Les juifs 23

Darras 16 p.334, note 1

 

1 Deux évêques du nom d'Anastase se succédèrent sur le siège d'Antioche; le premier, promu en S61, mourut en 598, après avoir été exilé pour la foi par l'empereur Justin. Sa fête se célèbre le 21 avril. Son successeur périt en 609, massacré par les Juifs durant une sédition. Il est honoré le 21 décembre. C'est de ce second Anastase qu'il est question ici.

 

Darras tome 16 p.482….

 

Le dix-septième concile de Tolède (694) fut tenu l'année suivante, dans l'église de Sainte-Léocadie. Les Juifs d'Espagne, qui venaient d'être convaincus d'avoir conspiré contre l'État, furent condamnés à l'esclavage ; le fisc royal fut autorisé à saisir leurs biens. La

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1 Labbe, Concil., tom. VI, col. 1311. — 2 Ibid., col. 1327.

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p483 CHAP.   VII.   —  CONCILIABULE   QUIN1SEXTE.     

 

royauté élective des Goths avait beaucoup à souffrir des entreprises quotidiennes de ce peuple, toujours vaincu et jamais dompté. Cette circonstance explique la sévérité du concile à leur égard.

 

Darras tome 16 p. 546….

 

§ III. Conquête de l'Espagne par les Maures.

 

   29. Jusqu'ici l'Occident s'était tenu en garde contre la corruption byzantine. Il laissait les césars d'Orient se perdre à leur gré, mais ne s'associait aucunement à leurs tentatives impies contre la foi catholique et l'autorité du saint-siége, L'Espagne rompit la première, pour son malheur, avec une politique aussi sage que chrétienne. Le jeune roi Vitiza, emporté par la fougue de ses passions, donna le signal de tous les désordres et de toutes les hontes. Il débuta dans la carrière du crime par un monstrueux forfait. Le duc des Cantabres (Galice), Favila, avait une femme dont la beauté séduisit le jeune monarque. Vitiza tua le duc à coups de bâton, prit sa femme et l'enferma dans son sérail ; car, à la façon musulmane, Vitiza avait transformé le palais des rois catholiques en un lieu de débauches, où il entretenait par centaines les malheureuses victimes de ses voluptés. Il y eut d'abord, au sein de la nation, un frémissement d'horreur et comme une révolte de la conscience publique. Vitiza exigea alors de tous ses officiers civils et militaires, de tous les palatins et grands de la cour, l'imitation complète de sa manière de vivre. La résistance pouvait venir de deux côtés, des évêques et des nobles. Aux premiers, il fut interdit sous peine de mort de communiquer avec le saint-siége ; les canons du pseudo-concile quinisexte proscrivant le célibat ecclésiastique furent promulgués par un édit royal. Vitiza plus logique que Rhinotmète étendait aux évêques l'obligation de se marier. Ceux des prélats qui refusèrent d'obéir, c'est-à-dire pour l'honneur de l'Espagne l'immense majorité, furent mis à mort ou exilés. On

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1 Cf. pag. 153 de ce présent volume.

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p547 CHAP. VIII. — CONOUÊTE DE L'ESPAGNE PAR LES MAURES.      

 

les remplaça par des intrus, qui ne rougissaient pas d'étaler jusque dans le lieu saint un troupeau de concubines. Ce fut ainsi que l'évêque de Tolède et l'archevêque de Séville furent proscrits : le tyran osa les remplacer l'un et l'autre par son fils Oppa, qui se mit en possession des deux églises et usurpa en outre le titre de primat d'Espagne. Les Juifs chassés autrefois de la péninsule ibérique par Sisebut et Egica furent rappelés de toutes parts, et recommencèrent leurs exactions contre les chrétiens. La noblesse et le peuple des provinces, révoltés de tant de scandales, manifestèrent des sentiments hostiles. Vitiza pour étouffer ce cri de la conscience outragée fit raser les murs et les remparts de toutes les cités, de toutes les forteresses, de tous les châteaux-forts.

 

Darras tome 16 p.549

 

31. Depuis Gibraltar jusqu'aux Pyrénées, la péninsule ibérique ouverte à la convoitise musulmane devint comme un immense     déversoir où se précipitèrent des flots d'Arabes, de Maures, de Sarrasins. Les Juifs rappelés par Vitiza se firent les intermédiaires de cette invasion pacifique qui succéda à l'invasion conquérante. Ils désignaient aux immigrants les territoires encore occupés par des familles chrétiennes, les aidaient à s'en emparer, et à expulser les anciens maîtres. La population se trouva de la sorte entièrement renouvelée.

 

Darras tome 16 p.601

 

En 719, Anastase II, lassé de son exil à Thessalonique et du sacerdoce forcé dont il remplissait les fonctions, s'aboucha avec le roi des Bulgares et essaya de remonter sur le trône. Averti du complot, Léon l'Isaurien le fit décapiter. L'archevêque de Thessalonique, plusieurs patrices ou officiers de l'armée, accusés d'avoir trempé dans la conspiration, eurent le même sort. En 722, une révolte des Juifs en Syrie donna lieu à de nouvelles violences. Sur la foi de quelques imposteurs habiles, le bruit se répandit soudain parmi les hébreux qu'un Messie était apparu, convoquant sous l'étendard de David tous les enfants d'Israël. Léon l'Isaurien triompha sans grande peine de cette rébellion insensée, après laquelle, dépassant toutes les bornes, il publia un décret qui ordonnait sous peine de mort à tous les juifs répandus dans les diverses provinces de l'empire de se faire baptiser. Un autre édit non moins tyrannique punissait également de mort tous les montanistes ou manichéens, qui refuseraient de rentrer au sein de l'Église catholique. Les juifs se prêtèrent en apparence à la volonté du prince, mais ce ne fut que pour profaner par mille horreurs un sacrement qu'ils détestaient. Les manichéens plus opiniâtres se renfermèrent à un jour fixe dans leurs temples, y mirent eux-mêmes le feu et se laissèrent tous consumer par les flammes. Ce suicide en masse, accompli à la même heure dans tout l'Orient, excita l'indignation universelle. La guerre avec les musulmans reprenait plus acharnée que jamais. Le calife Yézid, après quatre ans de règne, venait de mourir, laissant pour successeur son frère Hescham (725). Quatre fils d'Abdel-Malek se succédèrent ainsi sur le trône. Hescham avait résolu de marcher sur les traces paternelles, et d'attacher à son nom la gloire des conquérants. Il débuta cependant par un revers, et fut battu dans les plaines de Syrie par les lieutenants impériaux. Mais il prit bientôt sa revanche. Son frère Mouselima, le même qui avait échappé à tant de périls lors du siège de Constantinople, rétablit l'honneur des armes musulmanes. Il prit d'assaut la ville

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p602      PONTIFICAT  DE   SAINT  GRÉGOIRE   11   (715-731).

 

de Césarée en Cappadoce et envahit la province du Pont. Tous les habitants furent vendus comme esclaves, à l'exception des Juifs qui avaient secondé de tout leur pouvoir la marche des Sarrasins 1.

 

p603 CHAP.   IX.   — LES  ICONOCLASTES   EN  ORIENT.

 

29. Comme la plupart des ignorants, Léon l'Isaurien était superstitieux. Il partagea la terreur de ses sujets, entendant le fracas lointain du volcan maritime, voyant passer sur leurs têtes les nuages de flammes et de cendres qui couvraient tout l'archipel. Il eut peur, et dans son effroi il crut avoir découvert un excellent moyen de désarmer la colère du ciel. Parmi les souvenirs de son enfance, un trait surtout l'avait frappé et ne s'était jamais effacé de sa mémoire. Agé de douze ans à peine, voyageant avec son père en Isaurie, il avait rencontré quelques juifs syriens qui déclamaient contre le culte des saintes images. Ce sujet de controverse, on le sait, est familier aux Hébreux. Pour détruire dans la dure cervelle de leurs ancêtres un penchant invétéré à l'idolâtrie, Moïse, par ordre de Dieu, inscrivit au premier article du décalogue cette parole : « Tu n'adoreras point les dieux étrangers. Tu ne feras ni statues ni images à la ressemblance des objets qui sont au ciel, sur la terre ou dans les eaux, pour leur rendre tes adorations ou ton culte 1. » Au lieu de voir dans ce texte ce qui y est réellement, c'est-à-dire la défense d’adorer les images, de leur rendre comme à Dieu lui-même le culte de latrie, le pharisaïsme juif persiste à croire que Moïse entendait proscrire avec une barbarie impitoyable les arts du statuaire, du sculpteur et du peintre. Cependant pour prévenir cette interprétation absurde, le grand législateur d'Israël avait fait placer sur l'arche d'alliance deux chérubins d'or qui la couvraient de leurs ailes déployées. Les juifs que Léon l'Isaurien rencontra sur sa route disaient donc, à ce sujet, ce que leurs descendants répètent encore; ils blasphémaient contre la prétendue idolâtrie des chrétiens. L'un d'eux dit à l'enfant : « Est-ce que, si tu étais empereur, tu ne brûlerais pas toutes ces images impies?» — Plaisanterie ou prédiction, l'enfant accepta l'augure ; il jura de n'en laisser subsister aucune. De longues années s'écoulèrent avant qu'il pût accomplir ce serment. Dans l'intervalle les fils d'Israël continuèrent à recruter des alliés dans la guerre qu'ils avaient déclarée aux saintes images. Sous le règne de Yézid I (680-683), un juif de Tibériade, fameux imposteur qu'une taille

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1 Exod., xx, 2 et 3. Cf. tom. I de cette Histoire, pag. 584.

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p604 PONTIFICAT  DE  SAINT  GRÉGOIRE   II   (715-731).

 

gigantesque désignait à la sympathie de ses coreligionnaires et que l'on avait surnommé Tessaraconpantèkus (quarante coudées), se donna comme un thaumaturge et un prophète. Il se fit écouter du calife, auquel il promit trente années de vie et de jouissances sensuelles, à condition qu'il détruirait dans son empire les images idolâtriques des chrétiens. Fort différent de ce que devait être plus tard Omar II, Yézid ne vivait que pour la débauche; il accueillit la proposition avec enthousiasme, et la convertit en décret. La persécution contre les images commença dès lors, mais elle dura peu, car Yézid malgré la prédiction de l'imposteur mourut quatre ans après. Son fils Walid I (703-715) fit décapiter le faux prophète, qui avait osé se jouer de la crédulité d'un prince des croyants.

 

Darras tome 16 p. 606

 

On se souvient qu'en 394 l'illustre évêque de Salamine, saint Epiphane, l'un des docteurs de l'église grecque, traversant la bourgade biblique d'Anablatha, avait déchiré une image pieuse, exposée à la porte extérieure d'un oratoire chrétien. Epiphane avait lui-même expliqué le motif qui le fit agir en cette circonstance. Il voulait ménager le préjugé national des juifs, dans un pays trop souvent ensanglanté par la fureur de ces ennemis du nom chrétien1.

 

Darras tome 16 p. 547

 

Ce fut ainsi que l'évêque de Tolède et l'archevêque de Séville furent proscrits : le tyran osa les remplacer l'un et l'autre par son fils Oppa, qui se mit en possession des deux églises et usurpa en outre le titre de primat d'Espagne. Les Juifs chassés autrefois de la péninsule ibérique par Sisebut et Egica furent rappelés de toutes parts, et recommencèrent leurs exactions contre les chrétiens. La noblesse et le peuple des provinces, révoltés de tant de scandales, manifestèrent des sentiments hostiles. Vitiza pour étouffer ce cri de la conscience outragée fit raser les murs et les remparts de toutes les cités, de toutes les forteresses, de tous les châteaux-forts. Trois villes seulement, Tolède, Léon, Astorga ne subirent point cet outrage. La population se leva en armes et repoussa les démolisseurs. Ainsi d'avance Vitiza préparait le chemin à l'invasion musulmane.

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon