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p152 PONTIFICATS DE BENOIT XI ET DE CLÉMENT V (1303-1314.)
dont les membres de sa curie, contrairement à ses intentions, s'étaient rendus coupables. Il se disculpait lorsqu'il eût pu si facilement récriminer. Le fisc royal était un vrai pillage, une honteuse exploitation. Philippe venait une fois de plus d'altérer les monnaies dans des proportions effrayantes. Partout régnaient le trouble et la confusion ; le commerce devenait impossible ; il y avait comme un point d'arrêt dans la vie publique et privée. La livre tournoi était tombée au quart de sa valeur nominale ; mais on la rendait au roi pour cette même valeur ; de telle sorte qu'il se ruinait lui-même en minant ses sujets. Au comble de l'exaspération, le peuple se fît justice: Le directeur des monnaies, Etienne Barbette, fut le premier objet de sa fureur. Les belles maisons de campagne, alors nommées Courtils ou Courtilles, que le riche financier possédait aux abords de Paris, sont saccagées et livrées aux flammes. Son hôtel de la rue Saint-Martin n'est pas épargné. Le tumulte grandit d'heure en heure, et le nom du roi retentit avec celui du ministre1. Jamais la capitale n'avait porté jusque-là ses malédictions ; devant le trône s'arrêtait l'émeute. Il n'en était plus ainsi.
22. Par ses mesures vexatoires et tyranniques, Philippe le Bel avait ébranlé cet antique respect, ce culte de la majesté royale. Sincèrement alarmé, il courut se renfermer dans la tour du Temple, où devait un jour expirer la royauté. Quel était donc cet homme? Il allait se placer sous la protection des Templiers, lui qui tramait leur perte ! Ce rapprochement n'est pas saisi par les historiens ; il peint cependant une situation, en dessinant un caractère. Plusieurs bourgeois furent pendus. Ces exécutions sommaires répandaient la terreur et comprimaient l'émeute; mais elles ne remplissaient pas le trésor. La pénurie demeurait la même. Les Juifs étaient les banquiers de l'état et de la nation : Philippe les fait tous arrêter le même jour, après les avoir flattés, pendant tout son règne, saisit leur argent et leurs biens, puis les exclut du royaume, leur interdisant d'y reparaître sous peine de mort.
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Les Juifs, ces Juifs dont l'histoire constate le concours à tous les malheurs du peuple chrétien, méritent ici une particulière flétrissure. Pie IX avait comblé de grâces les Juifs de Rome. A ses noces d'or, ces Juifs étaient venus assurer le Saint-Père de leur éternelle reconnaissance, et lui avaient offert, comme gage de gratitude, un superbe présent. A peine les Piémontais furent-ils entrés dans Rome, ces mêmes Juifs adressaient, à Victor-Emmanuel, l'un des héros de la juiverie européenne, une adresse de félicitations. Les Juifs ne sont pas difficiles sur la qualité de l'encens; ceux qu'ils encensent le sont encore moins. Dans leur adresse, les Juifs traitèrent indignement Pie IX et décernèrent, au vainqueur, de grossières louanges.
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Les manifestations extérieures du culte furent interdites. Le carnaval, que le nouveau régime eut voulu favoriser, en l'absence de joie, ne sut pas se contenir; il devint une orgie impie, sale et bête. Les Juifs se montrèrent ingrats envers le régime déchu; ils se montrèrent favorables au régime nouveau qui leur offrait si belle occasion de piller. L'antiquaire Rosa, sous couleur de recherches inutiles, mit à sac le Colysée et ajouta, aux ruines matérielles, des ruines morales.
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Mais la famine s'étant déclarée dans cette grande cité, les haines d'origine, de secte et de parti s'y manifestèrent par des divisions et des cruautés. Il arriva que des Juifs perfides, qui s'entendaient secrètement avec l'armée assiégeante, imaginèrent pour mieux voiler leurs desseins d'accuser l'évêque saint Césaire de trahison, sous prétexte de la charité qu'il exerçait envers les prisonniers francs et burgondes. Le désespoir est à la fois crédule et féroce. On se saisit de l'évêque pendant la nuit, on le chargea de chaînes, et déjà l'ordre était donné
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p131 CHAP. II. — ÉGLISES DES GAULES.
de le transporter sur la plate-forme d'une tour qui dominait le fleuve, pour le précipiter dans les flots à l'insu du peuple. Heureusement, une attaque inopinée des assiégeants prévint ce forfait. Césaire fut retenu captif dans la ville, et peu après les vrais coupables furent découverts et punis du dernier supplice, pendant que le saint évêque, rendu à la liberté, se vit pour un temps à l'abri de la calomnie.