Pie IX 1 introduction.

Darras tome 41 p. 1

 

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INTRODUCTION

 

En mal 1864, nous visitions, humble pèlerin, la ville éter­nelle et nous étions admis, par exception, à l'audience pontifi­cale. Cette faveur avait paru, au filleul du sage Pacca, suffisam­ment justifiée par nos écrits; pour nous, elle ne devait être motivée que par l'objet même de l'audience : nous nous proposions d'entretenir le Pontife convalescent, du catholicisme libéral, que nous considérions dès lors comme l'erreur la plus pernicieuse de son pontificat, et des moyens d'expliquer par l'histoire la portée des actes de Pie IX, la grande force de ses doctrines. Le Syllabus n'avait pas encore paru ; mais, si j'ose ainsi dire, à Rome, il était déjà dans l'air, à l'état de dilution invisible, et, pour l'absorber, il suffisait d'ouvrir les oreilles. Dans la chambre du Vatican, il était incarné dans le Souverain-Pontife; nous apprîmes des lèvres du Pape ce que nous avons vu depuis se développer dans une série de brefs, et, comme à la Cour pontificale, on ne fait point mystère des doctrines reçues, nous n'avons jamais pu com­prendre depuis qu'on fut, de bonne foi, catholique libéral.

 

Sur le second point, c'est-à-dire sur le projet d'histoire de Pie IX et de l'Église pendant son pontificat, Pie IX accueillit d'abord assez gaiement cette ouverture ; puis, réserve faite de ce que la modestie commande, il prêta son attention à notre des­sein. Notre dessein était, en présence de ce débordement d'erreurs

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et d'injustices ameutées contre la Chaire Apostolique, de consi­dérer le Pape comme dépositaire né, interprète infaillible, ven­geur au besoin de la vérité révélée et de la loi surnaturelle. Le Pape, vicaire de Jésus-Christ, est un vice-Dieu ; il est, par son vicariat, la lumière du monde et le sel de la terre. Sur lui, tout se repose avec une assurance divine ; sans lui, tout périclite, tout tombe ; contre lui, il n'y a, il n'y aura jamais que des illusions, des passions et des violences. Le Pape présenté comme le Moïse permanent du genre humain dans son voyage a travers les déserts du monde moral : tel était notre point de vue, et, dans son germe, notre programme d'histoire.

 

Nous nous étions servi de l'expression d'histoire diplomatique, c'est-à-dire écrite d'après les diplômes. Le Pape avait pris ce mot dans le sens ordinaire ; il craignait qu'on ne prêtât au Saint Siège, dans le sens ordinaire du mot, ces ruses diplomatique qui ne sont guère que l'art de mentir et l'audace de voler, appli­qués au gouvernement des États. Et, sans attendre nos explica­tions, il nous dit que le chef de l'Église n'avait point de politi­que ; qu'il gouvernait la ville et le monde d'après les règles de la foi, de la conscience et de la sagesse ; qu'il n'avait autrement ni secrets habiles, ni combinaisons savantes ; qu'il puisait, dans la prière et dans le conseil, toutes ses inspirations, et, étendant le bras vers le crucifix placé sur son prie-Dieu : «Mon fils, dit-il, voilà toute ma diplomatie ».

 

Au cours de la conversation, il nous fut permis d'expliquer mieux notre pensée. Par l'histoire diplomatique nous entendions l'his­toire écrite, non d'après des vues particulières, mais d'après les monuments, comme l'a fait Baronius. Nous voulions exposer les faits tels quels, sans dissimulation, ni broderies, mais en toute vérité. Puis, les faits établis, les synthétiser pour en opposer l'en­semble intelligent, à cette foule d'interprétations passionnées ou fantastiques, qui, du vivant même du Pape, avait déjà travesti

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son pontificat. En trois mots : exposer, prouver et venger : tel était notre plan.

 

Dix ans après cette conversation, paraissait, à Paris, en pre­mière édition, un tome XIV de Rohrbacher. Une seconde édition fut jugée nécessaire pour répondre aux vœux du public et intro­duire, dans notre récit, quelques adoucissements de forme. Aujourd'hui, (mai 1887) Pie IX mort, nous entreprenons un nou­veau travail et nous voulons essayer au moins d'ériger, à la mémoire de l'immortel pontife, un monument d'histoire.

 

   I. — A travers les vicissitudes des temps, au milieu des épreuves de la vie, en présence des événements qui se laissent mieux voir à mesure qu'ils s'éloignent, nous avons, par un lent travail de réflexion, mesuré à loisir les difficultés de cette tâche. Sans entrer ici dans le détail de nos pensées, nous voudrions d'abord que notre travail fut aussi complet que possible. Le pontificat de Pie IX est sous nos yeux dans toute son étendue et s'offre à nos regards sous tous ses aspects réels. Nous avons, dans Pie IX, l'homme privé et l'homme public; dans l'homme public, le roi de l'État pontifical et le chef de l'Églse universelle ; dans le chef de l'Église universelle, le pasteur et le docteur, le protecteur des sciences et le promoteur des œuvres de sainteté, enfin l'homme choisi de Dieu, pour représenter l'Église dans ses rapports avec toutes les nations. Nous devons parcourir tous ces horizons du sujet et, par des informations exactes, ne laisser dans l'ombre aucun des traits importants de ce pontificat.

 

Nous voudrions, en second lieu, que ce travail, complet dans son ensemble, fut assis, pour tous les détails, sur des témoignages intègres et sur une sérieuse critique. La vie de Pie IX vient de toucher à son terme. Ceux qui lui survivent ont été, en grand nombre, les témoins de sa vie. Par les journaux, par les livres, par les rapports des voyageurs, ils on pu connaître en gros tous les faits. Dans cette connaissance, manque la précision du souve-

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nir et souvent la preuve fait défaut ; il reste, sur toutes choses, beaucoup de mélange, voire de confusion. D'autre part, dans le siècle sceptique où nous vivons, autant on ajoute aisément foi a ses préjugés, autant on se montre difficile pour admettre les affirmations qui les contredisent. Pour raconter avec fruit l'his­toire de l'Église sous Pie IX, il faut donc mettre les choses au dernier degré de l'évidence, ou les appuyer d'une solide démons­tration ; il faut parler de manière que ceux qui se souviennent, se souviennent fidèlement et que ceux qui apprennent, apprennent avec certitude.

 

A peine Pie IX montait sur le siège pontifical, que déjà l'his­toire préparait ses tables d'airain. Ce cardinal, hier inconnu, aujourd'hui pasteur spirituel de l'humanité régénérée par ta grâce de Jésus-Christ, à peine entrevu dans la grâce de son sourire et le charme inépuisable de sa bonté, captivait toutes les imaginations. Bretonneau, Gavé, Marchai de Bussy, Dumax, Veuillot écrivaient, sur une dominante commune, sa biographie. Le grand Balmès, l'oeil fixé sur les vertus du nouveau pontife, appuyé, d'autre part, sur la connaissance des temps, prédisait un pontificat mystique, plein d'étonnantes grandeurs. Margotti, dix ans plus tard, célébrait les victoires de Pie IX sur la révolution, sur la diplomatie, sur l'hérésie, le schisme et l'infidélité. Alexan­dre de Saint-Albin, Sylvain, Villefranche, Gillet, Pougeois entre­prenaient l'histoire complète de ce grand pontificat dont la durée, à la fin devenait un prodige. D'autres s'appliquaient à des études spéciales ou se cantonnaient dans quelques faits plus importants : Henri d'Ideville recueillait des souvenirs diplomatiques; Keller écrivait l’histoire militaire des dernières campagnes. Eugenio Cecconi et le cardinal Manning racontaient la véritable Histoire du Concile ; Marcone et de Magistris formaient un recueil des dis­cours du pape prisonnier au Vatican ; Roussel, le P. Hugnet, Louis  de  Ségur , Balleydier ,  Gaume , dessinaient en   minia-

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tures délicates, les traits particuliers de la vie de Pie IX. Dans le camp adverse s'élevaient cependant des voix de contradiction. Socialistes, mazziniens, libéraux, fédéralistes et unitaires, tous de Proud'hon & Cantu, en passant par Ulloa, Ferrari, Farini, Minghetti, Massimo d'Azeglio, Zeller, de Hazade, arboraient leurs drapeaux hostiles et motivaient plus ou moins leurs opinions. Pour l'Histoire de Pie IX, bien qu'il ne soit mort que d'hier il y a déjà abondance de sources.

 

Nous nous sommes fait un devoir de réunir et d'étudier toutes ces publications. Ouvrier de la première heure, nous avons, comme le dernier venu, mis à profit les travaux de nos devanciers, et, au prix de constants efforts, nous avons voulu que notre œuvre gardât un reflet des œuvres connexes et rendit bien la physiono­mie des temps que nous voulons peindre. C'est, pour un historien, un grand avantage d'écrire sur des choses dont il a été témoin ; c'est un autre avantage de recueillir les témoignages de ceux qui ont pu, comme nous et mieux que nous, suivre l'évolution des faits. Si, d'un regard compréhensif et d'une plume fidèle, on réus­sit à fondre ensemble ses souvenirs et les témoignages ; si ce tra­vail s'accomplit dans des conditions d'intelligence et d'intégrité, il y a chance qu'on serve, en effet, d'interprète à l'histoire.

 

Le lecteur s'apercevra, au reste, que nous ne lui demandons pas sa confiance à crédit. Un système suivi de citations textuelles, d'analyses démonstratives et de renvois exacts permet de vérifier par soi-même et d'apprécier sur pièces. Au fait, l'historien n'est qu'un magistrat instructeur ou un juge en première instance ; le vrai juge, ce doit être le lecteur. Nous nous sommes fait un devoir de le respecter ; nous cesserions de nous estimer, si nous étions homme à le surprendre.

 

Dans un travail de cette nature, il y a un écueil difficile à éviter. L'historien qui étudie des faits lointains manque souvent d'infor­mations ; il réunit à grand'peine les faits certains et les témoi-

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gnages qui les confirment ; ce n'est qu'à force de patience qu'il peut rétablir la trame de l'histoire. L'historien qui s'occupe des faits actuels n'a pas à souffrir de la même pénurie ; il est en quel­que sorte inondé et le lecteur curieux exige d'amples informations. Cependant il y a mesure en tout. Si l'abondance des détails est nécessaire, elle doit être réglée avec une juste proportion, de manière à ne pas descendre aux particularités de la biographie ou aux curiosités de l'anecdote. Nous ferons en sorte que notre récit, toujours d'accord avec lui-même, également éloigné de la pâle sécheresse et de l'inutile abondance, se tienne dans de justes bornes.

 

On nous a reproché de n'avoir pas introduit, dans notre travail, un nombre suffisant de divisions. Continuateur de Rohrbacher et de Darras, qui procédaient diversement, l'un par livres et l'autre par paragraphes, nous n'avions pas, dans la suite de nos études, à introduire un nouveau plan. Dans ce nouveau travail, plus libre d'ailleurs, il nous sera facile, en gardant la division générale de livres, de partager chaque livre en plusieurs chapitres et de syn­thétiser, dans une table claire, tout l'ensemble de l'ouvrage. Tout en croyant l'ancienne critique peu fondée, nous ferons droit à une juste réclamation.

 

Au-dessus de ces questions de méthode, qui n'ont qu'une impor­tance secondaire, se pose la question capitale du jugement à intervenir. Le fait, en histoire, est, sans aucun doute, la base nécessaire, mais élémentaire de toute appréciation. En deçà et au-delà du fait, il y a une ensemble de causes  plus ou moins pro­chaines, d'effets, plus ou moins immédiats, effets et causes dont l'estimation est indispensable à l'intelligpnce du fait. Puis, au-dessus du fait, des causes du fait et de ses conséquences, éclate le plan du gouvernement divin. Dieu agit, en ce monde, spéciale­ment par l'Église et par les pontifes romains. La vocation des pontifes romaine et l'économie générale de l'Église, se présentent

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pour la vie d'un pape, comme l'explication suprême des choses et le mot décisif de toutes les énigmes.

 

Or, depuis la chute, il y a, dans l'homme, deux hommes et, dans le monde, deux cités. Dans l'homme, le bien et le mal se livrent une guerre perpétuelle ; notre âme est le théâtre du com­bat et l'enjeu de la victoire. Dans le monde, les hommes, suivant qu'ils appartiennent plus au bien ou plus au mal, se séparent en deux catégories: d'un côté, les enfants de Dieu, les disciples de Jésus-Christ, les fidèles de la Sainte Église ; de l'autre, les esprits rebelles à la foi, les cœurs en révolte contre la loi, les âmes ven­dues au péché. Ces derniers, sans affecter entre eux, ici-bas, une organisation positive, ont toujours une entente secrète et se lient volontiers par des pactes publics. Des premiers, ralliés sous les banniéres pontificales, sont obligés de se défendre contre les séductions et les violences des sectateurs de Satan. Le Pape chef de l'Église universelle, est le généralissisme de l'armée de la foi ; il est le porte-étendard de la vérité, de la vertu et de la justice. Par état, c'est le héraut du vrai, du juste et du bien ; par vocation, c'est l'homme du grand combat entre Satan et les Anges de la terre. Pourvu qu'il défende ces saintes causes, pourvu qu'il com­batte sans jamais transiger, un pape est dans son rôle ; et qu'il voie ou qu'il ne voie pas le triomphe, c'est toujours un triomphateur, d'autant plus victorieux qu'il est plus vaincu. Pierre est mort en croix, la tête contre terre : je ne vois pas que cette épreuve ait nui beaucoup à sa dynastie.

 

De notre temps, beaucoup d'hommes, soi-disant sérieux, ont porté, sur Pie IX, leur grave jugement et j'ai admiré pour mon compte, avec quelle ignorance frivole et quelle lamentable insuf­fisance. Dans nos journaux, par exemple, et je cite seulement l’opinion de ceux qui ne sont pas dépravés à plaisir, on nous a dit, à la mort du Pape, que c'était un homme bon, mais qui n'avait rien entendu à son temps et avait gouverné l'Église en Épimé-

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nide. Esclave de la curie Romaine, suppôt des Jésuites, âme fermée à toutes les lumières et à tous les progrès de son siècle, voila à peu près ce que ces grands esprits ont vu dans Pie IX. Même parmi les catholiques, un Montalembert et un Massimo d'Azeglio, pour ne pas citer les plus aveugles, vous diront que le Pape libéral aurait dominé et entraîné son époque, et que si sa fortune a tourné, c'est qu'après Haëte, il a emboîté le pas de la réaction. C’est dans les officines de la presse que luit maintenant la lumière d'en haut, et expliquer les choses par le fond, n'offre pas, à nos catholiques libéraux, une plus grande difficulté. Seule­ment, ces oracles produits, on ne comprend plus que Jésus-Christ se soit si mal expliqué dans l'Évangile ; ou, s'il a suffisamment découvert sa pensée, on ne comprend pas que son Église, qu'il a promis d'assister tous les jours, ait si tristement perdu le sens de sa tradition. Quoi ! il n'eût fallu que des réformes économiques avec un peu de laisser-aller politique, pour mettre la papauté à la tête du monde définitivement converti et Pie IX n'a pas même eu l'esprit de comprendre qu'à si peu de frais il achevait l'œuvre de l'Évangile. Pour nous, en présence de ces journalistes arro­gants et de ces catholiques sans foi, nous préférons, et de beau­coup, la brutalité de l'impie.

 

L'existence historique de la papauté offre de moins faciles mys­tères et nous illumine de plus hautes clartés. De Saint Pierre à Pie IX, je ne vois guère, sur le trône pontifical, que des lutteurs, et aux termes de cette lutte, je ne vois guère que des victimes. Cette idée d'un Pape convertisseur pacifique, n'est qu'une étrangeté si ce n'est pas un contre-sens. La Chaire de Saint Pierre est un autel ; sur cet autel, le monde a toujours immolé nos pontifes.

 

De Néron à Constantin, les papes sont martyrs de l'omnipo­tence des Césars ; de Constantin à Charlemagne, ils sont martyrs de la barbarie savante de Bysance et de la barbarie inculte de l'Occident ; de Charlemagne à François I", ils sont martyrs de la

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féodalité et de l'empire allemand ; de François Ier à Louis XVI, ils sont martyrs du césarisme renaissant dans l'absolutisme royal ; depuis 89, ils sont martyrs de la Révolution, qui s'approprie, sous le couvert de l'État, l'absolutisme des rois absolus et des Césars autocrates. Quand je dis martyrs, je veux dire témoins de Jésus-Christ, dépositaires, interprètes et vengeurs de l'Évangile, souvent jusqu'à l'effusion du sang. L'effusion du sang est le lustre de leur gloire et la marque de leur puissance.

 

Dans cette lutte séculaire des passions contre Rome, l'objet final et intentionnel de la persécution, c'est l'anéantissement de la papauté. Les puissances rebelles réclament, pour les individus, une liberté de penser, de dire et de faire, qui anéantisse le minis­tère eccclésiastique en revêtant l'homme des droits de la libre-pensée ; et pour les sociétés, une omnipotence qui asservisse l'É­glise et l'annihile par son asservissement, faisant de l'État la société suprême qui conduit l'homme à sa fin. Ces deux revendi­cations criminelles se traduisent, d'un côté, par les hérésies et le soi-disant affranchissement de la raison ; de l'autre, par les schis­mes et par l'État sans Dieu ; de part et d'autre, on ne va au but que par la violence.

 

De Pie VIl à Pie IX, c'est le caractère spécial et très déterminé de l'insurrection des puissances contre le Saint-Siège. La guerre au pape, le pape précipité de son trône, le pape mis en prison, le pape ayant l'échafaud en perspective, l'histoire offre ce spectacle depuis un siècle, et si la hache révolutionnaire n'a pas frappé les têtes pontificales, il y a gros à parier que nous n'en sommes pas loin. La tête d'un pape roulant abattue sous les yeux du monde, peut-être satisfait : on ne peut se dissimuler que ce ne soit l'issue probable de la civilisation anti-chrétienne. C'est la croix du Cal­vaire qui se redresse à l'autre extrémité des temps.

 

Mais ce crime, pour nous, c'est le triomphe. Le meurtre d'un pape, c'est la marque souveraine de l'impuissance des portes de

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l'enfer; c'est, pour l'Église, l'aurore des grands jours. Dès long­temps, l'incrédulité, le sophisme et la haine du nom chrétien se sont bercés de l'espoir que la papauté tomberait sous leurs coups; à chaque pape mort, ils ont dit que c'était le dernier. Mais rien ne se fait plus vite qu'un successeur de Saint Pierre; et la Chaire Apos­tolique, toujours persécutée, mais toujours fidèle, réalise cette admirable prophétie de Tertullien : « Ses blessures sont ses con­quêtes ; elle ne reçoit pas plutôt une plaie qu'elle ne la couvre par une couronne ; aussitôt qu'elle verse son sang, elle acquiert de nouveaux lauriers ; elle remporte plus de victoires qu'elle ne souffre de violences (1). »

 

Ce caractère général des pontificats, mis hors de conteste, ce qu'il faut admirer le plus, dans les papes contemporains, c'est, avec l'intégrité de la vertu, l'intrépidité de la doctrine.

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