de la nature ou de l'agir humain.
Des irrégularités par rapport à cela, comme par exemple des interventions mettant en jeu une puissance divine, interventions qui dépassent le réseau des causes efficientes habituelles, ne peuvent donc pas être historiques; l'historien doit « expliquer » comment on en est venu à de telles représentations.
Il doit rendre compréhensible, à partir tant des formes littéraires que de la structure de représentation d'une époque, comment de telles conceptions ont pu se former et comment elles sont réductibles à la raison. ----
-----Si l'on suit ce présupposé, il n'est pas possible qu'un homme soit véritablement Dieu et accomplisse des actes qui nécessitent une puissance divine et qui font éclater l'enchaînement général des causes. --------
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------ s'ajoute à cette première composante ‑-------- un second élément. ------ Les explications sur l'authenticité ou l'inauthenticité des paroles de Jésus, la détermination des processus de développement et l'appréciation des formes littéraires dépendent essentiellement de ce qui apparaît capable de modernité dans la figure de Jésus.
---------- L'idée sous‑jacente de ce que Jésus ne peut pas être (le Fils de Dieu) et de ce qu'il devrait être devient l'instrument même de l'interprétation et fait apparaître finalement comme conséquence historiquement rigoureuse ce qui en réalité n'est simplement que le résultat de présupposés philosophiques.
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---------- Notre vision de la science interdit à Dieu l'accès du monde. J. Monod a énergiquement formulé ce principe en ce qui concerne les sciences de la nature: La pierre angulaire de la méthode scientifique est le postulat de l’objectivité de la nature. C'est‑à‑dire le refus systématique de considérer comme pouvant conduire à une connaissance “vraie” toute interprétation des phénomènes donnée en termes de causes finales, c'est‑à‑dire de "projet"”.
Sur l'exigence d'objectivité ainsi définie par lui, il nous dit ensuite: « Postulat pur, à jamais indémontrable, car il est évidemment impossible d'imaginer une expérience qui pourrait prouver la non‑existence d'un projet [….)
L'objectivité cependant nous oblige à reconnaître le caractère téléonomique des êtres vivants, à admettre que dans leurs structures et performances, ils réalisent et poursuivent un projet. Il y a donc là, au moins en apparence, une contradiction épistémologique profonde10. » ---- -----------
Si le « postulat d'objectivité” vaut de manière illimitée, tout ce qui concerne Dieu et son apparition dans l'histoire ne peut être que déplacé dans la sphère des expériences et des sensations du sujet.